Le Mexicain

 

Un métrage, une image : Colorado (1966)

Première partie d’une vraie-fausse trilogie, poursuivie par Le Dernier Face à face (1967) + Saludos hombre (1968), Colorado propose de prometteuses prémices puis un peu s’enlise. La version disponible en ligne dure moins d’une heure et demie, l’italienne comporte quinze minutes de plus, circonstances atténuantes de critique clémente. Co-écrit par Donati (Il était une fois dans l’Ouest, Leone, 1968, Holocauste 2000, De Martino, 1977, Le Continent des hommes-poissons, Martino, 1979), éclairé par Carlini (La Peur, Rossellini, La strada, Fellini, 1954, La Charge de Syracuse, Francisi, La Grande Pagaille, Comencini, 1960, Frissons d’horreur, Crispino, 1975), produit par Grimaldi (Le Bon, la Brute et le Truand, Leone, 1966, La Chamade, Cavalier, 1968, Satyricon, Fellini, 1969, Le Voyou, Lelouch, 1970, quatre films de Fellini, plusieurs opus de Pasolini, deux de Bertolucci, Le Dernier Tango à Paris, 1972, 1900, 1976, Cadavres exquis, Rosi, Trauma, Curtis, 1976 ou Gangs of New York, Scorsese, 2002), La resa dei conti, donc le règlement de comptes, possède aussi les présences puissantes de Lee Van Cleef & Tomás Milián, les participations à l’unisson de Nieves Navarro, veuve avide, maîtresse SM, survivante esseulée, de Gérard Herter, attifé en officier prussien, duelliste taquin, adversaire very von Stroheim, n’omettons la modeste partition de Morricone, un générique psychédélique post-Leone, un tournage du côté d’Almería, de son désert très usité en ce temps-là, topos géographique, cinématographique, de co-production transalpine et hispanique. Doloriste et drolatique, le récit consiste en une chasse à l’homme  de palindrome, un jeu dangereux du chat trop sûr de soi et de la souris insaisissable, au fond fréquentable. Conte texan de capitalisme ferroviaire, de désir presque pédophile mortifère, de mariage arrangé, de futur sénateur fissa retraité, de Mormons, de colons, de boxon, de racisme réversible, de rouquins requins, de révolution avortée, de vérité renversée, de couteau comme prénom, comme punition, Colorado carbure à la culpabilité décuplée, affiche une féminité périphérique, cependant déterminante, adolescente invisible violée, tuée, prostituées solides plutôt que prostrées, épouse outrée, courroucée, suspecte, à couettes, érotise un brin les rapports masculins, par ici viens, que j’aspire à proximité de tes reins l’astuce ruse de venin, homosexualité d’imagerie congénitale quasi, remember la comparaison explicite et ironique des revolvers de La Rivière rouge (Hawks, 1948), ou la relation davantage qu’admirative entre Fonda & Quinn de L’Homme aux colts d’or (Dmytryk, 1959), longtemps avant le coming out récompensé du Secret de Brokeback Mountain (Lee, 2005).  L’auteur des estimables La Cité de la violence (1970) et Le Corsaire noir (1976) signe ainsi un divertissement soigné, une traque patraque, une rencontre à l’encontre des mensonges, des préjugés, un éloge de la liberté instrumentalisée, malmenée, aux mains liées, mais en vain, car rieuse et victorieuse…                                

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