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Affichage des articles du mars, 2022

Arrêt d’autobus

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  Un métrage, une image : Un drôle de dimanche (1958) Bien moins doué que le second Allégret, Marc trame un mélodrame terminé en comédie, merci à la maladresse masculine doublement humide. Ex -capitaine que cocufie son ancien sous-lieutenant, tiens, Hanin, Bourvil incarne un vétéran blessé dans sa virilité, en souffrance de la fuite de sa pharmacienne de femme, qu’il rencontre encore à côté d’une traction, qu’il va essayer d’épater au volant de l’empruntée Chevrolet de son patron, colonel au civil, manager magnanime. Peut-on démoraliser un homme, un mec démobilisé, au propre, au figuré, de surcroît collectionneur de gramophones de malheur, à cause d’un manteau ? « Garce » pas si dégueulasse, au cœur reconquis presque de guerre lasse, Danielle Darrieux déclare oui illico , affirme le soi-disant deuxième sexe « fragile », « vulnérable », éprouve le besoin un brin mesquin d’être en beauté, « rassurée », par ici la monnaie. Le « publiciste » dépressif croise au creux de l’escalier de s

L’Homme aux mille visages

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  Un métrage, une image : Mesrine (1984) « Il n’y a pas de héros dans la criminalité » résume Mesrine, cadavre d’automobile, pare-brise percé d’une pluie de projectiles, Sylvia blessée, sortie, clébard occis. Cinq années après ce décès controversé, vingt-quatre ans avant le diptyque assez anecdotique, très longuet, de Richet ( Mesrine , 2008), le producteur de La Gueule ouverte (Pialat, 1974), La Race des « seigneurs » (Granier-Deferre, idem ), Vive la France (Audiard, idem ), Émilienne (Casaril, 1975), Une vraie jeune fille (Breillat, 1976) ou Mado (Sautet, itou), surtout de plusieurs Chabrol, reconstitue la cavale d’un cas d’école. Le ciné ne pouvait pas ne pas s’intéresser à l’intéressé, surnommé à la Lon Chaney, Jacques transformiste, fataliste, « clown triste » surpris en train de danser, « cabot » casqué occupé à enregistrer ses mémoires, bien sûr d’outre-tombe, scène symbolique, concentré de lucide solitude, de désarmant ridicule. Documenté davantage que documentaire,

Avatar

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  Deux métrages, deux images : Le Clone (1998) + Voyance et Manigance (2001) Ces comédies chorales et sentimentales, à insuccès assuré, possèdent plusieurs points communs : TF1 les produit, on y retrouve Dieudonné, avatar puis voyant, Zinedine Soualem, excité, licencié, les Hazanavicius, Michel & Serge, frérots en duo, le second interprète, le premier co-écrit. Conversi éclaira du Kurys, Un Indien dans la ville (Palud, 1994), Pédale douce (Aghion, 1996) ; Fourniols assista Mocky ( Noir comme le souvenir , 1995), Bourdon & Campan ( Le Pari , 1997). La paire ni prolifique ni prospère de réalisateurs très mineurs s’appuie sur la direction de la photographie de Bruno de Keyzer, collaborateur régulier de Tavernier, de Gérard de Battista, fidèle partenaire de Jugnot & Miller. Le Clone croise Docteur Jerry et Mister Love (Lewis, 1963) avec Electric Dreams (Barron, 1984), Voyance et Manigance , dédié à Quentin Florence, l’ancienne scénariste de Chatiliez,   s

