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Affichage des articles du janvier, 2022

Les Tueurs

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              Un métrage, une image : L’Empire du crime (1972)         Il manque vingt minutes à la VF disponible en ligne, ce que l’on visionne, merci à l’amie italophone, séduit, suffit. La mala ordina , c’est-à-dire La Mafia commande , se divise en moitiés minutées : une première d’exposition(s), une seconde d’exécution(s). La séparation, reprise par les titres alternatifs Passeport pour deux tueurs + Manhunt in Milan , survient à l’occasion d’un double féminicide, tandem de dominos provoquant illico la tombée/trépas de presque tous les autres, à l’exception du commanditaire américain, car à l’écart de cette Italian Connection , intitulé calqué sur un succès, idem camé ( French Connection , Friedkin, 1971), aux allures d’imposture(s), sinon d’oraison(s). En bonne logique symbolique et graphique, la multiple poursuite se termine au creux d’une casse automobile, où doit dormir la belle bagnole fracassée du Fanfaron (Risi, 1962), comme si, à dix ans d’intervalle, à un rythme e

Est-Ouest

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  Un métrage, une image : Un, deux, trois (1961) Coca (-Cola) et cocos (pas qu’à Cuba), Nikita (Khrouchtchev) & Ninotchka (Ernst Lubitsch, 1939), Otto (prénom palindrome, relooké illico ) & MacNamara (dépassé papa, surpris par Pepsi) : le titre programmatique, rythmique, multiplie les paires (les pères un peu patibulaires) d’adversaires, lui-même dû à un tandem (Diamond & Wilder se souviennent aussi, en sourdine, de l’arrivisme adultère de La Garçonnière , 1960). Le cinéaste ainsi se soucie de Marx (Groucho) & Marx (Karl), (re)visite une ville vive et en ruines, se fait in fine rattraper par une érection (murale, brutale, lamentable) plutôt propice à la scission, à l’hallucination, à la perversion de Possession (Żuławski, 1981), qu’à l’excitation de saison, causée par la callipyge, perruquée, espiègle secrétaire de l’excellente « Lilo » Pulver ( Le Temps d’aimer et le Temps de mourir , Sirk, 1958). La précision impériale des cadres confère à la farce festive,

Tendre et saignant

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  Un métrage, une image : The Chef (2022) L’intitulé franglais, piqué d’une réplique leitmotiv, personnalise, tandis que le titre d’origine indique la cuisson, précise la pression, jusqu’au point d’ébullition, donc, Boiling Point de dur à cuire, de cuistot alcoolo, cocaïné, concurrencé, endetté, emmerdé, SDF pourvu de problèmes personnels, fifils et ( ex -)femme au téléphone, proie d’une improvisée, pas si amicale, davantage de rival, lui-même, malgré sa célébrité de TV, « sept millions » de marmitons, allons bon, à la limite de la ruine, plaide-t-il, OPA au cours du repas, accompagné d’une critique en robe écarlate, séparée de surcroît, tendue à l’idée réalisée de laisser seules, une seule soirée, ses deux gamines à la maison, passons, à équipe tragi-comique, bien ou moins impliquée, presque pathétique, la serveuse malheureuse, au chemisier immaculé, s’en va vite s’écouler, sinon s’écrouler, aux WC, porte fermée, appelle à l’aide son papounet, puisque pas faite pour ce métier, c

Ce que veulent les femmes

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  Un métrage, une image : Dementia (2015) + Wing Chun (1994) Disons donc un diptyque de scripts écrits par des femmes différentes : d’un côté, le drame indépendant Dementia de Mike Testin, rédigé par Meredith Berg ; de l’autre, la comédie d’action Wing Chun de Yuen Woo-ping, due à la plume d’Elsa Tang, aussi co-scénariste de Il était une fois en Chine (Tsui Hark, 1991). Le premier opus constitue un huis clos sado, caticide inclus, à base de sévices et d’évasion du Vietnam, de violence faite à une femme (veuve de vil vétéran), de vengeance de descendance. Il oppose l’ancêtre Gene Jones ( No Country for Old Men , Ethan & Joel Coen, 2007) à la jeunette Kristina Klebe ( Halloween , Rob Zombie, 2007) relookée en fausse infirmière, adversaires very vénères, in fine enlacés en un seul suaire, comme si Misery (Rob Reiner, 1990) soudain se mâtinait de féminisme fol et féroce, sus à l’ancien alcoolique maltraiteur de maman, au final effondré devant sa petite-fille dessillée, n

