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Un métrage, une image : Casino : No Limit (2008)
Le descendant de Dorcel, DG + VRP du
petit empire de son papounet, disait jadis à LCI « poursuivre un triple
objectif qualitatif », impératif d’un film « attractif pour le plus
grand nombre et pour toutes les générations – pour cela, il ne doit pas être
répugnant, ni bidon, ni ridicule », comment veux-tu, si tu recules… Le
fric ici s’affiche, objet-sujet d’économie libérale, non plus libidinale, de
logique commerciale, comptable, de voyage estival : 230 000 euros de budget, 2 h 30 de durée, 14 actrices, 12
scènes classées X, distribution à l’unisson dans 56 pays, en sus (moi bien)
d’une projection à la presse et de communication numérique un zeste, Ibiza, on y
reva, de longues années après More (Schroeder, 1969), d’accord. Tout
ceci sert à financer du locatif, par exemple yacht et villa, voilà, production values de parvenus, diégétiques, cinématographiques, se verra
réutilisé selon d’autres bandes sans doute autant débandantes, ne saurait
certes signifier une hausse du salaire des travailleurs du sexe assermentés,
moralité d’épicier, de capitalisme de dépaysement d’imposture, ainsi l’assure Léa Lazur. Réalisateur/scénariste de service, délesté de style, (dé)monteur des
(h)ardeurs, Bodilis abuse de l’oblique, pasteurise chaque situation, position,
plan, élan. Sa partie (fine) sans interdit, toutefois pas à l’infini, de
fornication en série, toujours en préservatifs fournie, cristallise de façon
caricaturale le simulacre d’une imagerie trop jolie, trop polie, contre
laquelle le réel, cru, cruel, s’esquive vite, malédiction de désincarnation, de
(dis)simulation, de congédiée stimulation, qui malmène même le tandem d’habitude extrême formé par
Nacho Vidal & Melissa Lauren, « good girl » agenouillée, au
ceinturon un soupçon étranglée, de sodomie crépusculaire, en plein air, croupe
en l’air, alcool inclus. Commencé comme un film de guerre supposé (re)présenter
deux atrocités – chasse à l’homme en uniforme avec ralenti à la gomme, torture humide,
électrique, masculine, roulette russe molto à la Cimino (Voyage au bout de l’enfer,
1978) – sises en ex-Yougoslavie, vive
le vilain Serbe, (Mario) Salieri en salive, (Peter) Handke se casse,
furax, Casino : No Limit
carbure au médiocre mélodramatique, pique à Belle de
jour (Buñuel, 1967) son paraplégique pathétique, plutôt que son
érotisme fantasmatique, triolisme de voyeurisme, voire l’inverse, Yasmine n’en
déprime, mystère de l’amour, impénétrable, à (double) pénétrer, eh ouais. Il se
voudrait vengeance au carré, accordée, thriller
de grande ampleur, il sombre fissa au sein de l’ersatz, de la silicone, de la
sinistre déconne, Tony Carrera n’efface Tony Montana (Scarface, De Palma,
1983). Cette interminable danse macabre d’automates interchangeables rend
malade, donne à désespérer d’une humanité pourtant peu méprisable, très
méprisée, hypocrisie pas jolie jolie de paluchage en ligne. Il s’agit en résumé
d’un ratage certifié, mal dialogué, tourné, mal interprété, souvent risible,
jamais intrépide, à s’infliger par fatigue, bras croisés, mains posées,
compteur calculé, où l’arc triomphal, métonymie de Paris, d’une pornographie
remplie de bourgeoisie, inverse le vagin, où Nina (Roberts) en coda revient,
fin ouverte d’embauche-débauche suspecte, le cercle se répète…
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