De l’autre côté du miroir

 

De l’infâme et deux femmes, traitement, maintenant…

Tout cela semble un film qui n’en finit pas.

Jean Castex

Believe nothing you hear, and only one-half that you see.

Edgar Allan Poe

De l’invitée à visage découvert, le verbe s’avère clair et sincère. À la coercition, à la discrimination, à la paupérisation de saison, de désolation, des institutions, la parole d’Alice Desbiolles oppose en douceur ses valeurs, de « consentement », d’environnement, de dépassement. Spécialiste de la santé, calée en « éco-anxiété », affranchie des conflits d’intérêts, elle expose un point de vue sensé, pensé, à faire penser, elle ne divise l’humanité en deux entités, la première à « protéger », la seconde à dénoncer, à « emmerder, jusqu’au bout », donc, projetons, pourquoi pas, déjà le cas, suspension d’emploi, de toit, de droits. Tandis que depuis deux années annulées, le Pouvoir sévit en toute impunité, qu’il assimile désormais ce qu’il désigne par « irresponsabilité » à une cessation de citoyenneté, assortie d’une absence de « solidarité », l’épidémiologiste démonte en quinze minutes mesurées, avec lucidité, avec sérénité, un discours panique et psychodramatique, dont les effets nocifs se mesurent aujourd’hui en pédopsychiatrie, sinon en pédagogie. On savait de toute éternité ne rien jamais devoir espérer de la part du Capital, pantins point républicains, émissaires médiatisés, propagande stupéfiante, en circuit fermé, camelote mondialisée à écouler ; on expérimente à présent le « film-réalité » de la « nouvelle normalité », au moralisme cynique, à la vérité (in)validée, à la majorité masquée, à la marge muselée. Si tout ceci excède l’Hexagone, carbure au contrôle, du corps, de l’esprit, du mouvement, de la vie, une autre femme fréquentable nous accorde une pause tout sauf morose, en compagnie d’un auteur causeur. Interlocutrice complice, charmante et charmée, presque sosie de La Grande Sophie tressée à Ludivine Sagnier, Agathe Novak-Lechevalier, essayiste svelte et universitaire débonnaire, à laquelle Michel Houellebecq avoue « devoir » beaucoup, « intensité » appréciée, écoutez sa voix off sur le générique de fin, s’entretient durant une heure quarante, lit des extraits, remercie, applaudit. Elle connaît Balzac, elle décortique Stendhal, mecs eux-mêmes énamourés de miroirs à « promener » parmi la société, moins magiques a fortiori que celui de l’Alice de Lewis. Le familier du romancier, par ailleurs acteur, poète, « interventionniste » et bibliophile, ne découvre rien de révolutionnaire, Robespierre, détestation de Napoléon, à « canceler » illico, réhabilitation du troisième du nom, Hugo dut s’en retourner dans son tombeau, il ne saurait s’agir cependant de renoncer à l’échange amusant, amusé, réflexif, au risque du poncif. Fi du filmage digne d’une captation d’occasion, les mots du « jeune vieux » ne rendent malheureux, invitent à voir mieux, solitude versus servitude, amour (re)mis au (dé)goût du jour. En post-scriptum plutôt qu’en post-mortem, voici un texte célèbre, signé d’un satiriste d’asile. Diamant noir d’humour homonyme, traduit en français selon une fraternelle et stylée fidélité, celle, who else?, bien sûr de Baudelaire, Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume anticipe la théière douce-amère du Wonderland dingo, ironise au sujet du « roman noir », de Poe, pourtant estampillé psycho, la bête noire, pratique le renversement de perspective, possède plusieurs répliques prophétiques, imparable fable affable de notre modernité de surinsanité.          

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