Mémoires de nos pères

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  Un métrage, une image : Permis de construire (2022) En tout cas Colonna échappa à cela ? Pas totalement, car moment de basculement, quand le chevrier, reflet fictif du « berger de Cargèse », se confie à la gracieuse Anne Consigny, croisée chez Lioret ( L’Équipier , 2003), Marchal ( 36 quai des Orfèvres , 2005), Schnabel ( Le Scaphandre et le Papillon , 2007), Richet ( Mesrine , 2008) ou Resnais ( Les Herbes folles , 2009), au sujet de rochers, de solitude, d’apprendre à se connaître puis à s’aimer, Pagny opine. Ensuite, un éleveur syndicaliste, aussi loueur de grosse bagnole, sur sa carte de visite on avise Auto Nomi, pardi, caméo amical de Jean-Claude Acquaviva, l’un des chanteurs de A Filetta, prononce cette phrase à la fois lucide et terrible, en effet digne d’un « philosophe anonyme » : « En Corse, on respecte plus les morts que les vivants », qui vient percuter l’actualité, c’est-à-dire le décès de « l’assassin présumé du préfet Érignac », à trois reprises/procès condamné, e

Brazil

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  Une chanson et deux déclinaisons… Ce qui rend irrésistible Aquarela do Brasil  ? Sa « mélancolie » pas si en sourdine, peu propice à la déprime, son « exaltation » d’unisson, d’assumée transformation. En 1939, année damnée, voici du neuf, ensuite illustré/adoubé par Disney ( Saludos Amigos , 1942), disons à la moitié d’une guerre mondialisée. D’une Amérique à l’autre, latine et nordiste, la belle aquarelle, nationale et non nationaliste, connaît le succès, devient vite un classique instantané, voire controversé, sans cesse relooké, mention spéciale à la version radicale, plutôt martiale que tropicale, quoique, de l’éphémère et royale Elis Regina. Ary s’inspire de la pluie, célèbre un pays, « troubadour d’amour » en train d’immortaliser une terre religieuse, « malicieuse » et « délicieuse », de signer une samba superbe, modèle, peut-être immortelle, dont l’impressionnisme épique se métamorphose en romantisme nostalgique, merci aux lyrics de Russell, collaborateur d’Ellington, parte

Giorgino

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  Orwell à la truelle ? La Bête et la Belle… Le machinisme et le sentimentalisme de Metropolis (Lang, 1927) se devaient de séduire Giorgio Moroder, musicien cinéphile, producteur à succès, un temps résident allemand, comme d’ailleurs Donna Summer, itou auteur d’accompagnements appréciables à destination de Midnight Express (Parker, 1978), La Féline (Schrader, 1982), Flashdance (Lyne, 1983), Scarface (De Palma, idem ), Electric Dreams (Barron, 1984), Over the Top (Golan, 1987) ou Fair Game (Orfini, 1988). Sa version pas à la con, « presented with a contemporary score, sound effects and colour », « re-construit et adapte » un métrage, ne l’endommage, lui rend hommage, rendit vénère les auto-proclamés experts et autres fiers thuriféraires. Droits acquis, surenchéris sur Bowie, tant mieux, tant pis, le natif d’Ortisei co-signe avec le parolier Pete Bellotte les intertitres et les sous-titres, accélère la cadence, donc le défilement, remercie aussi au générique Parker & Sch

La Loi du milieu

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  Un métrage, une image : Get Carter (2000) Remake merdique d’un reconnu classique,   doublé d’un médiocre mélodrame familial et moral, l’avéré navet de Mister (T.) Kay, par ailleurs auteur du recommandable Boogeyman (2005), mérite son insuccès critique, économique. Mike Hodges, le réalisateur de Get Carter (1971), a priori jamais ne le vit, comme on le comprend, comme on compatit. Au-delà d’être un véhicule ridicule, un opus aseptisé, plastifié, pour sa star alors esseulée, en dépit de la réussite émouvante de Copland (Mangold, 1997), avant la revisite inévitable de ses deux avatars increvables ( Rocky Balboa , John Rambo , Stallone, 2006, 2008), des deux côtés de la caméra, cette fois, il s’agit aussi d’un film d’amis, puisque le cher Sylvester connaît Caine depuis le sympathique mais anecdotique À nous la victoire (Huston, 1981), qu’il collabore, s’en portant garant, en cas de déconne, prenez une part de mon argent, avec Mickey Rourke, lui-même assez essoré, jusqu

