Le Banni

 

Un métrage, une image : Highlander (1986)

Des épées, des décapités, des empalements, dorsaux, style sodo, en ville ventraux, des décharges d’énergie, comme des orgasmes de folie, d’épiphanie : la madeleine mulcahyenne ravit les psys, met en image d’ironique hommage une masculinité très tourmentée, de surcroît incapable de se reproduire, seulement condamnée à s’auto-détruire, avide de viol gardé secret ou portée sur l’adoption de petite rescapée, orpheline enfant maintenant magnanime maman. La tête posée, pas encore tranchée, en pietà sur les genoux de la pas si égoïste Brenda, spécialiste métallurgiste et légiste toutefois tournée vers la vie, l’acceptation de l’impossible, des identités graphiques multiples, à quoi songe Conrad/Connor, sinon à l’Écosse, au clan des McLeod, à la chère, éphémère, Heather, à l’incontournable, increvable, décourageant Kurgan, némésis complice, dialoguiste d’église, en écho aux Inco(rruptibles, De Palma, 1987), qui utilise le pseudonyme Kruger, amitiés au croque-mitaine de Craven, quasi homonyme (Les Griffes de la nuit, 1984). Si vivre fatigue, survivre épuise, il faut enfin en finir, cette traversée des beautés, des atrocités, Shoah, etc., devra s’achever sur le toit d’un studio de cinéma, boucle bouclée, colorée, étincelée, au simulacre du catch, cadré avec des câbles, sonorisé avec un rotor d’hélico, artificialité au carré, Garrett Brown adoubé. En partie passé à côté du sujet, le marasme de l’immortalité, démuni du caractère adulte du tumulte existentiel et sensuel des vampires d’Anne Rice, pères pervers, homos molto, Highlander carbure donc à « l’Accélération », soigne ses transitions, ne perd le spectateur parmi ses temporalités assemblées. Dans Subway (Besson, 1985), néons à l’unisson, le candide Christophe(r) se prenait pour Orphée ; ici, escorté des charismatiques Connery & Clancy, il ressuscite et modernise le romantisme allemand, sa solitude, ses montagnes, son animisme. En coda de Alien 3 (Fincher, 1992), aussi co-écrit par Larry Ferguson, Ripley se suicidait, mère douce-amère, monstrueuse et majestueuse. Après avoir quitté de manière définitive la chère Rachel, émouvante Sheila Gish, l’antiquaire séculaire retourne sur ses terres, désormais mortel mais amoureux, apte à procréer, accessoirement à décrypter les pensées, l’humanité améliorer. Le réalisateur de Razorback (1984) ou Résurrection (1999), en dépit de son pedigree, ne dirige au grand angle un clip immense, davantage un voyage, intérieur et extérieur, des démonstrations d’actions, où retrouver l’escalier de Robin des bois (Curtiz, 1938), oui-da, dont le sous-texte homosexuel, cf. la réplique explicite du flic homophobe, confondant parking de décollation et entre mecs fellation, se place en parallèle de sa propre orientation sexuelle. Ni Les Duellistes (Ridley Scott, 1977), ni Conan le Barbare (Milius, 1982), malgré d’éternels tandems, une scène en clin d’œil drolatique, des cous coupés, du fer d’enfer, un manichéisme musclé, d’érotisme inoffensif agrémenté, une mythologie à succès, décriée, Highlander reste certes à la surface, divertissement d’antan, de son temps, mélodrame muni d’humour, d’amour, in extremis optimiste, merci aux musiques épiques et lyriques de Kamen & Queen, à la belle lumière du maestro Gerry Fisher (Monsieur Klein + Don Giovanni, Losey, 1976, 1979, Fedora, Wilder, 1978). Ulysse & Sisyphe, moral et muséal, le banni ne mérite le pilori, sa sincérité (re)séduit…

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