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Affichage des articles du novembre, 2021

La Maison aux sept pignons : Les Sorcières de Salem

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  Exorcisme ? Libéralisme… Mélodrame drolatique et adaptation politique, The House of the Seven Gables (Joe May, 1940) fait se croiser La Splendeur des Amberson (Orson Welles, 1942) et Le Comte de Monte-Cristo , tandis que sa « evil house » métaphorique anticipe « l’horreur économique » de Amityville : La Maison du diable (Stuart Rosenberg, 1979). Scénariste bientôt sur blacklist et surtout communiste, Lester Cole ne condamne le capitalisme, ni le (petit) commerce, a fortiori de sucreries à domicile, mais il vomit « l’avidité », « l’égoïsme » de l’américaine « humanité », il les transforme fissa en péché originel, cause d’une « malédiction » d’occasion, médicale et létale. Construit en deux parties et en boucle bouclée, le récit s’amuse de la mélancolie de ses reflets, de ses miroirs dédoublés, sexués. Ici, il suffit d’un fondu enchaîné afin d’au final et durant un instant effacer le poids des années, le spécialiste Jack Pierce s’en occupe et ne démérite. Si Vincent Price &a

La Vierge de Nuremberg

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  Un métrage, une image : Si douces, si perverses (1969) Si Gastaldi & Martino (Sergio) retravaillent Clouzot ( Les Diaboliques , 1955) ; si Lenzi, réalisateur petit, précis, productif, inoffensif, s’acquitte du complot au carré de manière soignée, presque stylée ; si Ortolani signe et décline un thème amène ; si la direction artistique de Bottari et la direction de la photographie de Mancori séduisent la rétine ; si le casting choral – Mesdames Baker, Blanc, Cunningham, Liné, Messieurs Frank & Trintignant – s’affiche, s’affirme, se défend, (se) détend, l’intérêt modéré de Si douces, si perverses réside ailleurs que dans ses suaves horreurs, de coupable ses nocturnes terreurs. Film infime, qui ne surprendra que les naïfs, sinon les fadas, Così dolce... così perversa , appréciez le titre antinomique, explicite, pourvu d’un soupçon de moralisme misogyne, prend donc acte d’un renversement de valeurs, d’un changement de mœurs, révolution sexuée, sexuelle, disons en doublon,

Espion(s)

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  Un métrage, une image : Le Dossier 51 (1978) Dépouillé du spectaculaire, l’espionnage apparaît en pleine et piètre lumière, jeu sérieux, spécieux, dont la dimension méta au cinéaste espiègle n’échappa. Deville & Perrault, carpe + lapin, parce qu’ils le valaient bien ? L’ opus récompensé, idem produit par Dussart ( L’Apprenti salaud , 1977), encore éclairé par le régulier Lecomte, toujours monté par la coutumière Raymonde Guyot, démontre et démonte une mise en scène malsaine, signée d’un tandem amène, en train d’esquisser de sinistres cinéastes, eux-mêmes en train d’observer, avec pour objectif de le manipuler, un quidam du quai d’Orsay. Pas une once de hasard si la scène de séduction dirigée, capturée au carré, sur pellicule, en vidéo, ressemble ainsi à une audition, anticipe le dramaturgique psychique du Paltoquet (1986), entrepris parmi une décennie dédiée aux images domestiques, donc individualisées, surdéterminées, selon le marché, de la publicité (à la TV, même au

La Corde raide

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  Un métrage, une image : Mister Radio (1924) On se rappelle Leni Riefenstahl, spécialiste alpestre du mélodrame d’escalade, (re)matez La Lumière bleue (1932), jeunes ou vieux. On découvre aujourd’hui Luciano Albertini, acteur acrobate à côté duquel Jean-Paul Belmondo paraît presque ramollo. « La montagne, ça vous gagne » assurait un slogan d’antan ; « Monfort, mon faible » répondait une publicité : Mister Radio (Nunzio Malasomma) entrecroise cela, commence comme en vacances, s’achève sur une providentielle vengeance. Le garçon et Gaston en question, sorte de souple sauvageon, d’inventeur sauveur, voudrait bien démontrer, à la ferroviaire assemblée, la pertinence de son système, grâce aux émissions d’ondes, plus de collisions, quel monde. Mais, mis au défi, il lui manque du fric, une ex -danseuse, reconvertie en « dame de compagnie », dont il préserva la vie, lui renvoie l’ascenseur, intercède en sa faveur, prête à se compromettre, un peu à se prostituer, la passion éprouve,