Gilda

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  Un métrage, une image : Les Siffleurs (2019) Petit polar au prologue porté par Iggy Pop, pertinent ( The ) Passenger , où entendre itou l’incontournable Anna Netrebko, la brechtienne Ute Lemper, Mozart, Offenbach, Orff, Strauss (Johann, pas Richard), Tchaïkovski, cf. la colorée compilation, finale et végétale, à Singapour, mon amour, Les Siffleurs s’essouffle fissa, laisse assez vite deviner son épilogue énamouré, quasi timide, presque premier rendez-vous plus relou, réponse souriante à la copulation de l’interpolée introduction, toutefois fi de frontal nudity , puisque enveloppe de fric pratique. Ici, le sexe participe du pouvoir, du spectacle, de la tromperie, chevauchée sans cheval, sinon étalon, western d’athlète, (sur)cadré en écho à l’homologue des Patriotes (Rochant, 1994). Il renseigne aussi, car la corruption n’empêche l’émotion, la mise en scène, guère obscène, les sentiments, la vidéo-surveillance, en mode La Vie des autres (Henckel von Donnersmarck, 2006), l’ave

La Douleur

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  Un métrage, une image : « Ça n’arrive qu’aux autres » (1971) Deux ans avant Ne vous retournez pas (Roeg, 1973), « Nadine Marquand Trintignant écrit et filme » la mort d’une enfant, le comportement des parents, s’inspire du décès de la sienne, celle aussi de Jean-Louis. Tandis que Marie, dédicataire, en plein air, s’occupe d’un oiseau, avec un taiseux Benoît Ferreux ( Le Souffle au cœur , Malle, 1971), le générique aligne les noms en relation, sinon d’une génération : Lelouch & Pinoteau, Serge Marquand & Catherine Allégret, William & Nicole Lubtchansky, Michel Polnareff & Jean-Loup Dabadie , Corneau & (Élisabeth) Rappeneau. Durant une heure trente de douleur, le spectateur quitte pendant une demi-heure le grand appartement, fi du téléphone, voici des bougies, décoré par Gitt Magrini ( Le Conformiste , Bertolucci, 1970 ou Peau d’Âne , Demy, idem ), qui costume en sus. « Catherine » & « Marcello » désirent « rester tranquilles », portent de drôles de robes,

La dolce vita

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  Un métrage, une image : «   Et Satan conduit le bal » (1962) Trois couples, une entourloupe, la route, la déroute : huis clos clair comme un tombeau, beau boulot de l’incontournable Raoul Coutard en dirlo photo, l’unique directive de Grisha Dabat, cinéaste éphémère, désormais centenaire, jadis scénariste de Bénazéraf & Pécas, ici sous l’égide de Vadim, qui adapte, dialogue, produit, commence sur un accident automobile, se termine sur un meurtre homonyme, il s’agit ainsi de la chronique d’une mort annoncée, durant quatre-vingts minutes congédiée, esquivée. Du côté de Collioure, ça papote à propos d’amour, ça s’ennuie, style Antonioni, le spectateur d’aujourd’hui un peu, aussi, ça se livre, voire se délivre, à des (dé)liaisons évidemment dangereuses ( Les Liaisons dangereuses 1960 , Vadim, 1959), où Ivan se plante, de dame, de macadam , supplante, même émotion, Valmont. Le pascal ou estival marivaudage vite dévie vers le naufrage, le chantage, la balle dans le dos, presque en

