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Affichage des articles du décembre, 2020

Petit pays

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  Une œuvre, un plan : Vive la France (1974) « Cher et vieux pays » : produit par André Génovès, proche de Chabrol, co-monté par Jacqueline Thiédot, assembleuse attitrée chez Grangier, (Denys de) La Patellière, Sautet ou Giovanni, peut-être inspiré par un livre homonyme paru en 1973, ce « point de vue documenté » point à la Vigo ne connut le succès en salles, le voici désormais ressuscité, sinon plébiscité, en ligne, magnanime. Durant une heure dix, Audiard déride notre histoire, pas celle de Michelet, Foucault ou Castelot, de (Bertrand) Blier ni Delon, fameux admirateur d’un célèbre résistant londonien ici réduit à rien, à un ersatz de Zorro réduit à zéro. Tressage d’anciennes images, de citations en situation, de chansons de saison(s), pas seulement susurrées par Salvador, l’ opus paraît à présent impossible à reproduire tel quel, en raison d’évidentes raisons de bienséance, de bien-pensance, de moralisation, de victimisation. Certaines sensibilités de la médiocre modernité pourr

Jésus de Montréal

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  Un métrage, une image : Le Chat dans le sac (1964) Merci à Jacqueline Waechter « Je vénère Jean Vigo » : et davantage Godard ou le Resnais de Hiroshima mon amour (1959), pour faire court. L’ opus pionnier, in situ récompensé, aujourd’hui disponible en ligne, cinéphilie à domicile, s’éternise durant une heure quinze, au cours de laquelle ça discourt à la truelle, ça se sépare en douce(ur). Barbara & Claude incarnent Claude & Barbara, regardent la caméra, s’unissent au lit, y fument et s’y bousculent aussi. Presque au mitan des années 60, on faisait ainsi du ciné francophone placé sous le signe de la sociologie, situé de l’autre côté enneigé, fatidique, de l’Atlantique. L’histoire du couple en déroute, scruté par Gilles Groux, reflète à sa façon de documentaire distancié, un brin brechtien, maître du dispositif formel et maître (Puntila) au sein du récit, via la division d’une identité, la scission d’une société. Le journaliste désargenté croyait trouver en la Juive an

Terreur à l’opéra

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  Un métrage, une image : La Malédiction de Belphégor (1967) Merci à Jacqueline Waechter « Il tape fort, Monsieur Belphégor ! » : la petite production paupérisée espérait probablement profiter du plébiscite de Belphégor ou le Fantôme du Louvre , fameux feuilleton diffusé sur l’ORTF en 1965 – elle fit toutefois un flop et son scénariste/réalisateur, déjà responsable de l’ a priori redoutable Raspoutine (1954), idem item franco-italien, Pierre Brasseur embarrassé en parasite du tsar, agité en rances transparences, s’en retourna fissa financer une flopée de films X, aux titres très drolatiques et very seventies . Aussi résistant et exploitant, il signe ainsi un croisement du Fantôme de l’Opéra dû jadis à Leroux, mémorable roman musical et romantique, dont les multiples adaptations cinématographiques se dispensent souvent de souligner la dimension humoristique, à l’exception du sarcastique De Palma ( Phantom of the Paradise , 1974), de Fantômas (Hunebelle, 1964) et un brin de

Les Nuits de Cabiria : Julieta

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  Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Federico Fellini. Ton style c’est ton cul Ton style c’est ton cœur Léo Ferré Les Nuits de Cabiria   (1957) croise Le Cheik blanc (1952) à La strada (1954), devine La dolce vita (1960), présage Juliette des esprits (1965). En dépit des apports de Pasolini & Rondi, il ne s’agit, cependant, d’une matrice apocryphe de Accattone (1961) ni Ingrid sulla strada (1973), à chacun sa représentation de la prostitution, donc. On peut un peu en plus penser à Pretty Woman (Marshall, 1990), surtout pendant le premier épisode un tantinet méta, toutefois le conte de fées sur fond de classes sociales, Fellini s’en fiche, a contrario de la dichotomie molto catho entre profane et (con)sacré, perdition et pureté. Item récompensé à Cannes, adoubé à Hollywood, désormais restauré mais toujours incomplet, quid du philanthrope aux troglodytes interlopes, jadis à la demande de l’Église censuré ?, la co-production franco-ita

Bosna!

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  Un métrage, une image : What You Get Right Now  (2020) « Tu n’as rien vu à Sarajevo », ou (où) un descendant décomplexé de l’atomique Alain Resnais de la sympathie éprouverait For the Daemon (Brieuc Le Meur, 2020), en effet, surtout serbe, n’en déplaise à Peter Handke. Ainsi surgissent, en décembre au goût de cendre, des images d’hiver, comme pour recouvrir, voire ensevelir, celles d’hier. À l’unisson d’une exhumation de saison, aussitôt les voici investies, au moyen d’une musique martiale ? Disons que les notes davantage évoquent une fantaisie militaire, sinon minimale, un brin, second Alain, à la Bashung. Sorte de solitaire Nemo, surcadré en surimpression par un vrai-faux hublot, doté de son gros appareil photo, l’artiste cosmopolite documente donc des jours en définitive pas si tranquilles en Bosnie, cédant à Miller Henry ceux, so sexy , sis à Clichy, ensuite réchauffés par Claude Chabrol en 1990. Délesté de clichés, démuni de chichis, il vadrouille en ville, visiteur pourvu d’

Kaléidoscope (sans Hitchcock) I

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  Six années de ciné recensées sur FB… 24 Hour Party People (Michael Winterbottom, 2002) L’évocation, sous forme de rock/mockumentary , d’une période et d’une personnalité, celle du Manchester musical de la décennie 80, celle de Tony Wilson, âme de label et dandy rebelle : le tandem Coogan-Winterbottom (une pensée pour le scénariste Frank Cottrell Boyce) amuse souvent, en reportage de bidouillage, en regard caméra, en tons sépia ( via la vidéo, Robby Müller, émancipé de Wenders, s’aère avec New Order), en archives montées ou en saynètes reconstituées ; néanmoins, au final, tout ceci, un brin bruyant, un peu épuisant, se dilue aussitôt dans l’oubli, patine immédiatement dans l’imagerie habituelle – sexe, drogues, ego , trémolos –, peine à (r)animer une galerie de pantins à peine esquissés, au profit de l’ironie, aux dépens de l’empathie. Au lieu de cela, si sage et jamais ressenti, orientons les oreilles et les yeux vers Control , biopic classique et classy de Curtis par Corb