Change pas de main

 

Un métrage, une image : Irina Palm (2007)

Et si l’émancipation passait par le poignet ? Le conte de Noël gérontophile l’affirme. Maggie veut sauver Olly, certes, doit donc vite devenir une experte de la branlette, anonyme et rapide. Pourtant, son « sacrifice », pas un brin tarkovskien, quoique, quelle queue, devant la cabine à l’exotique et explicite pseudonyme, afin de financer les frais nécessaires aux soins du gamin, « malade orphelin » à traitement australien, gratuit, Dieu merci, l’avion, l’hôtel, non, en définitive lui coûte peu, ne lui coûte qu’une amitié minée, la traîtresse appréciait la fessée, il paraît, confidence ou confession en forme d’ultime remords, du « trouillard et pas fiable » feu Trevor, mari guère mimi de Maggie, qu’une grande engueulade filiale, in fine dépassée, douleur « surmontée », pécheresse pardonnée, par la belle-fille autrefois indocile, désormais à domicile, en larmes, remerciée. Bien sûr, son succès cause l’éviction de la blasée Luisa, mère célibataire, « formatrice » amère, elle-même d’origine étrangère, idem Miklos. Mais le capitalisme, sexuel ou pas, fonctionne comme cela, au profit, au factice, à l’exploitation, à la compétition, cf. le chauve en charge du club concurrent, dont la Rome à la gomme, aux fresques fournies en orifices à foison, d’à la chaîne et de maquerelle masturbation, n’évoque ni Caligula (Brass, 1979, partouze sur du Prokofiev, chouette), ni Satyricon (Fellini, 1969, « année érotique », entre types). Le « glory hole », dégoûtant et drôle, lui apporte une gloire provisoire, du fric en liquide, moins translucide que le sperme à la poubelle, le gel essentiel, pas encore censé écarter le corona, les gars. Doublement endettée, dessillée, déniaisée, la rurale « rombière » Margaret devient la « femme mystère » Irina aussi sec, « nom de scène » d’activité rémunérée pas malsaine. Maman et putain, salut à Eustache (La Maman et la Putain, 1973), parce qu’Oliver, livide, le vaut bien, elle contourne le conseil de sa consœur, séparer, ne personnaliser, elle prête main-forte, pas main morte, aux mecs pathétiques plutôt qu’abjects, cet onanisme fantasmatique, tragi-comique, commis en série, en catimini, express, abstrait, « secret » malséant, les dames pseudo-respectables, attablées à l’heure du thé, étanchent leur soif de salace curiosité, voudraient en faire autant, mise à jour colorée, à côté de danseuses dénudées, le lendemain démotivées, du puritanisme et de l’hypocrisie du Royaume-Uni, pays désuni, pourfendeur en chœur des items immoraux de la Hammer, du pertinent et poignant Peeping Tom (Powell, 1960), plus tard des célèbres et censurées « video nasties ». Job de zob, « wank for England », coude ankylosé, cadre cassé, propriétaire épris, tout ceci bien fini, ethnographie téléfilmée, aux fondus au noir à satiété. Le pudding impersonnel, de co-production européenne, porté par un plaisant couple de ciné, se suit en souriant, d’un œil indulgent, ni rugueux à la Haneke, ni sordide à la Seidl. Douze années après le bel album en compagnie de Badalamenti, Marianne mène à nouveau A Secret Life, finit son odyssée désargentée sur un baiser, « puissance immense de l’amour », toujours, tant pis pour l’ironie subie par Bess (Breaking the Waves, von Trier, 1996), prostituée passionnée, sainte laïque au Ciel accédée. 

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