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Affichage des articles du août, 2022

Le Mur du son

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  Un métrage, une image : Onde de choc (1984) Un thriller doté de R5 ? Nous voici bel et bien au sein d’un opus européen, un peu hitchcockien, où deux types mimétiques, à défaut de (bandes) magnétiques, écoutent en chœur un baladeur, idem se baladent, tournent autour de la même dame. Au terme de Blind Date , appréciez au passage le mimi jeu de mots, sentimentalo-miro, Lana Clarkson ne succombe donc au beau blond, amateur de musique, manieur de scalpel cruel, vrai-faux chauffeur de taxi, par ses propres soins très malsains puni, planté presto à cause d’une porte, qu’importe. En réalité, en vérité, la svelte silhouette de Brainstorm (Trumbull, 1983) et Scarface (De Palma, 1983) va décéder une vingtaine d’années après, mise à mort par un certain Phil Spector, accident, suicide, homicide, on s’en fiche, en définitive. En 1984, tout va pour Lana, ou pas tant que ça, parce que le comptable en exil volontaire, aux airs de directeur publicitaire, pense avoir reconnu en Rachel la Mari

2046

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  Un métrage, une image : In the Mood for Love (2000) À ma mère À chacun sa chambre : dans la 237 de Shining (Kubrick, 1980), l’attraction d’interdiction aboutissait à la strangulation puis à la décomposition ; dans la 2046 du film homonyme (2004), d’abord de In the Mood for Love , un second écrivain esseulé, hanté, presque autant impuissant, disparaît, se met en retrait, se passionne de « wuxia », ensuite de SF, donc du passé, du projeté, tandis qu’il ne s’amuse avec sa muse complice, pratique plutôt le roleplay en replay . « Elle est bien apprêtée pour aller acheter des nouilles », en effet, en reflet, salut au Noodles de Leone ( Il était une fois en Amérique , 1984), dont le thème de Morricone resurgira selon The Grandmaster (2013), écho révélateur. À la sortie de celui-ci, on put penser à Antonioni, à L’avventura (1960) et à La Nuit (1961), davantage qu’au duo sado-maso de Vertigo (Hitchcock, 1958), idem modèle d’adultère doux-amer, n’en déplaise au cinéaste effectuant

Petits meurtres entre amis

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  Un métrage, une image : Assassinats en tous genres (1969) Comédie carrément comique, divertissement vraiment divertissant, The Assassination Bureau doit beaucoup au couple impeccable de Diana Rigg & Oliver Reed, à un casting choral irréprochable, mentions spéciales à Curd Jürgens, Philippe Noiret, Telly Savalas, à la bella Annabella Incontrera, à une direction artistique très soignée, digne d’être saluée, au même titre que le script , modèle de rythme et d’humour ironique. Ceux-ci reviennent en vérité à un seul type, à savoir le production designer et scénariste Michael Relph, qui produit aussi, qui réalisa quelquefois. Collaborateur régulier et partenaire privilégié du réalisateur concerné, l’homme de talent polyvalent adapte donc un roman commencé par Jack London puis terminé par Robert L. Fish, polardeux dont le Mute Witness publié la même année, en 1963, devint Bullitt (Yates) en 1968. Relph transforme le matériau d’origine, limité à l’Amérique nordiste, en film fria

Trois mille ans à t’attendre : Miller’s Crossing

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  Mad Max chez Delacroix ? Pas un quart on y croit… Trente-cinq années après Les Sorcières d’Eastwick (1987), Miller retourne au fantastique, toutefois l’angélique évacue le diabolique, la romance se substitue à la satire, Byatt remplace Updike. Co-écrit en compagnie de sa scénariste de fifille, ce vrai-faux film à sketches déjà chapitré, visionnage en DVD ainsi facilité, découvert hier au sein d’une salle spectrale, se met in extremis en abyme, car cahier dessiné, rédigé, refermé. Le titre d’origine souligne la nostalgie du désir, sa millénaire mélancolie, celles en somme d’un démon entre deux mondes, sinon deux flacons, qui aspire à une apaisée conclusion. Hélas pour lui, dirait Godard, il rencontre une « narratologue » à la gomme, peu pressée de fissa formuler les fameux trois vœux, parce qu’en professionnelle du textuel, de l’intertextuel, elle sait parfaitement qu’il faut se méfier de les voir exaucés, que derrière l’assouvissement se dissimulent d’abord l’avertissement, ens

« Moi j’ai dit bizarre ? Comme c’est bizarre… »

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  Une heure d’extraction, des heures de questions… La séquence surprend, sinon sidère, durée prise en plongée depuis les airs, disons en drone ou bien hélicoptère, société du spectacle patraque et d’insanité spectaculaire, scène presque obscène de télé-réalité ensoleillée, pasteurisée, découverte en direct d’une procédure peut-être suspecte, propice à produire le soupçon de la conspiration. À l’instar du snuff movie façon John Fitzgerald Kennedy, assassinat ça va de soi, pas le premier ni le dernier là-bas, immortalisé naguère par les fameuses images que filma le zélé Abraham Zapruder, il manque un plan, il manque le contrechamp, angle mort au creux du décor, à cause duquel peuvent aussitôt se lever les vents mauvais des hypothèses plus ou moins balèzes, des théories plus ou moins rassies, des explications de raison ou de déraison plus ou moins à la con. En écho au fiasco de l’info d’autrefois, donc au cas d’école de l’exécution de JFK, ce sauvetage génère (DeGeneres) le ramage, l

