Accusée, levez-vous !

 

Un métrage, une image : Verdict (1974)

Obscur opus à plein œdipien, encore produit par l’incontournable Carlo Ponti, où la cara Sophia, « sauvagement belle », dixit le journaliste, « salope » selon Madame Casadesus, pratique le kidnapping, le chantage, la corruption, sinon d’insuline l’injection, afin de faire sortir de prison son pas encore condamné fiston, puis finit, sa culpabilité, certes accidentelle, enfin formulée, « levée d’écrou », je t’avoue tout, dans un mur, adieu aux postures, aux impostures, à un amour maternel à la truelle, étouffant, cause réelle de tous les tourments, davantage que le pedigree de l’accusé, fils de « gangster marseillais » à maison paternelle du côté « de Corte », CQFD. Le magistrat à charge, à moitié retraité, à rendre vénère l’abolitionniste Robert Badinter, dispose d’une épouse diabétique, hic et chic, quelle otage, quel dommage, dont le suicide devait éviter de « déshonorer » le mari soudain doté d’une « bienveillante neutralité » vite soupçonnée, recadrée. Il s’avère en vérité que la victime humide, fifille de bonne lyonnaise famille, joueuse de tennis, à sombre pubis, possédait un surnom drolatique et explicite, « sainte levrette », mazette, que cette « petite salope », aujourd’hui s’interrogeant au sujet d’une homosexualité présumée, jadis dessalée adolescente « forniquant » avec les connaissances, masculines ou féminines, de l’adroit avocat, osa porter le chapeau, les gants et la cape noire de la mamma à l’écart de la mafia, quoique, les anciennes connaissances, surtout celle prénommée Toussaint, je te dois combien, ça peut dépanner, lui prêter des talents de merveilleuse crieuse au vu de ses lèvres, défier, déguisée, dénudée, le grand enfant de « bander comme un petit vieux », nom de Dieu. Tout ceci, on confirme, méritait bien un féminicide, étranglement à contretemps, chute de tumulte, pas morte foutue à la flotte, deux témoins pour un seul vrai-faux violeur et assassin, parce qu’il le valait bien. Gabin visite l’appartement de Loren, avise sa salle de bains, y sèche un soutif, y pend un collant, prend un remontant, une relation de sincérité semble s’établir entre les séduisants esseulés. En épilogue du procès, le juge obligé donne aux spectateurs et aux jurés une leçon de droit sympa, à propos de « preuve », d’« intime conviction », répondez donc à ces questions. Doté du tandem Andréota (Les Assassins de l’ordre, Carné, 1971) & Dumayet, spécialiste des supposés sujets de société, le cinéaste des assez dispensables Le Miroir à deux faces (1958), Les Risques du métier (1967), Les Chemins de Katmandou (1969), Mourir d’aimer (1971) délivre, sous une forme fadasse, un mélodrame de classes, d’apparences, de coupables innocences, « visite inconvenante », Ivan le Terrible à domicile, cinéphilie de plaidoirie, de « commissaire Broussard » et d’acquittement désormais dérisoire, de liasses de « vrais » billets en deux déchirées, tradition d’époque, plein les poches pour un peu de scotch, au creux duquel se glissent, comique délice, des automobilistes échangistes BCBG very seventies. Ni Douze hommes en colère (Lumet, 1957), ni Le Sang du châtiment (Friedkin, 1987), Verdict se soucie de variable vérité, de judiciaire « absurdité », d’émancipation d’administration et du giron. Jean & Sophia font ce qu’ils peuvent avec cela, le fin Garcin s’en sort bien, Albertini aussi, a contrario du musical Louiguy, qui commit une scie, (in)digne en définitive de la préventive…   

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