Minnie et Moskowitz

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  Un métrage, une image : Fievel et le Nouveau Monde (1986) « Papa peux-tu m’entendre ? » demandait la Streisand de Yentl (1983), avec déjà Nehemiah (Persoff), la fin de Fievel (Don Bluth) lui répond, au son de Un violon sur le toit (Jewison, 1971), oui-da. Souviens-toi, Barbra, point de Prévert, plutôt de Spiegelman, le mec de Maus , ses chats nazis, ses sémites souris, du plumage de Superman (Donner, 1978), du ramage de Maurice Chevalier, voire l’inverse. De Disney à Dickens, doté en coda d’une sucrerie sympa et applaudie, due à l’incontournable Mister Horner, susurrée en tandem amène par Ingram & Rondstadt , notre Don, réalisateur, co-producteur, designer , storyboarder , itou au title , s’associe ainsi à Stevie (Spielberg), excelle en xerography , délocalise en partie en Irlande, se met à dos les syndicats, quelle cata. An American Tail , le titre d’origine, joue du son et du sens, renvoie évidemment vers tale  : Fievel et le Nouveau Monde nous narre donc une hist

I Feel Good

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  Un métrage, une image : Si on chantait (2021) Programmatique comme le film pornographique, le feel good movie entend, mot éloquent, faire du bien, faire se sentir bien, ce que confirme l’affiche de Si on chantait ( Fabrice Maruca ), imitée d’une célèbre pochette d’ album des Beatles, surplombée d’une citation de RTL, voici de quoi rendre « heureux », rendre la vie plus belle, amitiés pseudo-marseillaises, amen . Toutefois ce téléfilm inoffensif, poussif, pasteurisé, résumé presque en intégralité selon sa bande-annonce , digne d’être diffusé à la TV un soir d’hiver ou davantage d’été, disons sur TF1 ou M6, sa co-productrice/distributrice, démontre l’unisson du social et du musical, la solitude du mélodrame derrière la comédie d’amis, le double deuil de l’usine, de l’intime. Franck, orphelin de sa mère, peu épaulé par son père, amoureux malheureux depuis l’enfance, pas de chance, fils putatif de Jacques Demy, désire en-chanter les vies, réenchanter le réel, suspendre un instan

Looking for Eric

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  Un métrage, une image : Maestro (2014) Comédie dramatique et sentimentale, vrai-faux making of des Amours d’Astrée et de Céladon (Éric Rohmer, 2007), hommage posthume et méta, Maestro (Léa Frazer) n’en fait pas trop, ne s’étire très longtemps, une heure et quart et à Venise au revoir. La cinéaste se base sur un scénario a fortiori autobiographique, co-écrit par le défunt Jocelyn Quivrin ( Jacquou le Croquant , Laurent Boutonnat, 2007), suit ainsi trois lignes narratives, illustre un tournage, capture une passion, met en images une transmission. Impérial et convivial, même ensommeillé, même courbé, Michael Lonsdale vaut à lui seul la découverte de ce téléfilm jamais nécrophile, qui ne se limite, chic, au portrait attendri et drolatique d’un minuscule milieu, de gens joueurs et joyeux, placé parmi une industrie autarcique. Adoubeur de « beauté », accordeur de « confiance », Cédric Rovère récite du Mallarmé sentimental, du Verlaine crépusculaire, tandis que sa petite troupe s

Le Chasseur

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  Un métrage, une image : L’Air de rien (2012) Road movie immobile, d’avortée amitié masculine, L’Air de rien (Grégory Magne & Stéphane Viard) anticipe le diptyque L’Enlèvement de Michel Houellebecq + Thalasso (Guillaume Nicloux, 2014 et 2019) : Michel Delpech y interprète (plusieurs succès) « Michel Delpech », ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Il s’agit ainsi d’une vraie-fausse biographie, d’une authentique fiction, à base de filiation, sinon de résurrection, de rédemption. L’acteur discret, en retrait, incarne sur le tard l’assez vain avatar, un brin égrillard, d’un univers alternatif, a fortiori dépressif, où les dettes se substituent aux conquêtes, où s’alcooliser en compagnie de Miossec et d’une journaliste joyeuse, vive la « tournante » malaisante, où la Spitfire ne triomphe, ne fait un malheur, où la fanatique Véronique déchante durant la dédicace, les prénoms et les souvenirs s’effacent, le temps passe, les dépasse, les trépasse, hélas. En pleine Au

Les Raisins de la mort

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  Un métrage, une image : La Confrérie des larmes (2013) Conte de capitalisme vinicole ignoble, La Confrérie des larmes (Jean-Baptiste Andrea) ressemble hélas davantage à un téléfilm cacochyme, adapté du graphomane Jean-Christophe Grangé ( Les Rivières pourpres ), qu’à une transposition pirate du grand œuvre de Theodore Roszak ( La Conspiration des ténèbres ). Gabriel Chevalier, remarquez le nom et le prénom très connotés, camé aux cartes, ex -flic et à présent père pathétique, accepte fissa une offre à ne refuser, afin de ses finances renflouer, de troquer les « raviolis en boîte » contre une bonne grosse bagnole. Endetté rencardé par un ancien indic censé crever vite, le voici désormais rasé, cheveux coupés, panoplie endeuillée, à parcourir la Terre d’ express manière, en jet privé, en parfait petit VRP, muni de mallettes suspectes. « Rien d’illégal », affirme le commanditaire invisible, au bout du fil, toutefois de quoi occire un mec, couper une main, se créer un destin. Que co

