Blood Diamond

 

Un métrage, une image : Vivre pour survivre (1984)

Famille en fuite, soldats de sous-bois, ralenti de condamnation, travail sur la bande-son : le prologue presque impressionne, on peut penser, pourquoi pas, à Ne vous retournez pas (Roeg, 1973) puis au Vieux Fusil (Enrico, 1975), puisque Jean-Marie Pallardy, caméo en mari, se fait fissa et in fine enflammer, dut avoir très chaud, au propre, pas au figuré, en écho au cascadeur de la coda, idem incendié pour de vrai, point d’effets numériques, du feu affirmé, choc et chic. Ensuite, ça se calme, mais ça ne désarme, le « feu blanc » du diamant géant, irradiant, telle la boîte (de Pandore, d’accord) atomique de En quatrième vitesse, Aldrich, 1955), attise la décuplée convoitise, celle d’Olaf, manageur de mine amical, à combinaison spatiale, à Gordon Mitchell minéral ; celle de Sophia, transalpine émasculatrice, démunie de merci ; celle itou d’un policier ripou, auquel Fred Williamson, qui paraît beaucoup s’amuser, prête ses traits, sympathiques et sportifs. Le cinéaste cinéphile se focalise sur un couple en route, en déroute, chapeauté par l’incontournable Jess Hahn, revisite au galop Vertigo (Hitchcock, 1958) et Orphée (Cocteau, 1950). Mike & Ingrid ainsi survivent, voudraient vivre vraiment, il convient d’avoir de l’argent, de fuir la ville et ses désagréments. À Istanbul, ses minarets, ses moustachus, ils dérouillent, elle croque une pomme, de péché premier, de vrai-faux tandem incestueux, tendre et joyeux, à la différence de celui, mystique et zoologique, de La Féline (Schrader, 1982). Si Robert Ginty (Le Droit de tuer, Glickenhaus, 1980) ressemble à Christopher Walken, donc à John Holmes, mate-moi cette moustache, bis, ce brushing en prime, un foulard de gay friendly étoffe rose, la bien belle Belinda Mayne (Krull, Yates, 1983) (re)prend un bain de minuit, hélas n’y survit, gare à la sarbacane, Madame, se baigne topless, affiche une sombre toison avec sa chevelure dorée en contradiction, passons, pardonnons, avant de succomber, combattante à serviette immaculée, se fait taquiner, dénuder, par son frangin pas si malsain, ne me regarde pas de cette manière, met en garde la sister plus souriante que vénère. Magnifiée par le dirlo photo Fellous, partenaire de Lautner, l’actrice éphémère affiche un naturel consensuel, surclasse le salace, le dégueulasse, ne succombe à l’exploitation, n’en déplaise aux adversaires du « male gaze ». Plus tard, revenue d’entre les mortes, voilà Olga, merci à la chirurgie esthétique de gynécée antique, écœuré par la maudite et « pourrie masculinité », sa robe se soulèvera le long de sa descente d’un escalier ensoleillé, sous-vêtement blanc à laisser indifférents les adolescents de maintenant, gavés de gang bang, souligne la sociologie jolie. Monté par Bruno Zincone (Gros dégueulasse, bis, 1985), musiqué en mode médiocre par Jon Lord, disponible en ligne en version française fantaisiste, ou originelle factuelle, l’opus de Pallary, fourbi en famille, au fond familial, constitue en résumé un divertissement d’un autre ciné, d’un autre temps, une démonstration d’action(s) à la limite du concon, à la violence over the top rigolote, l’usage en rage de la fameuse tronçonneuse sur les quais provoque des corps massacrés, une fable freudienne où notre trio d’héroïques anti-héros s’extraie en conclusion d’une caverne davantage utérine que platonicienne, seconde chance de renaissance, de reconnaissance, d’identité fortifiée, d’amour formulé. Tout ceci, aussi, n’ennuie, ni ne nuit…

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