Les vécés étaient fermés de l’intérieur
Un métrage, une image : Dans la peau du lion (1927)
Finch le souffre-douleur les rend
tous fous, encaisse en série leur courroux, à défaut des factures de l’infantile
factory, auxquelles il manque un
reçu, affirme le recouvreur à l’œil noirci de boxeur. Comptable depuis vingt
ans, il ne saurait être question de l’augmenter pourtant, n’en déplaise au
fiston du patron, de sa fille à la fenêtre le prétendant, lui-même sommé de se
mettre à travailler, in fine fissa recruté. À moins des tours et
détours du destin, à savoir l’arrivée d’un client important et renommé, un
spectacle d’hypnose tout sauf morose, animé par un vrai-faux sosie de Béla
Lugosi, qui transforme aussitôt notre anti-héros en modèle de mâle lesté de
testostérone, au slogan
désarmant : « Je suis un lion ! », jeu de mots sur le
cénacle et l’animal, puisque la séance se déroule devant le public ravi des
membres du célèbre Lions Clubs, créé là-bas depuis une dizaine d’années déjà. Illico convaincu de sa force féroce,
Finch se livre subito à un tour de
force, en sus au sens spatial de l’expression, il fait la tournée des créditeurs, des fournisseurs, des harceleurs, renverse la vapeur, se fait
respecter non à main armée, mais à main gantée, il achète à sa grande fillette
sa fameuse robe de soirée, certes un peu en retard, après le rencard. Cerise
sur le gâteau, voici un chèque gros, de contrat décroché, sur un malentendu
bienvenu signé, propice à installer sa provisoire autorité restaurée. S’il
démarre tel un mélodrame drolatique et domestique, enfer familial, deuxième
mariage aux airs de naufrage, à mégère apprivoisée guère, beau-fils bouffi,
clébard de cauchemar, progéniture de moche reproche, indigeste vérité à avaler,
à vous couper l’appétit matinal, Running Wild se divise ensuite, à la
moitié de sa durée, devient un avatar du slapstick,
à torgnoles, on rigole, à virilité virale, cordiale et sentimentale. Le paria
proscrit s’avère un estimable mari, un employé à ne plus licencier, un futur
beau-père digne d’un « junior partner ». Tel Jekyll & Hyde, le
médiocre et misérable Elmer son double intérieur libère, laisse s’exprimer ses
poings d’automate masculin, comme si le Cesare du Cabinet du docteur Caligari
(Wiene, 1920) se réincarnait en pitoyable puis impitoyable pantin napoléonien,
le flic à la rescousse point n’en revient, conseille la prochaine fois de se
prendre pour un lapin, parce qu’il le valait bien. Filmé de façon frontale par
le fidèle et prolifique La Cava, avec lequel il partageait une amitié
alcoolisée, cause de déclin commun, Fields métamorphose le portrait
psychologique en fable physique, où le corps occupe le centre du décor, du
plan, motive les rares travellings, dès
l’orée, le premier instant, réveil radiophonique et sportif, oh hisse. Le
camelot en costard noir pérore à propos de victoire de l’esprit sur la matière,
cependant la chair refoulée effectue un retour remarqué, résumerait un psy. Ceci inscrit l’item amène à
l’intérieur d’une imagerie toujours mue par l’anatomie, ses puissances
révélatrices et dévastatrices, sa capacité au désordre davantage qu’à la
concorde, sa tendance au saccage cathartique, celui des institutions, des
représentations, des accumulées coercitions. Conte pas con de papa capitaliste,
de relative sauvagerie en piste, Dans la peau du lion sert bien sûr
d’évident véhicule à sa star, certes privée
de cinquante pour cent de ses possibilités, donc de sa voix, ne réduit le reste
du casting choral à des faire-valoir
en fer-blanc, leur accorde encore de la valeur et du temps…
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