Canine : Family Life
Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Yórgos Lánthimos.
Formalisme et humour à froid pour cette allégorie politique sur la dictature et la démocratie (la Grèce connut la première et fonda la seconde) : des Atrides petits bourgeois se livrent à des funny games reflétés en vidéo et en circuit fermé – un chat remplace le cochon de Benny – sous le regard tyrannique du Père, maître des illusions, et de la Mère, lexicographe complice.
Le film s’ouvre comme du Beckett (La Dernière Bande) sur l’arbitraire du signe. Dans la douce lumière blanche de la villa sadienne hors du monde (devenue Village chez Shyamalan), l’agent (provocateur) de sécurité n’accordera aucune grâce à cette famille à la fois très lointaine et très proche, contrairement à l’ange fornicateur de Théorème, mais Christina, avec son prénom messianique, finira tabassée par un magnétoscope ! Les images virales des contes de fées pour adultes américains (Rocky, Les Dents de la mer ou Flashdance) contamineront l’aînée sur la voie de son émancipation.
À la fin de Suspiria, Jessica Harper devenait femme ; ici, on grandit en se fracassant une dent pointue à coup d'haltère (de JO). Le dernier plan : un coffre d’automobile, à la fois échappatoire et cercueil, signe une œuvre ouverte qui fait de l’inceste l'ultime clôture et de la xénophobie une ontologie qui se fissure. On aimerait voir Le Château de la pureté, pour comparer avec le traitement de Ripstein.
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