The Priests

 

Un métrage, une image : Elefante blanco (2012)

Un examen du cerveau, un massacre de villageois, un curé condamné, un second rescapé, couple en route puis en déroute, qui carbure of course à la culpabilité, reflétée, différenciée, qui s’active, charité chrétienne oblige, au creux d’un décor en or, d’un milieu miteux, squelette d’hosto historique, aussi symbolique, puisqu’il concentre les pathologies sociales, abyssales, du pays : durant deux plans-séquences remarquables et remarqués, le cinéaste argentin, d’une formation d’architecte doté, arpente dans les deux sens le bidonville devenu asile, de déshérités, de cinglés, à savoir de narcos cathos pas très catholiques, davantage dealers claniques, portés sur la vendetta, le cadavre en brouette tu récupéreras. Les pères opèrent, épaulés par une assistante sociale cordiale, tout sauf tentatrice et toutefois irrésistible, bientôt au bord du burn-out, because ouvriers à payer, argent municipal détourné, sans doute à cause du clergé. Le prologue de Elefante blanco peut certes rappeler Apocalypse Now (Coppola, 1979), la suite se souvenir de La Cité de Dieu (Lund & Meirelles, 2002) et Gomorra (Garrone, 2008), sembler en sus dialoguer à distance avec Invasion Los Angeles et Vampires (Carpenter, 1988, 1998), pourtant Trapero possède son propre style, ici co-producteur et co-scénariste, en train d’immortaliser, de malmener, sa compagne Martina Gusmán. Dédiée au disons martyr Muhica, musiquée en mode économique et en trinité par Michael Nyman, en partie co-écrite par Santiago Mitre, le réalisateur du dispensable El Presidente (2017), Ricardo Darín idem, cette chronique à demi fatidique mérite la (re)découverte de ses cent minutes de tumulte adulte, tramées au moyen d’une maîtrise de chaque instant et plan, mêlant habilement l’individu et la communauté, le public et le privé, la vocation et la déréliction. Elle (dé)montre en même temps ses limites, même si elle évite l’angélisme, le manichéisme, le prosélytisme. D’un espace ceinturé, surveillé, en autarcie, quasi à l’agonie, au suivant, par conséquent, de la jungle cimetière à l’ensoleillé monastère, en passant par le mammouth mortifère, Elefante blanco ne parvient à esquiver tout à fait, en dépit de sa lucidité, de sa sincérité, le romanesque presque prétexte, le documentaire doux-amer, comme complices, au service, de son valeureux triumvirat, mention spéciale à Jérémie Renier, prêtre belge en proie au tendre démon de la chair, au diable douloureux de la misère, au prénom de prophète, à l’apaisement obsolète. Hormis le tandem de Monito & Cruz, désignations en situation, de camé, d’infiltré, d’adolescent attachant et assassinant, d’agent double et trouble, l’auteur demeure hélas à la surface, se moque de l’étoffe, s’en tient au triangle, délaisse la fresque. Les habitants du quartier se réduisent ainsi à d’anonymes et insipides silhouettes placées en retrait du cadre et à la périphérie du récit, y compris lorsqu’elles occupent, a posteriori, un rôle central, un poste capital, pensons à Carmelita & Sandoval, paire impitoyable. Au début du siècle, un cinéma réellement social, politique, sis au sein de la Cité, surtout sur le point de craquer, de (se) manifester, les flics fissa rappliquent, descente/plan-séquence intense, surgi des cendres des idéologies, de masse(s), de massacres, bis, car communisme et nazisme inhumés parmi le siècle (tré)passé, s’avère-t-il possible ? Apparemment pas, ne pleure Evita.

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