L’Accordéoniste

 

Marie de France ? Francis de Nice…

Limiter Lai à Lelouch, rencontre cruciale, logique comptable, que d’autres fameux tandems, plus productif et pérenne? On ne le fera, peut-être une prochaine fois, à moins que Vladimir Poutine ne nous invite à nous revoir plus tard, époque d’atome, We’ll Meet Again, via Vera Lynn, en coda de Docteur Folamour (Kubrick, 1964). Il ne s’agit, ici, d’exposer de manière exhaustive le CV de Francis Lai, a contrario du boulot consacré à Miklós Rózsa, plutôt de présenter, après avoir volontiers (re)visité son univers, tout sauf de misère, malgré la complainte de Patricia Kaas pour Les Misérables (Lelouch, 1994), toujours sincère, cinq exemples exemplaires, disons décantation, quintessence de puissances. Il convient, dans ce cas-là, de préciser l’apport précieux de l’orchestrateur et directeur Christian Gaubert, auquel le compositeur, au cours d’un entretien rétrospectif et serein, paie un tribut bien vu, bienvenu. Créateur éclectique et cosmopolite, même à domicile, l’ancien accordéoniste se fendit autrefois d’un album estimable et recommandable, en collaboration avec Mireille Mathieu, pas tant pis, tant mieux, car en l’occurrence chanteuse irréprochable et attachante, idem muse d’Ennio Morricone, donc guère désinvolte et peu conne, sur lequel je ne reviens point, sinon en soulignant le contournement de l’idiome, à la mode, post-Leone, en témoignent les partitions des westerns européens Les Pétroleuses (Christian-Jaque, 1971) + Dans la poussière du soleil (Balducci, 1972). Capable d’écrire Alla Kurt W.(eill) (La Modification, Worms, 1970), Riva & Ronet, Butor adapté, il fallait l’affronter, de s’occuper de contes (Le Petit Poucet, Boisrond, 1972, émouvant thème de Rosemonde), de cordes, de se soucier de synthés, d’illustrer à la TV de la SF discrète, désormais très oubliée, cf. le croquignolet Astrolab, accessit au titre Extase sidérale, il retrouve Trintignant (Un homme et une femme, Lelouch, 1966), filmé par sa femme maintenant, caméo de sa fifille Marie, Mon amour, mon amour (Nadine T, 1967) aux allures de signature sans usure, Legrand presque à l’arrière-plan. Chez Brialy & Romy (Un amour de pluie, 1974), Castelnuovo pourtant émancipé des Parapluies de Cherbourg (1964) chers à Demy, l’ex-pianiste et percussionniste se remémore l’ami Magne, en ranime l’irrésistible romantisme. L’an suivant, Francis croise encore Clément, sillage du Passager de la pluie (1970), de La Course du lièvre à travers les champs (1972), délivre un item entêtant, dont la douceur tendue n’élude Delerue, La Baby-sitter (1975) tel un requiem au réalisateur. En Italie, au pays very psy de Risi, Lai plonge parmi des Âmes perdues (1976), tourmentées, cloîtrées, huis clos illico psycho/pédo un poco à la Pino Donaggio, versatile Vénitien, il le valait bien. Quant à Madame Claude 2 (Mimet, 1981), morceau un brin mahlérien, à l’intitulé assumé, il rappelle en sourdine Duhamel, surtout celui de Week-end (Godard, 1967) ou La Sirène (du Mississippi, Truffaut, 1969). Vous voilà loin, on le voit, des « da ba da ba da », de Love Story (Hiller, 1970) aussi, arbres appréciables, toutefois de foisonnante forêt fissa effacée. Homme modeste, qui dut comblé (et oscarisé) décéder, sueur essuyée selon la stylée Marie Laforêt, bis, pendant le poignant Je voudrais tant que tu comprennes, Francis Lai séduit aujourd’hui, demeure à (re)découvrir.                     

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