May

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  Un métrage, une image : The Victim (2006) Voici un film fourni en fantômes de folklore et fondus au noir, à dimension méta, coupé en deux en son milieu, porté sur le replay de présence surnaturelle enregistrée. Chez Monthon Arayangkoon, la persona devient un personnage à part entière, doté d’un masque mortuaire, la hantise se matérialise, les rôles se renversent, les identités se dédoublent. Le sang-froid du fameux Paradoxe sur le comédien libertin cède sa place à une incitation à « fusionner » sa personnalité, à force de mémorisation répétée, avec le caractère représenté, comme l’explique la prof de l’ incipit un brin lycéen, aux étudiantes indolentes. En matière de méthode, majuscule incluse, celle-ci en vaut une autre, toutefois, au pays de la foi, a fortiori en l’au-delà, on n’incarne pas les morts sans (se) causer du tort, même si encens allumé sur l’autel des décédés. Saupoudrée d’un soupçon d’humour plus ou moins volontaire, la première partie possède presque une val

Society

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  Un métrage, une image : No Place to Hide (1993) Mélodrame méconnu, déguisé en thriller de microsociété à faire peur, renié en tandem par ses deux principaux interprètes, Chute en enfer , intitulé français à fissa refuser, frise assez souvent le risible, néanmoins mérite quelques lignes. Le scénariste/cinéaste Richard Danus vient de la TV, on pouvait vite le deviner, en dépit d’une poignée de plans charriés au steadicam chaloupé. Il signe ici son unique incursion au ciné, donc en compagnie de Kris Kristofferson & Martin Landau, meilleurs ennemis de police complice. Tandis que Drew Barrymore, juvénile encore, incarne une adolescente diariste et endeuillée, soi-disant indécemment (dés)habillée, O. J. Simpson portraiture un ami d’une masse muni, ancien footballeur américain, à la colonne cassée, en fauteuil roulant désormais, sorte de Lazare (re)levé trop tard, blague un brin raciste et mort héroïque en prime. Cramé par la critique, pourvu d’un petit et piètre script , désavanta

Le Mexicain

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  Un métrage, une image : Colorado (1966) Première partie d’une vraie-fausse trilogie, poursuivie par Le Dernier Face à face (1967) + Saludos hombre (1968), Colorado propose de prometteuses prémices puis un peu s’enlise. La version disponible en ligne dure moins d’une heure et demie, l’italienne comporte quinze minutes de plus, circonstances atténuantes de critique clémente. Co-écrit par Donati ( Il était une fois dans l’Ouest , Leone, 1968, Holocauste 2000 , De Martino, 1977, Le Continent des hommes-poissons , Martino, 1979), éclairé par Carlini ( La Peur , Rossellini, La strada , Fellini, 1954, La Charge de Syracuse , Francisi, La Grande Pagaille , Comencini, 1960, Frissons d’horreur , Crispino, 1975), produit par Grimaldi ( Le Bon, la Brute et le Truand , Leone, 1966, La Chamade , Cavalier, 1968, Satyricon , Fellini, 1969, Le Voyou , Lelouch, 1970, quatre films de Fellini, plusieurs opus de Pasolini, deux de Bertolucci, Le Dernier Tango à Paris , 1972, 1900 , 1976, Cadavres

Extension du domaine de la lutte

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  Un métrage, une image : La Garçonnière (1960) Un (mini) miroir pour mieux voir, une suicidée divisée à sauver, à déshabiller, à dorloter, un triangle tout en angles, de vaudeville vitriolé, une normalité très tourmentée : si La Garçonnière se souvient à l’évidence de Sueurs froides (Hitchcock, 1958), il anticipe aussi la géométrie déshumanisée du Playtime (1967) de Tati, relie en sourdine La Foule (Vidor, 1928) à Brazil (Gilliam, 1985). Dans Comme un torrent (Minnelli, 1958), Shirley MacLaine succombait aux balles de la jalousie ; ici, elle revit, amorphe, ranimée de force, à la Faces (Cassavetes, 1968), gifles non simulées en prime. Mélodrame humoristique, didactique et ludique, moralité morale mais jamais moralisatrice, le long métrage de (deux heures) son âge, au message presque à la Reich, deviens enfin un « être humain », « petit homme » à la gomme, « sans qualités » à la Musil, « unidimensionnel » à la Marcuse, se moque de Ford & Garbo, déjà charcutés par l

Le Sang des bêtes

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  Un métrage, une image : La Panthère des neiges (2021) Il faut savoir ce que l’on aime Et rentrer dans son HLM manger du poulet aux hormones Jean Ferrat, La Montagne Vous resterez dans l’histoire le président de l’inaction climatique. Yannick Jadot à Emmanuel Macron Le camouflage animal procède du pragmatique, ne se soucie de l’esthétique : l’invisibilité assure une certaine sécurité, permet d’épier, sans être mal vu, malvenu. La bête presque obsolète, proche de la roche, nécessite de l’attention, sinon de la protection. Elle inverse aussi le mouvement d’agrandissement de Blow-Up (Antonioni, 1966), où un cadavre devenait paysage puis pure image. Mutique, mythique et « totémique », un brin à la Moby Dick, elle incarne avec majesté, immobile, inaccessible, encore « incommunicable », la réalité réconciliée, « la liberté, l’autonomie, la parfaite connaissance de son environnement », tel un superbe requiem adressé à l’espèce humaine, que caractérisent « l’épilepsie », l’

