Minnie et Moskowitz
Un métrage, une image : Fievel et le Nouveau
Monde (1986)
« Papa peux-tu m’entendre ? »
demandait la Streisand de Yentl (1983), avec déjà Nehemiah (Persoff),
la fin de Fievel (Don Bluth) lui répond, au son de Un violon sur le toit
(Jewison, 1971), oui-da. Souviens-toi, Barbra, point de Prévert, plutôt de
Spiegelman, le mec de Maus, ses chats nazis, ses sémites
souris, du plumage de Superman (Donner, 1978), du ramage
de Maurice Chevalier, voire l’inverse. De Disney à Dickens, doté en coda d’une
sucrerie sympa et applaudie, due à l’incontournable Mister Horner, susurrée en tandem amène par Ingram & Rondstadt,
notre Don, réalisateur, co-producteur, designer,
storyboarder, itou au title, s’associe ainsi à Stevie
(Spielberg), excelle en xerography,
délocalise en partie en Irlande, se met à dos les syndicats, quelle cata. An
American
Tail,
le titre d’origine, joue du son et du sens, renvoie évidemment vers tale : Fievel et
le
Nouveau
Monde nous narre donc une histoire d’Histoire, une épopée animale en
parallèle de l’humaine. Commencée selon un pogrom
au carré, achevée sur les retrouvailles précitées, l’odyssée à gros succès,
vive la franchise, l’esprit US
d’entreprise, du petit souriceau mimi mais pas maso, survivant résilient,
vrai-faux orphelin à sister en stellaire
soutien, portraiture une utopie, un melting
pot cette fois-ci réussi, tant pis
pour la noirceur lucide et en sourdine de E.T. (1982), ne parlons des démons de
La
Porte
du paradis (Cimino, 1980), pardi. Placé sous le signe du brasier, voici
un conte de (Cosaques, casquette) Noël, pardon, de Hanouka, débuté en Russie,
transité via la Germanie, enraciné à
New York, capitale interlope, cauchemar de Lovecraft, patrie par excellence de
tous les déracinés, Scorsese rajoute les gangs,
de multiple provenance, la statue française, de liberté en cadeau accordée, ne
s’en balance, peu à peu se et s’y dresse, un clin d’œil leur adresse. 1776 ou
1885, il faut en définitive toujours s’enfuir, se réunir, se souvenir, se
soutenir, l’adversaire démasquer, au propre, au figuré, la légende dorée in extremis
matérialiser. Fi du golem, les gars, une super souris mécanique supposée de
Minsk suffira, afin de foutre à la flotte d’affamés félins la horde, direction
Hong Kong, adieu les cons, disons. Jamais manichéen, souvent virtuose, superbe
tempête maritime à captiver aussi un Miyazaki, Fievel dépasse la judéité
du sujet, ne se limite à la fable autobiographique, possède dorénavant, cf. la
misère des « migrants », une actualité relookée. Fievel recherche sa
famille, proche et inaccessible, en trouve une autre, cosmopolite et complice. Bluth
anime son Mickey à lui, se démarque de Walt, tel un fils infidèle en vif reflet
de la bestiole au final grandie, adulte devenue, Américain bienvenu…
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