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Affichage des articles du avril, 2022

Toine

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  De la vaseline et un oignon : San-Antonio ? Oh non… Cela pourrait s’apparenter disons à une profanation, si l’on considérait la littérature comme sacrée. Cela pourrait passer aussi pour une assez sinistre plaisanterie, un exercice de révisionnisme risible, vide et stupide. A priori sensible aux critiques possibles, Fournier trois fois se justifie, prétexte de son patronyme homonyme, nous rejoue l’air déjà rassis du qui aime bien, châtie de même, amen , envisage l’ouvrage à l’image d’une recommandation à « lire ou relire » le renommé modèle, idem . Mais il s’agit, en vérité subjective, la mienne, la sienne, que double celle du diariste, de davantage, d’un drôle d’hommage, d’une recréation, voire récréation, au-delà d’une destruction. Composé de quatre parties de taille inégale, conclu selon un inventaire presque à la Prévert, Le Petit Meaulnes expose à petites doses, sous la forme d’un calendrier écrémé, étendu sur quarante-quatre années, avant et après deux guerres, une rivalité

Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera

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  Car le « roman de gare » relève de la « littérature d’évasion » et d’émotion… Docteur Dard et Mister San-Antonio ? Oui et non, puisque Poison d’Avril ou la Vie sexuelle de Lili Pute propose aussi, vingt-sept ans après Le Tueur triste , un dilemme moral, met au programme un homme et des femmes. Cette fois-ci, on suit Antoine & Marie-Marie en Espagne puis en Malaisie, escale à Hong Kong incluse, départ de Pékin compris. En 1996, Alain Peyrefitte affirmera que La Chine s’est éveillée , mais dès 1985, elle séduit, elle dézingue, façon Félix Faure, donc grande + petite mort. Carrément contemporain du bouquin jamais malsain, L’Année du dragon (Cimino, 1985) dut essuyer, on le sait, on s’en souvient, les critiques de quelques autoproclamés représentants de la « communauté asiatique », alors que le petit polar de Dard ne froissa personne, passa comme une lettre à la poste. Poseur, imposteur, l’auteur à succès, dissimulé derrière le nom de son commissaire doté d’une renommée mondiali

Les Invisibles

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  Un métrage, une image : I See You (2019) Un film de cinéaste, pas souvent, pas assez, pléonasme ? Un film de scénariste, pourrait-on formuler, en l’occurrence celui de l’acteur Devon Graye, coup d’essai, coup point raté. Le prologue, avec son ado à vélo, sa ruralité pasteurisée, petites chutes d’eau, long pont à étoilés drapeaux, en drone survolée, laisse déjà deviner un certain malaise, gaffe à la forêt, au vol improvisé. Soudain surgit le visage vieilli de Helen Hunt, psychiatre patraque, mère adultère, « briseuse de famille qui dois payer pour ton crime », lui crache en rage, au petit-déjeuner, son grand garçonnet, les fraises et les pancakes provoquent ensuite chez le mari flic une colère similaire, par la fenêtre fermée passe aussitôt le cellulaire. Du thriller pédophile, on passe peut-être au suspense fantastique, suppute le spectateur sans peur, de se tromper, d’être (dé)trompé, puisque une présence se ressent à l’intérieur de cette maison tout sauf du bonheur, vaste e

Gone with the Wind

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  Un métrage, une image : The Wind (1986) Encore une femme américaine, encore une île grecque, pourtant, cette fois-ci, ni enfant, ni messie : deux années après The Time Traveller (1984), Mastorakis oublie Adrienne Barbeau, enrôle Meg Foster, la transforme en romancière (de thrillers ) douce-amère, cf. sa blague liminaire, Jésus & Geppetto, Dio mio, sa discussion entre copines, au bord de la piscine, elle se sent masculine, elle veut « de l’action », elle écrit sous le pseudonyme de Sian Anderson. Sur place, ça souffle aussi fort que chez Sjöström   ( The Wind , 1928) & Tammi ( The Wind , 2018) réunis, le village vide ressemble à un cimetière en pleine mer, le propriétaire paraît presque patibulaire, surtout sous les traits de Robert Morley ( Topkapi , Dassin, 1964), « vieux radoteur » marié, à faire le MLF fulminer. La résidente de Chicago rencontre « l’homme de ménage » illico , compatriote au CV interlope, qu’incarne Wings Hauser, tout-terrain acteur, revu via Rubber

