High Noon

 

Un métrage, une image : Les Colts au soleil (1973)

Histoire de mémoire ? Exercice de style, or encore, sillage rural de L’or se barre  (Collinson, 1969), (The) Italian Job itou, car co-production entre le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie. Opus européen, adapté du spécialiste Louis L’Amour par le scénariste Scot Finch (Shalako, Dmytryk & Bardot, L’Amour & Boyd bis, 1970), éclairé par John Cabrera (Virus cannibale, Mattei, 1980), musiqué par l’incontournable Luis Bacalov, The Man Called Noon s’avère un divertissement inconsistant, point déplaisant, un conte de rééducation, de rédemption, dont l’argument d’arroseur arrosé guère renversant, sans être certes déshonorant, ne paraît pas non plus passionner le cinéaste anglais, prématurément décédé. Bien sûr, le casting cosmopolite, hétéroclite, sympathique, ressemble un brin à la créature de Frankenstein, semble aussi soumis à l’expéditif destin : Stephen Boyd décède à quarante-cinq ans d’une crise cardiaque, Patty Shepard lui succède à la soixantaine, cause, effet, en reflet, Rosanna Schiaffino succombe illico, à un cancer du sein, en 2009, âge 69. Du mausolée de la vie vraie au cimetière des image(rie)s d’hier, il convient d’accomplir un pas, de cadrer un plan. Les siens, justement, Peter Collinson ne s’en tamponne, souligne jusqu’à la nausée, au risque du risible, leurs objets amorcés, leurs contre-plongées prononcées, leurs objectifs aux courtes focales accentuées. En travellings visibles, voici un voyage de ville fantôme, désert solaire, chère prisonnière, piaule troglodyte, célèbre essai ad hoc de Locke, (bat)cave colorée, passage secret, complice muet, inclus, bienvenus, fort désaffecté, où en tandem de mecs la mort affronter, comme commando, au (beau) boulot, ville ventée, El Paso, sa salope, ses salauds, son faux, avéré aussitôt, cadavre au creux du cercueil, couteau au creux du cou. Farley Granger joue au juge, aux échecs, accueillant, impec, à l’assassin malsain ; Dick Crenna incarne un président et fondateur de fabrique d’armes, que l’amnésie et l’amour désarment, au propre puis au figuré, en réalité un époux et un père endeuillés, un justicier glacé. Le final en flammes, furieux, fumeux, affiche un siège balèze, ralentis compris, dynamite maniée, une ascension, attention, de cheminée, une poignée de toiles d’araignée, en rime à l’orage invisible du piège liminaire, crépusculaire, un gros rocher cartonné, piqué à l’accessoiriste de Maciste, une sépulture symbolique, de passé dépassé, d’identité retrouvée, rédimée. Ni L’Homme sans mémoire (Tessari, 1974), ni Josey Wales, hors-la-loi (Eastwood, 1976), Les Colts au soleil, intitulé français propice à la contrepèterie, documente donc un réalisateur maniériste, sinon maniéré, désireux de transcender son sujet. Vaine vanité ? Claire curiosité.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir