Vacances romaines
Un métrage, une image : Quinze jours ailleurs (1962)
La suite des Ensorcelés (1952) ?
Le duplicata de La dolce vita
(Fellini, 1960) ? Le prototype du Mépris (Godard, 1963), de La
Party
(Edwards, 1968) ? Plutôt un soap
en Scope, pourvu de types puérils, muni de femmes mégères ou infirmières,
tentatrices ou salvatrices, Cyd Charisse, Daliah Lavi, Claire Trevor s’y
collent encore, à la fois périphériques et fatidiques. Au milieu du jeu
sérieux, amoureux, à dimension méta, Douglas se démène, soigne son trauma, didactique doxa de la comédie
dramatique et psychologique américaine d’autrefois. L’escortent Robinson,
impitoyable, pitoyable, Hamilton, demi-sosie de Warren Beatty, sorte de Surmoi
et Ça déménagés de Vienne à Rome, car capitale commerciale de la pellicule
occidentale. Kirk pratique la fessée féminine, le coup de pied au cul, le
baiser ensoleillé, le bouquet offert. Il lui faut sortir de l’asile, faire
vite, finir le film, le second, celui que nous (re)découvrons, merci à l’amie, copie
sa léthargie, carbure à son énergie. Contre l’auteurisme contemporain des Cahiers,
mythologie de démiurgie, l’acteur/réalisateur s’appuie sur une équipe choc et
chic, valide les avis, dresse la diva, pivot de repos privé d’un beau bordel dirigé,
confident clément d’un cardiaque à salon et chambre écarlates. Prélude à un
repas presque à la Pialat, catfight
coda, le mentor menteur, increvable cavaleur, affirme sa profession de
foi : « En ces temps égoïstes, où le cynisme est roi, je plaide coupable
du crime de sensibilité ». Via
la voix du scénariste oscarisé Charles Schnee, le romanesque et le romantisme du cinéaste lucide s’expriment. Parc patraque ; adulation-détestation ;
prénom hitchcockien, la danseuse déguisée en cygne noir, au vert vénéneux, le valait
bien ; mise en abyme magnanime, jolie, sans nostalgie, douce-amère,
délestée des sarcasmes de Wilder (Boulevard du crépuscule, 1950) ;
producteur transalpin épicier éhonté ; statuette et chansonnette suspectes ;
doublage d’occase à l’image des vides visages à peindre place d’Espagne,
tourisme nocturne inclus, bienvenu ; plage de pedigree, une pensée pour celle du Chevalier des
sables
(1965) ; miroir de lit, de salle de bains, ce dernier d’ailleurs brisé, en
vain ; prostituées en voiture puis imprésario en visite ; jazz vocal et ivresse chorale avant un mémorable
et magnifique exorcisme automobile en transparences et travellings, cascade purificatrice en prime, baptême en tandem, christianisme en sourdine et en
rime à l’immaculée Veronica, art poétique et politique à propos de la sincérité
de l’artifice, de sa vérité bouleversante, bouleversée, de sa puissance de
renaissance ; aérogare de nouveau départ, de séparation-réunion, pré-vision
de l’unisson de Obsession (De Palma, 1976), l’ensemble mal-aimé, diminué, « émasculé »
(KD), à insuccès, cependant de JLG apprécié, accompagné d’une élégance raffinée, d’un
classicisme stylé, de surcadrages déterminés : moins subjectif et
définitif que La Vie passionnée de Vincent van Gogh (1956), pas moins composé,
documenté, Two Weeks in Another Town s’avère vite une réussite, opus optimiste, de prédilection, plein de (com)passion, d’émancipation,
souhaits de saison, non ?
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