Vilaine
Un métrage, une image : Two Eyes Staring (2010)
(Il était) une fois le fantastique
enfui, s’impose la psychiatrie, en somme Lisa ne parlait à personne, seulement
à elle-même, surtout pas à Karen, jumelle de Christine et juvénile diariste
pseudo-décédée, retrouvée in extremis, double bruni, d’ascenseur révélateur,
via le gentil mari, d’abord
endeuillé, ensuite sidéré, qui passe à côté de l’essentiel, l’existentiel,
croit au suicide de ligne tapé à la machine, tandis que l’empoisonnement de la
mère par sa propre fille reproduit la rivalité (tentative avortée), en effet empoisonnée, entre les gamines en reflet.
Au sein malsain de cette immense maison (grand-)maternelle, héritée, surprise
du décès, hantée, disons au figuré, se déroule un psychodrame de dames, la
transmission équivaut à la contamination, amitiés à Chromosome 3
(Cronenberg, 1979), le fantôme s’affirme in
fine fantasme, la féminité se place
sous le signe (rouge, voir Bava en VO, Une hache pour la lune de miel, 1970)
de la folie. (Il était) une fois la frontière franchie, celle entre la Hollande
et la Belgique, tous en (dé)route vers Anvers, rappliquent les spectres du
passé, à la rencontre des visiteurs divisés, en écho à un célèbre carton
franco-français de Nosferatu le vampire (Murnau, 1922). La seconde minote demeure
donc à la cave, en bonne logique symbolique et figuration freudienne, espace
physique et psychique de l’enfoui refoulé fissa déterré, adoubé, rejailli sur
le trio trop joli, telle l’eau noire du titre d’origine, au creux de laquelle
Lisa tombe d’un pont, élément d’humidité sexuée, de liquide amniotique aux
monstres intimes, d’inconscient (é)mouvant des mamans, de leurs enfants, des
femmes félines et furtives et fascistes, cf. les piscines de Cat
People
(Tourneur, 1942) puis Suspiria (Argento, 1977), les canaux
de La
Clé
(Brass, 1983). Réplique explicite, les gosses ressemblent à d’inégales gouttes
d’eau, de pluie grisée, de vitre (de mur ou voiture) mouillée, décor en forme
de métaphore, météo de psycho, matérialisation des émotions, se ressemblent
comme deux gouttes d’eau, jusqu’à la fusion, la confusion, la dissociation,
démontrée dès l’orée, au miroir commencée, idoine accessoire, les cinéphiles
vont finir par le savoir, d’identités très tourmentées, propices à imploser, à
se blesser à cause des éclats de la glace brisée. Lorsque la raison s’effondre,
l’absence exige, érige une présence, ami imaginaire d’hier, lapin du présent,
hélas promis à l’étranglement, les membres de la SPA ne le supporteront pas. Comment
punir Christine de son épisodique maternité, peu de proximité, disponibilité,
de sa pragmatique et problématique négation, mensonge en réponse à une
professionnelle question, heures supplémentaires nécessaires au poste de designer, salut à Minnelli (Designing
Woman,
1957, aka La Femme modèle, sens
duel), guère compatibles a priori
avec un planning de mère ? En te
supprimant, méchante Maman, le matricide relooking
extrême, ultime, de la couture radicale du Sade de La Philosophie dans le boudoir,
fermez de façon définitive, impératif d’orpheline, ce vagin (déc)ouvert que je
ne saurais (a)voir. Issu de la TV, vers elle vite retourné, personne ne s’étonne,
van Strien délivre un téléfilm, adapté à ARTE, confond grand angle et point de
vue, générique et Rorschach, peut se reposer sur le couple impeccable de Barry
Atsma & Isabelle Stokkel, père et fille épris, réunis, larmes lucides,
malentendu bienvenu, faute (dé)faussée…
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