La Maison de cire

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  Un métrage, une image : Tourist Trap (1979) Ce premier opus persiste à procurer une poignée de petits plaisirs, par exemple réécouter la bonne BO de Pino Donaggio, revoir en vie et brunie la regrettée Tanya Roberts, redécouvrir le beau boulot d’un dirlo photo à patronyme célébrissime, puisque fils de Josef von Sternberg. S’il suit à sa modeste mesure et moins renommée le sillage d’outrage de Psychose (Hitchcock, 1960) puis Massacre à la tronçonneuse (Hooper, 1974), modèles indémodables d’horreur économique, d’économie horrifique, s’il développe à son compte, durant une heure trente, le fameux final figé du Baiser du tueur (Kubrick, 1955), l’associe aussi à la télékinésie de Carrie (De Palma, 1976),  Tourist Trap possède pourtant sa propre personnalité, propice à séduire un certain Stephen King. Presto tourné à peu de frais, doté d’un titre ironique, le slasher de Schmoeller développe un item de fin d’études texanes, n’use ni du sang ruisselant ni de la nudité des dames,

Détour mortel

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  Un métrage, une image : Sur un arbre perché (1971) « Galéjade gauchiste », comme l’affirme Fernand Sardou déguisé en gendarme presque de Saint-Tropez, tandis que Panisse sirote son anis à Cassis ? Davantage un ouvrage à l’insuccès relatif prévisible, compréhensible, ordonner de ne bouger à un acteur classé comique, a fortiori de Funès, revient à le priver d’une partie de ses possibilités. Le corps corseté, sommé de s’immobiliser, la fuite en fringues fait long feu, plus tard l’arbre prend feu, machiavélisme de l’ ex -mari militaire, à cigare, silencieux et patibulaire, se débarrasse aussi de ses besoins, à peine si l’eau pour pare-brise passe pour de la masculine et partagée urine. Commencé à la TV, petit précis d’hypocrisie aussitôt démenti, puis générique pop un peu psychédélique, en écho à L’Homme orchestre (Korber, 1970), l’ opus pareillement expérimental de l’auteur des Feux de la Chandeleur (1972) dépeint l’emprise du second écran, sa capacité instantanée à fissa trans

La Ferme de la terreur

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  Un métrage, une image : Beast No More (2019) À moitié mélodrame, à moitié survival , Beast No More risque ainsi de faire perdre au spectateur domestique le nord, puisqu’on passe presque sans préavis d’une sourde démonstration de misandrie à un petit précis de misogynie. Obscur opus australien le valant assez bien, concocté puis exécuté par une équipe artistique et technique surtout issue de la TV, au vu du résultat, on n’en doutait pas, le premier long métrage en effet longuet du méconnu Aaron Warwick pourtant une poignée de lignes mérite, justement en raison de ce renversement, d’un double discours pétri de schizophrénie, de sa nature impure de psychodrame avec dames, placé sous le signe de notre modernité médiocre qui déprime, qui se délecte de l’abjecte et obsolète guerre des sexes, au ciné, en société, cf. le succès d’été du nuisible et louche La Nuit du 12 (Moll, 2022), pendant que l’unisexe capitalisme, riche en vagins et pénis, insiste et persiste, se frotte les mains au

Pas très catholique

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  Un métrage, une image : The Rosary Murders (1987) Huit années après son titre le plus emblématique, Terreur sur la ligne (1979), Walton signe donc son ultime film, avant de se transférer définitivement vers la TV, pour laquelle il dirigea déjà des épisodes des séries Alfred Hitchcock présente et Deux flics à Miami . Ce requiem à base d’inceste et de meurtres sériels inspirés par le Décalogue représente par conséquent un double adieu, adressé à une adolescente abusée, suicidée, à une éphémère carrière sur grand écran. Tourné à Detroit, ça se sent, ça se voit, en avril de vendredi saint malsain, ne te découvre d’un fil, ma fille, The Rosary Murders , intitulé explicite, ici aussi connu comme Confession criminelle , met en images un roman de William X. Kienzle, ex -prêtre et journaliste ensuite passé par l’université puis l’écriture de bouquins policiers, le premier consacré au récurrent curé Robert Koesler. Flanqué du fameux Elmore Leonard, lui-même de là-bas, diplômé d’une facul

