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Affichage des articles du juillet, 2014

Open Water : En eaux profondes : Un homme et une femme

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Un « film de requins » ? Certainement pas. Un drame physique (et non psychologique) homemade et handmade  ? Assurément. Mais surtout une œuvre de/sur un couple, face à la mer aussi infinie que la mort. Un homme et une femme quittent leur maison, ferment une porte à la poignée dorée, passent deux ou trois derniers coups de fil, se parlent via des cellulaires, avec un sourire. Ils partent en vacances, deux jours pour faire de la plongée au paradis des touristes. Des sacs bleus comme l’eau qui les attend, les attend patiemment, dans le coffre de l’imposante automobile, ils abandonnent le foyer sans feu ni enfant. Elle s’occupe de production (au cinéma ?) ; il s’occupe d’inspection (des fraudes ?) : ils croient contrôler leur confortable existence eugéniste (l’ordre et la propreté de la cuisine inquiètent, décor familier de la fiction américaine où personne ne mange vraiment) mais savent bien qu’ils ne font plus vie commune , séparés par le travail, les autres, la routine ou l

Mulberry Street : Les Rats de Manhattan

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Un récent rapport de la SNCF incrimine des rongeurs dans une collision ; aux jardins des Tuileries, ils coupent l’appétit des touristes puis se retrouvent sur Internet ; l’aimable Citoyen Poulpe loue quant à lui le troisième opus de Jim Mickle, pluvieuse histoire d’une famille pratiquant trop littéralement l’eucharistie… Le contexte se prêtait donc à la découverte des débuts du réalisateur. Mickle ne dit qu’une chose avec son premier film, mais la dit (plutôt) bien : on n’en finit jamais avec la guerre. Dans son échantillon d’humanité retranchée à l’intérieur d’un immeuble convoité par un promoteur immobilier, qui lui notifie déjà son expulsion par voie d’affichage dans le couloir – un « fuck you » anonyme paraphe la note –, figurent trois vétérans et un personnage en uniforme et fauteuil roulant (la première victime de la liste, amateur de mots croisés fredonnant l’hymne à la bannière étoilée). Différence de génération oblige, les conflits varient : un soldat de la Seconde

Prince des ténèbres : Les Images de Bruce Surtees

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Serge Daney regrettait son manque de sensibilité à la lumière dans les films. Tandis que les Cahiers du cinéma consacrent leur couverture aux chefs opérateurs, réparons cet oubli avec l’évocation d’un grand directeur de la photographie, Bruce Surtees, et de son chef-d’œuvre, Le Retour de l’inspecteur Harry . Le titre de cet article fait bien sur un clin d’œil au film de Carpenter (et au remarquable travail du fidèle Garry B. Kibbe) mais pas seulement : il s’agit bel et bien du surnom donné par les professionnels de la profession au fils de Robert Surtees, lui-même chef opérateur reconnu et primé, à l’imposante filmographie, dont on peut plus particulièrement retenir Les Ensorcelés , Ben-Hur et Un été 42 , pour bien montrer l’étendue de sa palette, ou, de façon plus appropriée, le spectre de son champ d’exercice. Le nom de Surtees junior demeure indissociable de celui de Clint Eastwood, avec lequel il collabora durant une quinzaine d’années, sur une douzaine de films,