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Affichage des articles du avril, 2018

Jumanji : Bienvenue dans la jungle : Ready Player One

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Entre-temps, Messieurs Macron & Trump s’adonnent au jardinage d’image.   Shadows grow so long before my eyes And they’re moving across the page Suddenly the day turns into night Far away from the city Big Mountain, Baby, I love Your Way Assez divertissant, ce divertissement didactique commence comme… It , imperméable jaune, maison spectrale, ados inadaptés inclus. On espérerait presque une rencontre entre Breakfast Club et eXistenZ . Mais qu’attendre du fils de Lawrence Kasdan, signataire de la bouse vulgaire Bad Teacher , ici flanqué de cinq scénaristes, Seigneur ? Cette parabole laïque tournée en numérique avec une impersonnalité avérée propose une double moralité de solidarité, de mortalité. Contrairement au jeu sis dans sa jungle eugéniste, jamais sensuelle ni sensorielle, encore moins méta, King Kong dort tranquille malgré les tambours à la Buñuel, chacun ne possède qu’une seule vie, aussi ne compte que ce que l’on en fait, de préférence ensemble. L

Le Petit Nicolas : Lettre ouverte à Nicolas Cage

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Message de bouteille virtuelle, en rime aux signaux des Amérindiens de mélo martial. Dear Nic, Je ne pense pas que vous lirez cette épître guère biblique, tant pis pour la francophonie, cependant j’éprouve le désir de l’écrire et l’envie d’évoquer votre grandeur passée, alexandrin en supplément. Je viens de subir, pardon, de visionner en streaming et en VF votre dernier méfait, intitulé The Watcher , qui sortira chez moi directement en DVD en juin prochain. Hélas, ce Looking Glass assez dégueulasse ne saurait s’apparenter à celui de l’Alice de Lewis : derrière le verre, que voyez-vous, voyeur invalide, sinon un autre ratage, un outrage aux bonnes mœurs cinéphiles ? Depuis plusieurs années, vous sabotez votre carrière avec une constance de kamikaze qui provoque le respect autant que la stupeur. À cette énigme à la fois vous appartenant et cristallisant la médiocrité généralisée de la cinématographie US actuelle, voire mondiale, répond celle de mon entichement à votre éga

Enquête sur une passion : Milena

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Nicolas Roeg. Pour l’artiste, la pensée et le langage sont les instruments d’un art. Le vice et la vertu en sont les matériaux. Au point de vue de la forme, le type de tous les arts est la musique. Au point de vue de la sensation, c’est le métier de comédien. Oscar Wilde, préface du Portrait de Dorian Gray Deux fameuses fumisteries surgirent à la fin du dix-neuvième siècle européen : le cinéma et la psychanalyse. Si la première traça fissa ses lettres de tristesse parmi un peloton d’épiciers, si la seconde s’intronisa lucrative thérapie d’Occidentaux oisifs, elles se rencontrèrent-enfantèrent une faste filmographie, à retrouver en partie ici . Devant Enquête sur une passion , on se souvient donc de A Dangerous Method  encore produit par Jeremy Thomas et A History of Violence pour sa scène de baise dans l’escalier ; on songe aussi, en raison de cet élément d’architecture connoté, du contexte politi

Temple : Promenons-nous dans les bois

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Soixante-dix-huit minutes en forme d’insulte à l’intelligence et à l’existence. « Ce temple vous rendra malade » et ce film aussi, d’une anémie interminable à transformer Apichatpong Weerasethakul en émule vitaminé de Michael Bay. Une forêt, des égarés, un caméscope, des phénomènes paranormaux comme il faut : le scénar nullard délocalise la sorcière de Blair du côté de Tokyo puis se fend d’un retournement final censé jouer sur l’ambiguïté de l’histoire et du récit, sur la duplicité du point de vue et le brouillage du témoignage. Une momie sous cloche médicale évoque sa virée triangulaire, dépressif platonique flanqué d’un queutard pathétique et d’une étudiante en croyances, mon Dieu. Cela finira par une pendaison/lapidation de saison, un ensevelissement en compagnie d’une kitsune – préférons celle de Katsuni – et un stylo planté dans le cou du traducteur. Les plus indulgents apprécieront la direction de la photographie, la chute de reins de Natalia Warner. On doit ce ragoût r

Épouvante sur New York : Manhattan Baby

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Longue-vue de mateur amateur et cinéaste dissident plaisamment professionnel. Comme si Le monstre est vivant rencontrait Meurtres sous contrôle  : l’aimable Larry Cohen entrecroise la préhistoire et les sacrifices mayas, voilà. Il rend hommage à Willis O’Brien & Ray Harryhausen. Il troque l’Empire State de King Kong contre l’immeuble Chrysler de sa créature dans les airs. Il filme New York aussi bien que Ferrara & Scorsese. Il survole la « ville qui ne dort jamais » et semble passer ses journées sur des toits, à bronzer, à bâtir. Voici une Amérique sympathique de laveur de carreaux et d’employée de bureau, d’oisive lascive et d’ouvriers affamés, de serveuse amoureuse et de clodo endormi, de flic documenté et de prof d’université, Columbia, bien sûr. Un piètre pianiste braque une bijouterie en compagnie, égare le magot, devient le témoin des festins nus de la monstruosité ailée. Un œuf tu trouveras, un autre se fendra en coda. Cohen convainc, Cohen surprend constamme

Je peux entendre la mer : Diabolo Menthe

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Se souvenir, partir, revenir, inventer l’avenir à deux, tant mieux. Pas le plus connu ni le meilleur des produits Ghibli, ce court téléfilm façonné à moindre coût par une équipe juvénile possède toutefois une qualité particulière : il parvient à identifier l’adolescence japonaise tel un « éternel été » à la Camus, mélange harmonieux, précieux, souvent instable, de ravissement et de mélancolie, de sentiments et de sensualité, de mer et de larmes – donc de sel partagé. Vingt-cinq ans après leur diffusion à la TV privée nippone, ces lycéens continuent à s’émouvoir, à émouvoir, dans une sorte de « temps scellé » à la Tarkovski, une boucle temporelle méta qui renvoie le spectateur cosmopolite vers son propre passé. Ce « récit des origines » ne pouvait en vérité de subjectivité que se conter à l’imparfait, débuter dans les airs, voyage en avion vers le territoire intérieur de la mémoire, suspension en apesanteur propice à l’introspection, au retour des réminiscences. Une fois en fa

Jennifer : Ida

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Pénétrer/placer des pièces de piaule/de puzzle à la recherche de soi-même.     Une ombre glisse sur des marches lisses, comme une flaque de sang en mouvement… Quand Agnes, dans sa belle et grosse bagnole blanche, arrive autour de Santa Barbara, un pompiste local l’accueille à la manière des villageois le clerc de notaire Harker mis en garde contre Dracula : des choses étranges se passent là-bas, on se revoit d’ici deux jours et si vous m’écoutiez, vous feriez fissa demi-tour. Mais l’automobiliste remercie « l’indigène » et suit la direction indiquée. Le manoir, vaste, vide, hivernal et coûteux à entretenir, date d’avant la crise de 1929 et dans son indolence californienne, ses ombres profondes et ses palmiers ensoleillés, ne ressemble guère à l’hôtel isolé, enneigé, eugéniste, de Shining (Kubrick, 1980), pas plus que l’héroïne n’annonce les « femmes fatales » – pour elles-mêmes – des Innocents (Clayton, 1961), de La Maison du diable (Wise, 1963) ou de Répulsion (Polanski