Que c’est triste Venise

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  Aznavour, mon amour ? Donaggio, en morceaux… Caro Pino, d’aucuns diraient que tu reviens de loin, mais tes crooneries pas si conneries, de « dernier romantique » assumé, revendiqué, surent séduire Mina, Dusty (Springfield), Elvis, jadis. Balavoine invitait les « chanteurs de charme » à « nous rendre nos femmes » ; quand le succès décrut, tu ne rendis les armes, tu composas au pied levé, producteur paraît-il croisé, anecdote de bord de flotte, pour un remarquable et remarqué mélodrame dû à Roeg, qui attira l’oreille d’un cinéaste mélomane nommé De Palma, oui-da. Que deviendraient ses films sans tes musiques ? Question rhétorique, sinon stupide. Ni ersatz de Herrmann, ni émule de Morricone, plutôt couple privé d’entourloupe, à la Montaigne & La Boétie, des différences d’idiomes, faisons fi, tes contributions beaucoup (de toi) leur accordent, précises, précieuses, logiques, lyriques. Sissy & Angie sous la douche, au lycée, au musée, Nancy assassinée, immortalisée, Melanie doub

Un chant d’amour

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  Boucle (dé)bouclée, moyen métrage emprisonné, homme protéiforme salué… 1967 : Perrin (dé)peint l’étoile de ses toiles, marin romantique, homoérotique, magnifique, à rendre humides les demoiselles (de Rochefort, d’abord) et (ra)mollir les mecs, même s’ils ne l’admettent, modèle de mélancolie solaire auquel répondra le Querelle (1982) crépusculaire de Fassbinder. 1988 : Perrin se souvient, de l’enfance d’autrefois, du décès du cinéma, déjà, lieu social de lien social, de projection alors artisanale, surtout en Sicile, aussi le cinéaste esseulé pleure de bonheur, devant le bouquet de baisers censurés, laissé en legs par le trépassé Noiret, il en oublie Berlusconi. 2022 : Perrin s’éteint, sans doute serein, à quatre-vingts ans vécus sans perdre de temps, acteur de valeur, financier jamais épicier, documentariste écologiste, cinéphile sincère et sensible. Au ciné, on le vit dans La Vérité (Clouzot, 1960), « Et Satan conduit le bal » (Dabat, 1962), Compartiment tueurs (Costa-Gavras,

Les Visiteurs

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  Un métrage, une image : Communion (1989) Commencé comme une comédie domestique, puisque PC planté, canard cramé, pompiers dépités, amende accordée, Communion – titre explicite, a fortiori de la part d’un auteur catholique – se transforme fissa en mélodrame familial, doit la majeure part d’un indéniable charme aux excellents, attachants, amusants, émouvants, Christopher Walken & Lindsay Crouse, le premier recommanda la seconde, dans son sens on abonde. Si le méconnu Mora, signataire aussi des a priori dispensables Hurlements 2 (1985) et 3 (1987) manque d’individualité, apprécie les œuvres d’art et les travellings compensés, il dispose d’assez de précision pour permettre au beau couple de ciné de pleinement s’exprimer, donner à ressentir un sentiment d’intimité, d’adulte (re)connaissance et de solidaire complicité. En surface, voici donc de la forestière ufologie, des Blue Visitors , ainsi les désigne le générique, d’accord, du ravissement pas un instant ravissant, de

