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Affichage des articles du mars, 2018

Visitor Q : Happiness Therapy

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Visitation laïque et lubrique par un «  sauvageon  » pas con et finalement fraternel. Imaginons Théorème au Japon. Miike filme fissa en DV modique une histoire d’amour et d’humour pour une collection thématique. À partir d’un scénario du fidèle Itaru Era, il délocalise et corrige les Atrides du côté de Tokyo. Radical, sentimental, il achève sa cartographie d’une famille foutrement « dysfonctionnelle » sur une madone nippone, mère nourricière littérale à l’unisson de la sucrerie musicale à propos de mer immense et de persistantes bubbles of water . L’ancien élève de Shōhei Imamura dialogue avec le synchrone De l’eau tiède sous un pont rouge et ose le squirting calorique, prière de se munir d’un parapluie même transparent. Sa femme fontaine aux tétons si durcis jouit des jets immaculés, tapisse le sol de la cuisine du lait de sa « tendresse humaine » shakespearienne. Son fiston adepte et victime de la baston se couchera dedans, remerciera l’étrange étranger, en cuir noir et

La prochaine fois je viserai le cœur

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Énigme limpide des Euménides, calvaire du Captain Marvel  de Jim Starlin. Quand je me détendrai enfin, quand je presserai la détente à deux mains, je reverrai peut-être tous les films que je vis, les mille et une vies traversées au passé, qui me transpercent au présent. Quel littéral final cut  ! Quel instantané en accéléré ! Quel furtif récapitulatif ! Je me planquerai dans l’impasse à palmiers de Pacino. Je sauterai avec Sigourney enceinte de l’étranger au creux de son brasier. Je m’écroulerai dans la rue indifférente à côté de Ventura, pauvre papillon épinglé. Car regarder un film, finalement, a fortiori fiché horrifique, s’apparente à entrevoir un accident, lent travelling avant puis latéral vers le point d’impact, la « scène du crime », la « scène primitive », la sculpture impure qui cristallise la collision et immortalise un événement évident, irréversible. Art mimétique, art funéraire, le cinéma représente le monde et la mort, il s’en sert en matière, en matériau,

Les Nuits de la pleine lune : Une chambre en ville

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre d’Éric Rohmer. Rohmer sociologue parisien des années 80 ? Rohmer architecte de ciné, de sentiments éloquents, autrefois thésard sur l’espace faustien selon Murnau ou documentariste urbain en 1975. « La banlieue me déprime » affirme Luchini et Renato Berta éclaire Marne-la-Vallée comme une utopie dépressive, constamment grise, une cité des morts plus proche de Charles Band, le producteur « sélénite » de Full Moon, que des prochaines parades sinistres sises à proximité, saisies dans leur caractère anxiogène par un Arnaud des Pallières inspiré ( Disneyland, mon vieux pays natal , 2001). « Ville nouvelle » et vieille histoire : Louise, stagiaire décoratrice, fuit à Paris un sportif trop possessif. Convoitée par Octave, écrivaillon marié, accessoirement témoin incertain d’adultère à toque, elle finit par littéralement quitter Rémi (ou l’inverse) l’aménageur de territoire, amen . Tchéky Karyo, livide, rebelle (corps exo

Un jour sans fin

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Mélancolie du mercredi après-midi, le jour décrété des enfants petits et grands. Les hommes naîtraient/demeureraient donc « libres et égaux en droits », nous dit une docte déclaration citoyenne du siècle de Sade, avant de rajouter dans le même article premier une précision sibylline à propos de « l’utilité commune » des « distinctions sociales » (« Pour que tout reste comme avant, il faut que tout change » reformulerait le Tancrède pragmatique du Guépard de Lampedusa puis Visconti). Ce double postulat ne concerne pas le cinéma – il concerne à peine les hommes et les femmes au-delà, ailleurs peut-être un peu moins qu’ici, certes. Chaque semaine, des dizaines de titres échouent dans les salles, échouent à y rester. Quand j’écris, je souhaite que tu me lises ; quand tu filmes, je désire le visionner, aussi laissons l’élitisme des happy few à l’auteurisme subventionné.   Existe-t-il un cimetière des longs métrages, à l’instar de celui des éléphants de Tarzan (ou d’Eddy Mitchel

Lettre à une jeune cinéaste

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Je ne te connais pas. Je t’écris. Je t’attends. À la mémoire de Stéphane Audran « Women have better ideas. » Jean-Luc Godard à Dick Cavett, 1980 Souviens-toi du cinéma. N’oublie pas ce que tu lui dois. Déteste-le autant que tu l’apprécies. Laisse les Besson, Dumont, Lindon à ceux qu’ils intéressent, qui les enrichissent. Préfère le fric des trafics à celui subventionné du CNC. N’espère rien de la « parité ». Ne vagis pas en vertu de ton vagin. Fais des films au féminin, pas des films féministes, des films de niche. Rédige tes histoires mais ne néglige pas celles exogènes. Ne pense pas en termes d’autobiographie, de cinéphilie, de coucherie selon la putasserie. Outrage les messages, libère-toi des contrats. Pleure parfois, ne pleure pas sur toi. Ne joue pas à l’auteur, partage l’œuvre avec tes collaborateurs. Honore à la dure tes factures, tourne n’importe quoi, mets-y un peu de toi. Accepte les commandes, traite-les en offrandes. Regarde le scénario le plus convention

Cassandra : Australia

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Ou comment devenir une jeune femme fatale – Électre électrise, Cassie séduit.   Les films s’harmonisent : après The Premonition , revoilà Avoriaz en VO, un petit budget, une mère morte, de l’inédit en ligne, de la parapsychologie subtile. Mais Cassandra , cogité une dizaine d’année plus tard, se déroule en Australie et cela change tout, car le baigne un climat de dream time propre au pays-continent, infusion de la culture aborigène dans l’expressivité de cinéastes blancs, par exemple Russel Mulcahy ou Peter Weir. Si le cinéma des antipodes vous intéresse, le nom de Colin Eggleston vous « parle », vous connaissez de près ou de loin son Long Weekend (1978), survival écolo écrit par le regretté Everett De Roche (votre serviteur visionna en DVD son remake imparfait commis en 2008 par Jamie Blanks avec James Caviezel, le Jésus de Gibson). Avant de mettre un terme mystérieux à sa carrière de réalisateur/scénariste/producteur en 1987 avec une histoire de vampires sise chez Croc