L’Homme aux yeux d’argent : Trintignant, tout le temps

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  Nonagénaire doux-amer, tendre et vénère… À la mémoire de Gaspard On retrouve souvent Trintignant sur mon miroir dérisoire et déterminant, disons donc au détour de Amour (Haneke, 2012), Été violent (Zurlini, 1959), La Femme du dimanche (Comencini, 1975), Les Pas perdus (Robin, 1964), récemment de Club de femmes (Habib, 1956), Trans-Europ-Express (Robbe-Grillet, 1967), Et Dieu… créa la femme (Vadim, 1956), Le Fanfaron (Risi, 1962). La filmographie de Jean-Louis associe ainsi, sur six décennies, la France à l’Italie, la présence à l’absence, le nombre à l’ombre. Il existe un mystère Trintignant, comme l’énigme intime d’un comédien, acteur, homme immanent, distant, d’un survivant au milieu mais en même temps à la marge de son temps, endeuillé doublement, durablement, médiatiquement. Aucun parent ne devrait avoir à enterrer ses enfants, ce que fit Jean-Louis, époux de Nadine, père de Marie & Pauline. Auparavant, son propre paternel passa par les Baumettes, sa mère sub

Dimanche d’août

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  Un métrage, une image : Le Fanfaron (1962) Il sorpasso commence comme Caro diario (1993), Rome nécropole, travelling avant de véhicule en mouvement. Si Moretti partait en pèlerinage auprès de Pasolini, Risi, covoituré avec Maccari & Scola, creuse la fosse, voire le ravin, du fameux miracle économique italien. L’étudiant Trintignant croise donc la (dé)route du grand adulescent Gassman, tandem de mecs modèle des mêmes ( Parfum de femme , 1974 Le Fou de guerre , 1985). Assis à la place du mort, à côté du matamore, il finit dans le décor, ersatz en extase de Werther le suicidaire. Matrice apocryphe du Easy Rider (1969) du connaisseur Hopper, autre road movie masculin, encore moins serein, désenchanté, à succès ; satire sociale à base d’hédonisme, d’infantilisme, de cynisme, de racisme, de nostalgie du fascisme, de capitalisme assumé, de vide et de vulgarité, de petite bourgeoisie rurale et rassie, cheveux détachés, rattachés, d’un soupçon d’homophobie, de vitesse e

Cavale vitale : Un croquis de Cathy

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  Rebelle ? Rouvel. Fille facile ? Interprète intrépide. Star sudiste ? Soleil à domicile… Actrice et comédienne, on s’en fiche, on discerne, Catherine Rouvel toujours alterne le ciné, la scène. Elle naît à Marseille, moi-même idem , elle ne représente pourtant, via la vie, en l’écran, l’on ne sait quelle Provençale provinciale dépeinte depuis la pseudo-capitale, pas davantage, case d’occase, une égérie régionale. S’il convient de la caractériser, de lui procurer un pedigree , adoptons la tactique de l’onomastique, disons donc qu’elle porte un nom de naissance ad hoc , puisque la belle s’appelle en vérité Vitale, patronyme de mouvement, de tempérament, de non-renoncement. La vitalité de l’intéressante intéressée s’incarne d’abord au creux de son corps, outil à la fois intime et expressif de sa profession d’éphémère ou filmée s(t)imulation. Les courbes d’une juvénile Catherine, vingt printemps d’antan, de tout le temps, convient Renoir à l’inviter au Déjeuner sur l’herbe (1959), c

Le Grand Alibi

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  Un métrage, une image : Témoin à charge (1957) Les dix dernières minutes de tumulte du succès cinématographique issu d’un succès scénique accumulent les coups de théâtre, logique esthétique, symbolique, a fortiori réflexive, puisqu’il s’agit aussi, en sus de Christie transposée par Billy, d’une fable affable sur l’art d’interpréter, par conséquent de (se) tromper. Dans Le Grand Alibi (Hitchcock 1950), déjà   avec Dietrich, encore une histoire d’actrice, le vrai coupable mentait dès l’orée ; dans Witness for the Prosecution , les amants (se) mentent tout le temps, jusqu’à l’ultime moment. Quant au Procès Paradine (Hitchcock, 1947), toujours avec Laughton, il carburait par avance à la culpabilité avérée, décuplée, au triolisme assumé. Cependant Wilder, a contrario du confrère, qu’il classait en spécialiste supérieur du suspense , étiquette suspecte, simplette, Chabrol & Rohmer s’en désolèrent, ne succombe au catholicisme, ne se soumet à l’illustrative servilité, es