« Moi j’ai dit bizarre ? Comme c’est bizarre… »
Une heure d’extraction, des heures de questions…
La séquence surprend, sinon sidère, durée
prise en plongée depuis les airs, disons en drone
ou bien hélicoptère, société du spectacle patraque et d’insanité spectaculaire,
scène presque obscène de télé-réalité ensoleillée, pasteurisée, découverte en
direct d’une procédure peut-être suspecte, propice à produire le soupçon de la
conspiration. À l’instar du snuff movie façon John Fitzgerald Kennedy, assassinat
ça va de soi, pas le premier ni le dernier là-bas, immortalisé naguère par les
fameuses images que filma le zélé Abraham Zapruder, il manque un plan, il
manque le contrechamp, angle mort au creux du décor, à cause duquel peuvent
aussitôt se lever les vents mauvais des hypothèses plus ou moins balèzes, des
théories plus ou moins rassies, des explications de raison ou de déraison plus
ou moins à la con. En écho au fiasco de l’info d’autrefois, donc au cas d’école
de l’exécution de JFK, ce sauvetage génère (DeGeneres) le ramage, les
commentaires d’anonymes ou plutôt sous pseudonymes experts, car l’obscurité, on
le sait, attire et attise la lumière, l’absurde stimule le sens et les sens,
l’absence de certitude, cumulée à d’étonnants éléments de CV, public et privé,
suscite l’inquiétude, produit du récit, conduit à une causalité démultipliée,
prête à être employée, partagée. En résumé, la morte pourtant vivante, très
consciente, très remuante, pas si cramée, pas si droguée, à l’insu de son plein
gré ou traitement d’hospitalisée, n’en déplaise à une enquête ouverte, aux
résultats pouvant prendre plusieurs mois, aux conclusions d’occasion, déjà
dépassées, puisque la principale intéressée, comateuse de ses organes de
donneuse déjà débarrassée, ensuite incinérée, enterrée, au cimetière, plus de
mère amère, de père pervers, selon sa version à sensation, contredit illico le discours des secours, le
cadavre essaie de s’évacuer de son blanc body
bag fissa fermé, on le maîtrise aussi
sec, on enfourne la forme féminine au fond d’une ambulance qui ne peut pas ne pas
faire penser à celle de Larry Cohen (The Ambulance, 1990), à fond
horrifique, davantage drolatique. Certes il
existe un passif, une précédente errance, a priori placée sous le signe de l’ecstasy, une autobiographie au titre explicite, Call
Me Crazy. Certains associent ce stupéfiant accident, replay domicilié du celui du frère jadis
possiblement suicidé, à l’activisme anti-pédophilie de l’actrice sympathique,
un peu anecdotique, croisée au ciné par exemple chez Reitman (Six
jours, sept nuits, 1998) & Van Sant (Psycho, idem), retour du refoulé, de
l’affolé(e), CQFD. À la suite de la série de zooms, avant et arrière, le fondu enchaîné permet de piquer, donne
à voir un dos dressé, salut à la face en reflet de Nosferatu (Murnau, 1922), ne
donne la clé du mystère, tandis que, quasi
incrédule, en sourdine diverti, le speaker parle d’un conducteur, d’un
instant « scary and horrific », yes
indeed, d’une obligation de sédation, pas d’une profusion d’explications,
conclut d’un laconique « crazy thing to see for sure », on confirme.
Au-delà des prêches, il n’empêche que la disparition prématurée d’Anne Heche
demeure en définitive et jusqu’à aujourd’hui une énigme, que ce geste réflexe,
ou de fervente survivante, s’imprime sur la rétine, met le doute en route, storytelling médiatique et politique en
prime, pas seulement en matière de pseudo-pandémie, pardi. Anne ma sœur Anne,
cesse désormais de lutter, puisses-tu reposer en paix.
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