Space Cowboys

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  Un métrage, une image : Les Mercenaires de l’espace (1980) Corman & Cameron, le premier produit, pardi, en casse presque son tiroir-caisse, le second cumule les fonctions, alors à l’orée de la carrière que l’on connaît. Derrière ou au-delà de la caméra, d’autres mecs de talent, se moquant du manque d’argent : le subtil scénariste John Sayles ( Piranhas , Dante, 1978, L’Incroyable Alligator , Teague, 1980, Hurlements , Dante, 1981, Le Clan de la caverne des ours , Chapman, 1986), aussi l’auteur du renommé Brother (1984) ou du beau Limbo (1999) ; le directeur de la photographie Daniel Lacambre ( La Carrière de Suzanne , Rohmer, 1963, Le Père Noël a les yeux bleus , Eustache, 1966) ; le compositeur James Horner ( Krull , Yates, 1983) et, last but not least , le réalisateur Jimmy T. Murakami, animateur émérite, amateur de tortues, surtout ninja, encore clipeur pour Kate Bush, sinon Elvis ( King of the Mountain ). Devant, sur l’écran, un casting choral impliqué, impeccable, men

La Pitié dangereuse

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  Bérurier ? Bresson… Découverte idéale aujourd’hui, Le Tireur triste , beau titre, démontre que Frédéric Dard possédait un style précis, rapide, que l’argotique sait aussi se soucier d’éthique. Le grand petit roman amusant, émouvant, écrit au cordeau, aucun mot de moins, de trop, structuré en boucle bouclée, passant du présent au passé composé, de l’exposé objectif au récit subjectif, presque post- mortem , commence sur un défilé festif, à Nice, se termine sur un cortège funèbre, au carré, car macchabée au creux de la Chevrolet « bien briquée qui accapare tout le soleil », amen . Dédié avec « affection », sans affectation, aux amis Hossein & Vlady, salut aux Salauds vont en enfer (1956), à Toi, le venin (1959), aux Scélérats ( idem ), au Caviar rouge (1986), qu’il inspira ou auxquels il participa, Le Tueur triste se souvient bien sûr du Silence de la mer , le livre de Vercors, paru pendant l’Occupation, le film homonyme de Melville, sorti en 1949, huis clos doux-amer de mu

Le Médecin imaginaire

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  Un métrage, une image : Molière (1978) Pendant l’épilogue, la troupe en groupe piétine, à l’image du film, comme placée sur un escalator au sens inversé, prière de ne point pouffer, essai très raté de pathos sur du Purcell, cinq ans avant l’emploi surprenant et inspirant de Pialat ( À nos amours , 1983), cinéaste mélomane qui accompagne sa sirène Sandrine de la valeureuse version de Klaus Nomi, oh oui. Blanchi et rougi, en sursis, à l’agonie, Caubère ressemble un brin au Joker, mais ce chemin de croix laïc, merci aux religieux hypocrites, idem tragi-comique, ne se soucie de psychologiser une sociétale insanité, davantage de décrire une France déjà fracturée, puisque provinciale et royale, de famine et de fête, « d’errance » et d’arrogance. La fifille d’Alexandre Mnouchkine, lui-même de Lelouch à plusieurs reprises le producteur, se fait ici renvoyer l’ascenseur, bénéficie du fric des Films 13, de celui aussi d’Antenne 2 et de la RAI. Linéaire et scolaire, son (trop) long Moliè

Ma petite entreprise

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  Mouron de Pathé Gaumont, devancier d’UGC… Passée inaperçue du public post -pandémique, l’ouverture du capital du groupe CGR Cinémas, comprendre sa « mise en vente de l’ensemble », se voit dotée d’un dossier d’actualité, dénué de la moindre malice, paru parmi la revue professionnelle Boxoffice , dont la une, reproduisant l’affiche de Doctor Strange in the Multiverse of Madness (Raimi, 2022), suscite aussitôt un titre alternatif, dédié à l’étude de l’étrangeté des multiplexes, de leur folie (pas si) inoffensive. À lire l’entretien du DG serein Bouyssy Jocelyn , tout va très bien, marquise, en dépit d’une « crise » qui s’éternise, d’un écosystème français en train de se métamorphoser, à la vitesse grand V, cf. illico l’édito. De La Rochelle à La Ciotat, d’aujourd’hui à autrefois, le succès, insolent ou stimulant, ne s’arrête pas là, se diversifie fissa. De père en fils, sous l’égide d’un ex -« opérateur projectionniste », on s’occupe donc de restauration, rapide ou non, de distribut

