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Affichage des articles du juin, 2017

Wallay : Le Petit Voleur

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Fête du Cinéma 2017, quatrième et dernier jour, séance de quatorze heures. Juif natif de Suède, citoyen suisse et burkinabé, documentariste et activiste d’Afrique, Berni Goldblat nous raconte une histoire d’origines, de racines, d’exil et de retour. Un gamin écrit une lettre à sa correspondante, adolescente au loin – six mois plus tôt, il faisait du business avec ses potes et se faisait gifler par son paternel célibataire. Sans mère, sans repères, sans biens autres qu’un clip de rap dans lequel il figure, le maillot de l’équipe de football du Brésil, son casque audio, son cellulaire conçu par Steve Jobs, sa tablette tactile, le voici expédié illico au Burkina Faso, chez tonton Amadou, homme âgé, un peu aigri, aussi inflexible que sa béquille. Là-bas, il trouve un grand frère, Jean, lui-même adopté par le patriarche, et un chapelet de femmes, belles, sereines, bosseuses, berceuses. Il va trouver davantage, il va se (re)trouver lui-même, peu à peu se déposséder de ses colif

Les Hommes du feu : L’Aube rouge

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Fête du Cinéma 2017, troisième jour, séance de vingt-et-une heures. En 1989, Pierre Jolivet réalisa une sorte d’exploit : rendre presque supportable Patrick Bruel dans Force majeure  ; en 1991, il signa Simple mortel , un film fantastique maladroit mais original, ou idem à l’envers, porté par un Philippe Volter universitaire, partenaire au même moment d’Irène Jacob dans le davantage troublant La Double Vie de Véronique . Puis le frère d’un humoriste sinistre, le meilleur ennemi de Luc Besson, pour lequel il écrivit Subway – on ne rit pas, s’il vous plaît –, le soutien des François, Bayrou avant Hollande, admirez ou regrettez le spectre des engagements politiques, le défenseur de la risible « exception culturelle » à la sauce européenne, s’orienta vers le supposé réalisme social à la française, léger malaise, dès l’appellation, non ?, en Pygmalion de Vincent Lindon, l’acteur riche qui adore jouer les personnages pauvres, sur et hors écran. Le reste de sa filmographie, franch

Album de famille : Allô maman, ici bébé

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Fête du Cinéma 2017, deuxième jour, séance de dix-huit heures trente. Formaliste et frontal, Album de famille à la fois indiffère et intrigue, déçoit et promet. Développé avec le soutien du Sundance Institute, co-produit par ARTE, ce premier long métrage d’un scénariste/réalisateur/monteur cristallise ou caricature une certaine tendance du cinéma dit d’auteur contemporain. Mehmet Can Mertoğlu assemble des blocs temporels, se soucie assez peu de progression dramatique, chronique le quotidien d’un couple de parents adoptants. En France, la réception critique numérique, positive ou négative, aussi clairsemée que le public dans la grande salle régionale, experte en sociologie, guère craintive de généralisation, nul ne l’ignore, classe l’ opus en portrait satirique de la classe moyenne turque, sinon du pays tout entier. Moins préoccupée d’exégèse géopolitique, la distribution hexagonale, via sa bande-annonce guillerette, préfère mettre en valeur la dimension de comédie noire, d

La Momie : Code Mercury

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Fête du Cinéma 2017, premier jour, séance de vingt-et-une heures. Même récit introductif, même recours à la mythologie, même détour par l’Angleterre, même présence d’un musée, même féminisation du protagoniste, même nudité masculine, même sens du sacrifice, même transparence de la réalisation et même enrobage musical made in Hollywood : à première vue, on pourrait rapprocher La Momie de Wonder Woman . Mais, telle la fille infortunée privée du trône royal, signataire d’un pacte faustien anachronique avec un dieu à tête de chien, voire de chacal, d’où sa double pupille dédoublée, puits d’ambre revanchard au fond desquels contempler une éternité tatouée, assoiffée de survie et de résurrection, il convient de mieux voir, de regarder en stéréo, pour ainsi dire. Sous la relecture des aventures d’une chère créature lucrative depuis bientôt un siècle, sous le remix des improbables rencontres humoristiques entre les monstres du bestiaire littéraire annexé par Universal, se dissimu

Wonder Woman : L’Espion qui m’aimait

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Fête du Cinéma 2017, premier jour, séance de quatorze heures. Naguère, Patty Jenkins signa le surfait Monster , « véhicule » pour Charlize Theron enlaidie afin de ressembler à une actrice oscarisée, accessoirement portrait inspiré d’un fait divers d’une tueuse en série de mecs ineptes réduits à leur braguette. La revoici longtemps après, aux commandes d’une belle histoire d’amour déguisée en blockbuster estival. Une mise au point s’impose d’emblée : dans Wonder Woman , on ne trouve aucun super-héros, Dieu merci, mais l’on découvre une déesse en mission. Avec son Identification d’une femme à elle, loin des brumes de Ferrare, plutôt dans le brouillard létal du gaz moutarde, la réalisatrice opte pour un classicisme de saison qui ne prend jamais le spectateur/la spectatrice pour des cons. Si les combats titanesques relèvent du jeu vidéo, si les paysages paradisiaques versent dans le chromo, ils participent aussi d’une réflexion en actes et en images sur l’idéalisme, la transmi

Cyrano de Bergerac : Deux garçons, une fille, trois possibilités

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Suite à son visionnage sur le service Médiathèque Numérique, retour sur le titre d’Augusto Genina. I loved you since I knew you I wouldn’t talk down to you I have to tell you just how I feel I won’t share you with another boy Police, Roxanne Comme dans Crash , le romanfilm de James Cronenberg & David Ballard, fusion féconde d’imaginaires documentaires – le sexe et les sentiments, glacés, brûlants, à la fin du vingtième siècle, derrière le pare-brise/écran d’une modernité individuelle, accidentelle, sectaire et expérimentale –, il s’agit, une fois encore, de triolisme littéraire, de copulation par profération, autant que par procuration. Voici un film sensoriel, où le vent, invisible, apparaît en premier, se manifeste lors du ravissant frisson des arbres et des coiffes. Il sied de noter, dès à présent, l’excellence mesurée de la musique, composée par Kurt Kuenne en 1999, année de restauration/production due à David Shepard, archéologue infatigable, notamment

Texas : L’Attentat

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Suite à son visionnage sur le service Médiathèque Numérique, retour sur le titre de Tonino Valerii. Si la critique, le public et le marketing attribuent encore, pour une large part, Mon nom est Personne à Sergio Leone, Texas , son méconnu prédécesseur, revient de plein droit au signore Valerii, malgré l’apport acté des scénaristes Massimo Patrizi, collaborateur de Comencini, notamment sur Le Grand Embouteillage , et Ernesto Gastaldi (non crédité), stakhanoviste auquel on doit, entre autres, les trames de Le Corps et le Fouet , La Dixième Victime , L’Homme sans mémoire , Le Grand Alligator , Il était une fois en Amérique ou… Mon nom est Personne , bis . Western œdipien avec fils orphelin, adversaire de naguère durant la récente guerre de Sécession, désormais vengeur et pacificateur, Texas , outre annoncer la dynamique familiale et masculine du duo Henry Fonda/Terence Hill, inverser son révisionnisme ludique au profit d’une raisonnée realpolitik, s’inscrit dans une nébuleus