Tendre et saignant

 

Un métrage, une image : The Chef (2022)

L’intitulé franglais, piqué d’une réplique leitmotiv, personnalise, tandis que le titre d’origine indique la cuisson, précise la pression, jusqu’au point d’ébullition, donc, Boiling Point de dur à cuire, de cuistot alcoolo, cocaïné, concurrencé, endetté, emmerdé, SDF pourvu de problèmes personnels, fifils et (ex-)femme au téléphone, proie d’une improvisée, pas si amicale, davantage de rival, lui-même, malgré sa célébrité de TV, « sept millions » de marmitons, allons bon, à la limite de la ruine, plaide-t-il, OPA au cours du repas, accompagné d’une critique en robe écarlate, séparée de surcroît, tendue à l’idée réalisée de laisser seules, une seule soirée, ses deux gamines à la maison, passons, à équipe tragi-comique, bien ou moins impliquée, presque pathétique, la serveuse malheureuse, au chemisier immaculé, s’en va vite s’écouler, sinon s’écrouler, aux WC, porte fermée, appelle à l’aide son papounet, puisque pas faite pour ce métier, conne appréciée de personne, en tout cas si l’on en croit la cheffe échauffée, lui balançant à l’instant au visage un ramage de mille outrages, confluence d’incompétence, d’arrogance, ou alors l’un des types sort la poubelle, acquiert auprès d’une conductrice, à crédit, un « dub » de ruelle, l’insulte comme on (se) salue, à minuit, fini pour lui, elle ne reviendra plus, chœur au cœur du coup de feu, collectif actif, respect de la parité, tolérance de l’homosexualité, car serveur gay, au mari de boîte de nuit portier, DJ aussi, en train de plaisanter à Noël avec d’amusées Américaines, main féminine et festive au cul incluse, dont la composition cosmopolite, de capitale britannique, suscite in situ, visitons en vitesse la seconde salle, un soupçon de racisme, ôte tes doigts « crasseux » de mon assiette, insolente blanchette, ordonne un client mécontent, en émule inconscient du médiatique Zemmour Éric, à la petite Black polie et pourtant patraque, cependant tout ceci, chargé, surchargé, vous en conviendrez, ne suffit, il faut en rajouter, accommoder les restes de manière preste, c’est-à-dire diluer en 2.35 la sauce du court métrage matriciel, développer le psychodrame apparemment choral, en vérité vissé en véhicule autour de l’acteur/co-producteur Stephen Graham (Venom: Let There Be Carnage, Serkis, 2021), via une vraie-fausse virtuosité de plan-séquence complet, à l’esbroufe chorégraphié, en caméra numérique portée, recette rassie de pseudo-thriller sans profondeur, gimmick technique estimé immersif, supposé épouser le stress de la profession, se calquer sur le rythme anxiogène du contexte, refléter la frénésie du resto guère rigolo, allergie alimentaire vénère au menu, secours bienvenus, influenceurs déçus, plutôt trio de connards portés sur le steak tartare, la grosse bière de gargote populaire, la drague à deux balles, toutefois, au final, le soufflé filmique, à selfie, s’effondre, à l’image du principal personnage, terrassé autant par la came sniffée, l’alcool avalé, que la culpabilité acceptée, le cœur épuisé, même si, cette fois-ci, le cameraman ne miroite sa sinistre immobilité, par la panique des participants disparus surplombée, a contrario de l’écho en duo de Cannibal Holocaust (Deodato, 1980) et C’est arrivé près de chez vous (Belvaux, Bonzel, Poelvoorde, 1992), satires méta montées, oui-da…                      

Commentaires

  1. En voilà un billet fort bien assaisonné ! Je me suis farcie la bande-annonce et haut le coeur m'en a pris, musique tapageuse, clichés dégoulinants, enfin en partie un écoeurement à l'image aussi de pas mal de restaurants aux USA ou pléthore de victuailles s'entassent devant des gens qui font la queue devant pour avoir enfin accès aux assiettes, le tout dans un vacarme assourdissant et videos et téléphones portables pour compagnonnages favoris, quel délice !
    Avec la génération Z tout ça va finir en eau de boudin, livraison de repas tout faits en chambrette locative oblige !

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    Réponses
    1. https://www.youtube.com/watch?v=v29QfOyuZ3Y

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    2. Combien de doses pour continuer de pouvoir déguster en "privilégié " au restaurant ?
      Three, four or more: what’s the magic number for booster shots?
      https://www.nature.com/articles/d41586-022-00200-9

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    3. https://www.youtube.com/watch?v=DkKUrZtNlps

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