Monnaie de singe

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  Un métrage, une image : Un jour au cirque (1939) Les multiples Marx n’amusaient guère Mayer, qui leur colla aux basques un Buster Keaton déjà sur le déclin, réduit au triste statut de gagman à distance, voire en concurrence avec ce type de comique(s). Éclairé par Leonard Smith, partenaire régulier du précité, de plus DP des Poupées du diable (Browning, 1936), d’un diptyque exotique ( Tarzan s’évade + Tarzan trouve un fils , Thorpe, 1936, 1939), sa direction artistique supervisée via l’incontournable et bien nommé Cedric Gibbons, At the Circus possède ainsi le professionnalisme impersonnel d’un produit MGM, en l’occurrence chapeauté par Mervyn LeRoy, pas encore aux prises avec les fauves de Quo vadis (1951).  Derrière la caméra, l’obscur Edward Buzzell, (dé)formé à Broadway ; devant, trois grands garnements, face à trois femmes fréquentées, fréquentables, certes à fond faire-valoir, mais jamais dérisoires : la fidèle Margaret Dumont, veuve joyeuse aux fêtes francophiles onére

Buster

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  Deux métrages, deux images : The Haunted Hosue (1921) + Cops (1922) L’argent ne possède peut-être pas d’odeur, il peut cependant donner mal au cœur, il peut pourtant coller aux pattes, rendre patraque, gare à la matraque, démonstration avec ce diptyque drolatique. La figure hiératique et tragique de Keaton s’y agite de façon assez frénétique, poursuivie par tous ou presque, quelle allégresse, a fortiori par d’affirmés faussaires puis des policiers à satiété. Il faut dire que Buster, renommé Malec en Hexagone, fi de salamalecs à la gomme, fait des siennes sans en faire des tonnes, caissier à licencier, amoureux malheureux. En écho de tombeau, les courts où ça court s’achèvent du côté de saint Pierre ou au cimetière. En résumé, malgré des ascensions d’occasion(s), gloire provisoire, on finit toujours par dévaler, au propre et au figuré, l’escalier de la destinée, par être in fine pincé à l’insu de son plein gré. Si The Haunted House recycle un motif déjà familier du ciné de

Affreux, sales et méchants

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  Un métrage, une image : L’Enfer (1911) Curiosité à succès, film fidèle, opus pionnier, L’Inferno souffre certes de sa structure sérielle, à l’accumulation cruelle, sorte de catalogue d’atrocités datées, où Dante, en sus du reste, règle ses comptes avec ses propres démons, à savoir un faisceau de Florentins contemporains dépeints en damnés malsains et mesquins. Ce moralisme personnel (im)posé, incrusté au creux de châtiments évidemment élargis, fournis, les neuf cercles, il faut les remplir du pire, n’épargner personne, hormis quelques sommités plus ou moins à la gomme, name-dropping en prime, péchés capitaux requis illico  ; cette constatée limitation de la narration, en définitive mise au service des artifices de la fabulation, des attractions, de leur montage, jusqu’au sein de l’image, résumerait un certain théoricien nommé Eisenstein, le spectacle ne s’avère guère patraque, persiste à exercer son effet, spécial en effet, plus d’un siècle après. Même si les musulmans de maint

Ma sorcière bien-aimée

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  Un métrage, une image : La Sorcellerie à travers les âges (1922) Peintre pédé pour Dreyer ( Michaël , 1924), Christensen incarne ici le Christ & Satan, annonce surtout La Passion de Jeanne d’Arc (1928), semble aussi se souvenir, à échelle (d’urbain modèle) réduite, de Intolérance (Griffith, 1916), autre conte « historique et culturel », sinon cultuel, découpé en périodes, en épisodes, pas « à suivre », presque. Si le cinéaste de Naissance d’une nation (1915) délaisse le racisme, manie à demi la misogynie, puisque femmes moralisatrices, accusatrices, ruineuses de gréviste, puisque la massacreuse de catholiques Catherine de Médicis, le Danois ne suit ses pas, sa sienne fresque, plus modeste, en dépit d’un budget  suédois estimé élevé, frise le féminisme. Six ans avant les visages bouleversants de Renée Falconetti et ses tourmenteurs de malheur, Häxan , c’est-à-dire la sorcière, amitiés à Michelet, ne démérite pas, loin de là, immortalise les traits de la « tisserande » Maria,

Le Banni

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  Un métrage, une image : Highlander (1986) Des épées, des décapités, des empalements, dorsaux, style sodo, en ville ventraux, des décharges d’énergie, comme des orgasmes de folie, d’épiphanie : la madeleine mulcahyenne ravit les psys, met en image d’ironique hommage une masculinité très tourmentée, de surcroît incapable de se reproduire, seulement condamnée à s’auto-détruire, avide de viol gardé secret ou portée sur l’adoption de petite rescapée, orpheline enfant maintenant magnanime maman. La tête posée, pas encore tranchée, en pietà sur les genoux de la pas si égoïste Brenda, spécialiste métallurgiste et légiste toutefois tournée vers la vie, l’acceptation de l’impossible, des identités graphiques multiples, à quoi songe Conrad/Connor, sinon à l’Écosse, au clan des McLeod, à la chère, éphémère, Heather, à l’incontournable, increvable, décourageant Kurgan, némésis complice, dialoguiste d’église, en écho aux Inco ( rruptibles , De Palma, 1987), qui utilise le pseudonyme Kruger, amiti