Articles

Affichage des articles du février, 2017

Biographie d’un sexe ordinaire : La Poursuite du bonheur

Image
Macha Méril réincarnée en Catherine Millet ? Pas que, tant mieux. Tell me what you really like Baby I can take my time We don’t ever have to fight Just take it step-by-step I can see it in your eyes ’Cause they never tell me lies I can feel that body shake And the heat between your legs You’ve been scared of love and what it did to you You don’t have to run I know what you’ve been through Just a simple touch and it can set you free We don’t have to rush when you’re alone with me The Weeknd & Daft Punk, I Feel It Coming Ceci commence ainsi : « La première fois que j’ai pris conscience d’avoir un sexe, ce fut à l’âge de huit ans, quand un ouvrier espagnol ou portugais, que je saluais tous les jours en allant et en rentrant à pied de l’école communale, m’entraîna dans le sous-sol de la maison en construction à côté de chez nous. Il releva ma jupe, tira ma culotte Petit Bateau et se mit à me caresser entre les jambes en me disant avec son accen

Le Vaisseau de l’angoisse : Lifeboat

Image
Impressions désordonnées d’un voyage au bout de la peur, ou presque. Bienvenue à bord Un aimable (et sucré) générique vintage à la graphie rose, comme tout droit sortie de Breakfast at Tiffany’s ou Rosemary’s Baby . La nave va sur la dolce vita, si. Et l’incendiaire Francesca Rettondini dans sa robe rouge à la Gilda, dans son play-back du Senza fine de Gino Paoli (chéri de Stefania Sandrelli, mamma mia !), repris assez superbement par Monica Mancini, la fille du cher Henry. Des regards qui en disent long, une saveur de complot sur les flots, dans la langueur chaloupée du steadicam . Sur le pont, ça danse aussi, « haute société » façon Titanic sur le point de se voir découpée en deux, littéralement, la faute à un filin félon (notez la relecture délocalisée de Carrie au bal du diable , le clin d’œil d’amputé à Freaks ). Une gamine survit au massacre gentiment gore , la jeunette Emily Browning, pas encore dans sa jupette d’héroïne maltraitée de Sucker Punch . Quarante

L’Aventurier du Texas : The Town

Image
Une escale presque fatale, au prix unique de dix dollars , corde comprise. « The name is Buchanan » se présente deux ou trois fois au début Randolph Scott – son nom ( de Venise dans Calcutta désert , rajouterait Marguerite Duras) de réalisateur : Budd Boetticher (prononcez k dans les deux cas, voilà). Adulé en France par un Tavernier, en Amérique par un Scorsese, admiré par Wayne (qui le produisit), Eastwood (dont les premiers critiques de l’acteur se gaussaient du jeu « monolithique », épithète reprise pour désigner celui de Scott), célébré par André Bazin ( Sept hommes à abattre ), fils adoptif d’une riche famille fuie, ex -torero formé sur les plateaux de la Fox, de la Columbia puis chez Universal, signataire d’une célèbre suite de westerns pour la firme au flambeau (pas des « séries B », un peu moins que des « séries A », co-produites par Scott et son fidèle associé Harry Joe Brown sur des scénarios de Burt Kennedy, dont on aimerait bien découvrir un jour, en cinéaste, c

La Guerre de Murphy : V pour Vendetta

Image
 « Pas de prisonniers ! » hurlait le cheik blanc, pas celui de Fellini ; Murphy, moins narcissique, lui répond, à fond.   Drôle de type, ce Peter Yates. Après le bondissant Bullitt (1968) et avant le peu profond Les Grands Fonds , 1977 (Jackie Bisset bis en brune décorative, éventuellement humide), le voilà parti au Venezuela, du côté du delta de l’Orénoque (à vos atlas , cancres géographiques), dans ses bagages un scénario mal aimé par la Paramount, pour un tournage de trois mois, fatiguant, dangereux, spectaculaire (et littéraire, Sian Phillips, pour l’heure encore Madame O’Toole & Philippe Noiret alors lecteurs de Proust perdu en VA ou VO !). Le pitch , comme disent les gens pressés ? Un cuistot de cargo goûte aux délices de la vengeance, plat froid, réchauffé, à déguster glacé, excité, de préférence armé d’un coucou bleu ou d’une barge grise, les deux véhicules lancés, croyez-le ou non, contre un teuton sous-marin taquin. Le Sauvage meets Le Bateau  ? Yes, Sir ,

Grace Kelly : D’Hollywood à Monaco, le roman d’une légende : Le Monde comme volonté et comme représentation

Image
Patricia pleine de grâce, priez pour nous, pauvres spectateurs de vos films et de votre vie. « Une petite conne ambitieuse » osait naguère James Ellroy à propos de Marilyn Monroe, un temps suggérée pour accompagner Rainier, d’ailleurs, par Onassis, si l’on ne s’abuse : trait très réducteur, pas entièrement faux, et nonobstant une courtoisie élémentaire, very Frenchy , on pourrait rapprocher la Quaker meurtrière de Zinnemann, la poupée (pas encore Barbie, tandis que Mattel se fendit d’une figurine en partie caritative à son effigie) oscarisée aux gants blancs, à la virginité perdue, donnée, au mari d’une amie de sa mère, aux innombrables liaisons réelles ou supposées, sincères et/ou cyniques, puisque cela sert aussi à faire avancer une carrière, même éphémère, de la princesse et pute – dans cet ordre « inversé » – du film de Marc Dorcel, de son héroïne féerique pour adultes (possible définition de la pornographie, où personne ne débande, ne pleure, ne souffre, sinon volontair

Comedian Harmonists : Les Choristes

Image
Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Joseph Vilsmaier. Combien peu de chose il faut pour le bonheur ! Le son d’une cornemuse. – Sans musique la vie serait une erreur. L’Allemand se figure Dieu lui-même en train de chanter des chants. Nietzsche, Le Crépuscule des idoles ou Comment on philosophe avec un marteau (1888), Maximes et pointes, 33. Un film choral Et doublement, sur et au-delà de l’écran. Auteur d’un réputé Stalingrad précédant de presque dix ans celui de notre Annaud international, ViIsmaier, né en 1939, belliqueuse année pour la paix mondiale, signe six décennies plus tard un biopic historique entouré d’une cohorte de talent(s). Le réalisateur-producteur-directeur de la photographie, sorte de Peter Hyams teuton, dirige une distribution remarquable dans ses individualités et son ensemble, en miroir du groupe de l’histoire. Ben Becker ( Samson et Dalila de Roeg à la TV) et sa sœur (amoureux dans le film !) Meret ( Munich d