Black Jack : Family Life

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  Jeunesse en détresse, route en déroute ? Voyage sans bagage, digne d’hommage…    Film d’enfance en souffrance, de folie prophétie, (ré)écrit seul cette fois-ci, fi de Paul Laverty, Black Jack (1979) manque de rythme, de mouvement, s’avère néanmoins charmant, émouvant. Kenneth Loach, qui ne pratiquait pas encore l’apocope, adapte un bouquin de Leon Garfield, admirateur a priori mineur de Dickens & Stevenson, confie la direction de la photographie à Chris Menges ( Le Camion de la mort , Cokeliss, 1982, Mission , Joffé, 1986 ou The Reader , Daldry, 2009), remarquez les remarquables contre-jours et clairs-obscurs, les surcadrages et l’utilisation à bon escient de la profondeur de champ ou plus souvent de son écrasement, confie le rôle-titre à Jean Franval, la même année chez Giovanni ( Les Égouts du Paradis , 1979), bientôt mémorable Vitalis d'un Sans famille à la TV, recrute itou David Rappaport, petite silhouette muette, plutôt que précieux compagnon du colosse candide

La Lectrice

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  Rêve éveillé, rêverie d’aujourd’hui, soupirs de sainte et cris de fée… On ignore son nom, de qui il s’agit, ce qu’elle lit, en définitive, on s’en fiche, on l’avise de profil, on la devine tranquille, femme calme, au calme, aux pieds et mollets ensoleillés, au silence concentré, au fauteuil tapissé, au rideau disons à demi, à moitié tiré. N’en déplaise à Deville, donc à Miou-Miou ( La Lectrice , 1988), voici notre lectrice à nous, moins blonde, pas moins gironde, elle aussi à domicile, peut-être se déplace-t-elle idem , en petite tenue bienvenue, jolie lingerie chic et pudique. Par rapport à l’inconnue cadrée dans un coin, mise au piquet point, à l’érotisme apaisé, subtil, à l’intimité portée au carré, mise à nu des formes et de l’effort, de la dame et de l’âme, la cara Claudia Cardinale, pas autant dévêtue, paraît presque tendue, en train d’étudier en solitaire, cadrage similaire, position à l’unisson, identique et différenciée focalisation, sinon de mémoriser sur le set , en cos

Ma maison est remplie de miroirs : Sophia Loren, reine sereine

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  De Sofia à Sophia, au-delà du cinéma… Belle et sensuelle, heureuse et talentueuse, élégante et amusante, intelligente et attachante, populaire et altière, accessible et cependant dotée d’une aristocratie innée, Sophia Loren traversa et transforma un moment important du cinéma d’Italie, dut déclencher des jalousies pas jolies jolies, dont la détestation sans raison, irrationnelle, à la truelle, du pseudo-napoléonien Jean Tulard qui, au cours de ses collectifs dictionnaires anecdotiques, sinon à la con, consacrés aux acteurs, aux films, ne manque aucune occasion de déverser son fiel sur Mademoiselle Loren. Elle changea de (pré)nom, elle changea de vie, elle épousa de manière presque rocambolesque l’incontournable producteur Carlo Ponti, ni père ni patron, plutôt précieux compagnon. La fifille illégitime d’un ingénieur déserteur s’ingénia jadis à participer à un concours de beauté, « des lires pour un sourire », dommage pour les dollars du compatriote Leone, à s’afficher parmi des ro

Folies de femmes

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  Un métrage, une image : Forfaiture (1937) De l’hommage à l’outrage, peu d’espace, les vandales le savent, L’Herbier dut s’en douter, ne sut résister à la tentation de remaker l’ouvrage révéré, à l’origine de sa vocation. Mais l’exotisme et l’érotisme du co-scénariste Hector Turnbull, d’ailleurs producteur non crédité de Cœurs brûlés (Sternberg, 1930), le sado-masochisme à la mode DeMille ( Forfaiture , 1915), apparaissaient auparavant, dès L’Argent (1928), d’après Zola, oui-da. Vingt-deux ans plus tard, pas de hasard, voici le temps du cinéma dit parlant, dépaysant, car colonial, voire colonialiste, au racisme assumé, même déminé. Escorté de l’exilé Companéez ( Casque d’or , Jacques Becker, 1952), du cinéphile Auriol, d’un futur fidèle d’Ophuls, nommons donc Natanson ( La Ronde , 1950, Le Plaisir , 1951, Lola Montès , 1955) ; assisté des fidèles Ève Francis & André Cerf ; flanqué de l’éclairé Schüfftan ( Drôle de drame , Carné, 1937) ; financé par le cinéphile, bis , Bra