La Famille Addams

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  Un métrage, une image : Maison de retraite (2022) Co-écrit, co-produit, conduit par le principal intéressé, au demeurant guère intéressant, au propre, au figuré, alors au volant d’un autocar coloré, customisé, very gay , piqué aux mecs honnêtes de Priscilla, folle du désert (Elliott, 1994), Maison de retraite semble en surface se soucier de vieillesse, d’abus de confiance, d’adulescence, mais ceci se dissout, au profit de l’utopie. Face à la France d’Éric Zemmour, ses fractures, ses frontières, sa soif d’hier, voici celle du véhicule, sens duel, de Kev, qui cède à Platon sa caverne, qui opte pour une grotte, pain béni de psy, lieu bienheureux, débarrassé de la peur, de la culpabilité, ces conneries stériles, dixit l’ ex -boxeur doté d’un cœur, il entraîne, il teste, il meurt, dont le nom du personnage, Lino Vartan, rend donc un double hommage, aux ancêtres d’antan, Sylvie & Ventura, voilà, père et mère mythiques, symboliques, d’un orphelin en quête inconsciente, en toute

L’Homme pressé

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  Un métrage, une image : La Race des « seigneurs » (1974) Delon & Rome en Dior, Moreau en Ungaro, Rich en Smalto. Placement de produit, entre la France et l’Italie, défilé de mode, à la gomme, mannequins malsains, anciens, à rien ? Film funèbre, autofiction de dépression, de compromission, métrage mental, dont la temporalité perturbée, parasitée, annonce celle de Enquête sur une passion (Roeg, 1980). Celui-ci fini, revoilà Theresa, survivante, inclémente, munie d’une cicatrice de trachéotomie, à la Liz Taylor, d’accord. Ici, Sydne d’abord s’endort, ensuite ne se réveille, présente et pourtant partie, à l’infini. Julien, ni serein ni Sorel, se souvient d’elle, (la) pleure à l’extérieur, arrivé encore trop tard, « libéral de gauche » auquel un président de droite fait une offre dédoublée – affaires sociales + industrie, ça vous dit – à ne refuser. Dans sa DS à la Barthes davantage qu’à la Fantômas, au chauffeur qui se fiche des manifs – « CRS SS », Pasolini n’opine – puisque

Retour de flamme

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  Un métrage, une image : Zone rouge (1986) On pouvait espérer un soupçon de suspense , toutefois ce téléfilm régional, jamais original, constitue, dès le début, un sommet de médiocrité, dont le sérieux assez anxieux, cf. le carton final, fluvial, provoque en vérité une hyperbolique hilarité. Face à pareil ratage, Les Raisins de la mort (Rollin, 1978), déjà, encore, molto écolo, paraît mériter tous les hommages. Enrico illico se comporte comme Hitchcock, tendance La Mort aux trousses (1959), se déguise en disciple de Boisset, ciné pseudo-engagé, à dégager, commis en compagnie du co-scénariste Alain Scoff, partenaire régulier du réalisateur précité, collaborateur de l’inénarrable Collaro Stéphane. Si le village vide s’orne en sourdine d’une aura fantastique ; si la scène d’incendie possède un poids de réel inaccessible aux images numériques risibles ; si la coda, en position de pietà, termine le métrage d’un autre âge, guère vénère, sur une note douce-amère, tout ceci suinte

Invasion Los Angeles

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  Un métrage, une image : Terreur sur la ligne (1979) When a Stranger Calls fait autre chose que développer le premier sketch des Trois Visages de la peur (Bava, 1963), anticiper le prologue de Scream (Craven, 1996), se souvenir de la domestique menace de Black Christmas (Clark, 1974). Vite ensuite à la TV, malgré le renommé April Fool’s Day (1986), a priori matrice apocryphe du dispensable Murder Party (Pleskof, 2022), Walton étonne, réussit l’essai transformé, puisque voici The Sitter (1977) remarqué, remaké, mué en succès. Du court au long, le doué débutant conserve l’introduction, modèle d’instauration de la tension, devant beaucoup à la candeur de Carol Kane qui, mère et mariée cette fois, réapparaîtra pour la coda, dépassement du trauma , seconde chance accordée à la double enfance, boucle bouclée sept années de malheur, de bonheur, après. Entre-temps, l’ item prend son temps, revisite l’infanticide invisible de La dolce vita (Fellini, 1960), reprend le sple