Le Mur du son

 

Un métrage, une image : Onde de choc (1984)

Un thriller doté de R5 ? Nous voici bel et bien au sein d’un opus européen, un peu hitchcockien, où deux types mimétiques, à défaut de (bandes) magnétiques, écoutent en chœur un baladeur, idem se baladent, tournent autour de la même dame. Au terme de Blind Date, appréciez au passage le mimi jeu de mots, sentimentalo-miro, Lana Clarkson ne succombe donc au beau blond, amateur de musique, manieur de scalpel cruel, vrai-faux chauffeur de taxi, par ses propres soins très malsains puni, planté presto à cause d’une porte, qu’importe. En réalité, en vérité, la svelte silhouette de Brainstorm (Trumbull, 1983) et Scarface (De Palma, 1983) va décéder une vingtaine d’années après, mise à mort par un certain Phil Spector, accident, suicide, homicide, on s’en fiche, en définitive. En 1984, tout va pour Lana, ou pas tant que ça, parce que le comptable en exil volontaire, aux airs de directeur publicitaire, pense avoir reconnu en Rachel la Marianne de sa jeunesse, point celle du film homonyme de Duvivier (1955), plutôt la consœur de la sœur traumatisée de la regrettée Sondra Locke de Sudden Impact (Eastwood, 1983), puisqu’à nouveau, rien de nouveau, viol en réunion, suivi d’une incertaine réinvention, d’un autre nom. Impuissant auparavant, Jonathan va surmonter cette fois son trauma, par deux fois : outre régler son compte bien mérité au simulacre de médecin misogyne et non conventionné, il castagne au creux du métro un trio de racailles caricaturales en perfecto, collision ou collusion de la justice expéditive, aveugle indeed, de Matt Murdock & Charles Bronson. Devenu un double de Daredevil en raison d’un arbre à la con, le voyeur véniel, à jumelles, découvre le vide d’un aveuglement moralisant, psychologique et non physique, saisissez la nuance, les secrets de la conscience. Déguisé en sommité binobélisée, Keir Dullea le rassure aussi sec, l’opère express, observe le laser à travers ses lunettes de salle de spectacle. Muni désormais d’un sonar amélioré, d’un ordi riquiqui, d’un « synthétiseur visuel », merveille, le non-voyant auquel au lit, ébats finis, ouf, en compagnie de la bien prénommée Claire, qui verra clair, à court d’air, on souhaitait son anniversaire, arrive à visualiser l’espace, d’un façon certes simplifiée, modélisée, pas si dégueulasse, juste faire gaffe aux mouvements de tête trop rapides, compris ? Tout ceci ne suffit, le dispositif permet en sus de se repasser le réel enregistré, d’analyser l’instantané, de faire un sort au sonore et, branché à une console de jeu vidéo aujourd’hui collector, d’accéder maintenant à l’inconscient, aux souvenirs ensevelis, Orphée casqué. S’il souffre des défauts et des qualités de The Time Traveller (1984) et The Wind (1986), par conséquent bénéficie d’une bonne direction de la photographie, d’un casting honorable, mention spéciale au couple de ciné Joseph Bottoms & Kirstie Alley, d’un pitch appréciable, pâtit d’être impersonnellement précis, manque de rythme et d’énergie, de profondeur et de cœur, Onde de choc ne se réduit à de l’indie en toc, une pseudo-érotique camelote, donne à voir une juvénile Valeria Golino, en mannequin en bikini de caméo. Ni Blow Out (De Palma, 1981), ni Body Double (De Palma, 1984), l’item de Mastorakis divertit à sa modeste mesure, indulgence estivale, via une dimension méta de bon aloi, spectaculaire enseigne de Coca-Cola + piscine, pas seulement féminine, en prime…    

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