Une femme mariée
Un métrage, une image : Les Amants passionnés (1949)
Au terme d’un retour en arrière
doux-amer, moitié de l’item, encore
une rencontre brève, à l’hôtel, Splendide, please,
au soleil, ensuite sur le lac, éclaboussures incluses, enfin, via un téléphérique en italique, au
milieu de sommets un brin kantiens, au sublime tourmenté en sourdine, à la
réalité avérée tissée au factice d’une post-synchro
de studio, tandis que la coda, en mode Anna Karénina, non démunie d’ironie, sinon
de méthodologie, cf. l’affiche « Keep Smiling », liesse de Guinness,
épilogue superbe, suicidaire, salvateur, souterrain, serein, bouleverse,
accorde une seconde chance, de renaissance, au couple en déroute, réconcilié,
malheureux, amoureux, mouchoir mouillé, réchauffé au feu du foyer. Auparavant,
Mary remonte le Temps, même sans machine, Wells l’imagine, mariée à un homme
invisible, elle s’appartient, s’endort au souvenir de Steven, femme friquée,
frustrée, tiraillée entre un biologiste et un banquier. Le premier cuisine, le
second déprime, à l’arrière, la guerre, devant, deux enfants. Elle attend,
téléphone blanc, pourtant l’admirable David Lean ne sert la soupe au ciné
homonyme, sis sous Mussolini. Il sonde une psyché, à l’instar de celles de Jane, Rosy, Adela, idem passionnées
dépassées, par leurs sentiments, leur environnement, il opte pour un
expressionnisme domestique, la scène soudain s’obscurcit, mensonge de musicale
comédie, le vent s’invite, l’adultère porte le deuil, de ses (dés)illusions, de
sa feutrée transgression, il filme de façon assez magnifique des êtres
sensibles, en train de se faire des films, d’infidélité cette fois-ci enfuie.
Rains ressemble à Dracula, au cinéaste himself,
il observe, assis, nouvelles jumelles, surtout sa secrétaire, guère austère, au
lapsus pas si irrationnel, il crache
à Mary ses quatre vérités, au diable ses ersatz d’affection, de bonté, de
loyauté, il s’en excuse, fait un aveu douloureux, joli, à la libre évanouie. Il
suffit d’un foulard agité en adieu, de pleurs silencieux, d’un rideau soyeux,
pour lui briser le cœur et un peu celui du spectateur. 1939, an funeste,
faussement neuf, époque en toc, ad hoc, d’un conte éclairant, élégant, au
tumulte adulte, qui matérialise la dialectique du romantisme et du pragmatisme,
de l’hystérie et de la sécurité, des convenances à respecter, une femme dans la
rue ne doit fumer, des occasions manquées, à ressasser, à terrasser. Ambler
écrit, co-produit, Anne Tood, mariée au réalisateur la même année, ne se
dérobe, évite le divorce, Howard rassure l’épouse éplorée, en oublie son
briquet. On pourrait (re)penser aux Enchaînés (Hitchcock, 1946), autre
triangle sentimental et martial, mais The Passionate Friends,
titre programmatique, en forme d’euphémisme, séduit aussi…
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