Broken Flowers

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  L’incontournable, l’acclamé, la solitude, le secret… Ce qui séduisait, chez Michel Bouquet ? Disons sa discrétion, sa douceur menaçante. Le CV de « l’anarchiste calme » ne révèle rien de remarquable, c’est-à-dire de malséant, le comédien molièrisé, l’acteur césarisé, l’homme de multiples fois légionné, se verra de surcroît honoré d’un hommage national aux Invalides fin avril, bigre, Poquelin ne s’en soucie point, nous itou. Quant aux psys, qu’ils s’astiquent avec à peine ceci, à savoir une enfance a priori assez triste, puisque pénible pension + petits condisciples à la con. Au-delà du fait avéré d’avoir su interpréter comme un condensé du citoyen pompidolien dans la France familière, étrange, fiévreuse et réfrigérante des années septante, Bouquet philosopha à la Flaubert, vécut en bon bourgeois, en incarna, laissa deviner sa demi-démiurgie, se préoccupa aussi de pédagogie. Sur scène, il joue Gide, Camus, Anouilh, Molière, Ionesco, Pinter, Beckett, Bernhard, Shakespeare & St

L’Étranger

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  Un métrage, une image : Trois vies et une seule mort (1996) Film à sketches , financé par feue La Sept ? Matrice apocryphe, allez, de Lost Highway (Lynch, 1997) ? Opus pirandellien, plutôt plaisant, dépaysant, en définitive à la dérive, bien vain ? Tout ceci, oui, et surtout, a posteriori , une apologie du récit, « crédulité » déconseillée, celui d’un homme, de ses drôles de rhizomes, de ses vies revisitées, visualisées, avérées ou rêvées, à envier ou à éviter. Shéhérazade cherchait la chute, conteuse qui séduit, suscite le sursis ; au sein de l’autarcie assourdie du studio de radio, à l’image de celle du métrage, Bellemare enfile les fils de biographies en fuite, tisse une tapisserie de panoplies, de tromperies, de parallèles puis de perpendiculaire d’épilogue crépusculaire. Si Les Mille et Une Vies de Billy Milligan de Daniel Keyes se soucie de psychologie, Le Festin nu (Cronenberg, 1991) de fiction, d’autofiction, de création, de destruction, de rédemption, de damnation,

Alexandre

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  Un métrage, une image : Les Poings dans les poches (1965) Tramé à domicile, financé en famille, le premier film de Bellocchio passa aussitôt pour un brûlot, scandalisa molto, ne séduisit ni Buñuel ni Antonioni, tant mieux, tant pis. Redécouvert aujourd’hui en version restaurée, beau boulot de l’éphémère dirlo photo Alberto Marrama, ensuite au service de la TV, du documentaire dit engagé, il s’avère vite une comédie dramatique, un mélodrame drolatique, dont l’humour noir autorise une discrète tendresse, exorcise le désespoir, presque. « Quel supplice de vivre ici ! » s’écrie en sourdine le souriant Leone, candide débile désolé d’un autodafé de maternel mobilier, Marat de médoc, cadavre à la flotte. Plus tard, dessillée, sidérée, à la renverse tombée le long de l’escalier, donc alitée, sa sœurette suspecte, cf. la liminaire lettre, un peu anonyme, pas très maligne, conseillera de s’incruster au frérot Augusto, lui-même idem au courant des meurtriers agissements, car uniquement les