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Affichage des articles du novembre, 2014

Fear and Desire : La Ligne rouge

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Suite à sa diffusion par France 3, retour sur le titre de Stanley Kubrick. Diffusé en catimini au Cinéma de minuit dimanche dernier, Fear and Desire relevait presque du mythe, tant Kubrick, qui jugeait son premier long métrage « inepte et prétentieux », s’échina sur le tard à le rendre invisible (jusqu’à vouloir détruire le négatif !) avec son proverbial perfectionnisme (sa maniaquerie, diront certains), après une désastreuse projection privée, à laquelle assista d’ailleurs James Agee, futur laudateur du titre, et où les rires des spectateurs répondirent aux larmes du réalisateur… Tout le monde ne peut certes pas débuter sa carrière par Citizen Kane , et le film accumule les erreurs (de débutant) : théâtralité verbeuse – on y parle (presque) plus en soixante-deux minutes que dans le reste de sa filmographie –, symbolisme kolossal – guerre anonyme, acteurs (dont Paul Mazursky, pas encore cinéaste) en belligérants dédoublés, radeau de déréliction emprunté à Géricault – e

Curling : Un cœur en hiver

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Suite à sa diffusion par ARTE, retour sur le titre de Denis Côté. Dans ce long métrage d’un « Jeune Turc » du cinéma québécois reconnu et primé (par exemple à Locarno) à l’extérieur de sa « Belle Province », dont le documentaire-essai Que ta joie demeure vient de sortir en France, il s’agit tout d’abord de se prémunir du monde, de le tenir à distance, au sein morbide et rassurant de la maison (en écho à celle que doivent atteindre les pratiquants du sport servant de titre), loin de la prison où rumine et menace l’ancienne épouse, loin des paysages désolés d’un Québec hivernal qui fait penser aux huiles sur bois de Pieter Brueghel l'Ancien, avec pour motif, justement, une partie de curling ( Chasseurs dans la neige et Le Trébuchet ), peuplés de draps tachés de sang, de cadavres gelés, d’enfant mort au bord de la route, de voitures de police inquiétantes et bruyantes, sans oublier ce tigre incongru, peut-être hallucinatoire, échappé d’un poème de William Blake . Les 7 Jours