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Affichage des articles du juillet, 2019

Ma femme est un gangster 2 : Bloody Mama

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La Gloria ressuscitée de Gena & John ? La Gloria Gaynor survit encore !   Certain(e)s, spécialement en Occident, reprochent au cinéma sud-coréen contemporain sa caractérisation des personnages féminins. Comme pour contrer ces accusations de misogynie généralisée, ce cortège de sous-héroïnes estimées souvent décoratives, très tabassées, Ma femme est un gangster 2 (Jeong Heung-sun, 2003) évoque un univers où règne le supposé « deuxième sexe », amitiés aux mânes de la Simone sartrienne. Cantonnée à l’introduction, à la conclusion, l’action laisse la place à une comédie de mœurs dans laquelle les hommes font de la figuration, autour du pôle d’attraction désigné par le titre drolatique, presque schizophrénique. Amnésique, la Patronne se recycle illico au creux d’un petit resto de quartier menacé par l’érection, terme connoté, adéquat, d’un futur centre commercial aux mains de vandales en costard bien sûr noir. À Séoul aussi, le capitalisme sévit, sa collusion avec les triade

Cul-de-sac : Rob Roy

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Suite à son visionnage sur la chaîne   d’ARTE, retour sur le titre de Roman Polanski. Si Cul-de-sac (1966) se souvient de Psychose ( incipit , générique), des Oiseaux (volatiles à volonté, automobile immobilisée), de Mais qui a tué Harry ? (gamin armé), il anticipe aussi Les Chiens de paille de Peckinpah, nettement moins sympa, tout en reprenant le tandem SM du Gros et le Maigre (1960), où figurait déjà un certain Katelbach, tout en débutant la veine disons anglaise du réalisateur, qui comprend Le Bal des vampires (1967), Macbeth (1971), Tess (1979), Oliver Twist (2005) et The Ghost Writer (2010). Polanski l’exilé apprécie l’insularité, s’accapare le huis clos, cf. les échos claustros du Couteau dans l’eau (1962), Répulsion (1965), Rosemary’s Baby (1968), Le Locataire (1976), Lunes de fiel (1992), La Jeune Fille et la Mort (1994), Carnage (2011) ou La Vénus à la fourrure (2013). Ici, sur ce bout d’Angleterre au bord de la mer, de l’amer, se croise Walter Sco

La Paloma : La Femme de mon frère

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Helmut Käutner. « Je ne suis pas une colombe » affirme Gisa rebaptisée fissa d’après la célèbre chanson marine, mais Hannes n’en démord pas, s’illusionne, se désillusionne puis s’en va, marié à la mer, amen . Avec une quinzaine d’années de retard, l’estimable Käutner ( Le Général du Diable , 1955, lisez-moi ou pas) acclimate le réalisme supposé poétique, l’associe à du drolatique, se souvient, un peu, de L’Ange bleu (Sternberg, 1930), de La Femme du boulanger (Pagnol, 1938), autre trio desafinado. Néanmoins la différenciation des attractions et la différence d’âge ne suscitent aucun naufrage, malgré de ponctuels échos musicaux molto mélos. Au terme de sa double aventure à terre, d’abord amère, ensuite amoureuse, l’accordéoniste quitte bel et bien la piste, largue les amarres de la rancœur, de l’erreur. Quelque chose de l’univers de Fassbinder fait ici surface, l’anticipe, puisque le cinéaste évoque une commun

Child’s Play + Brightburn : Les Aventures de Pinocchio + Ant-Man et la Guêpe

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Domotique mimétique et ferme funèbre… Correspondances opposées d’une « soirée horreur » estivale en salle provinciale : les deux mélodrames maternels s’achèvent via un mouvement inversé, à savoir une chute et une ascension. Dans Child’s Play (Klevberg, 2019), le fils sauve sa mère d’une pendaison d’occasion ; dans Brightburn (Yarovesky, 2019), il l’assassine en plein ciel. Les deux films impersonnels, dispensable résurrection de franchise ou prologue de super-héros facho, s’avèrent ainsi des récits d’éducation, d’adoption, par procuration, des opus pédagogiques au caractère conservateur – tout se déroule en famille, pour le meilleur et surtout le pire – doublé d’un moralisme assumé. Le pantin américain tripatouillé en mode marxiste par un esclave suicidaire vietnamien châtie l’infidélité masculine et le voyeurisme à domicile à la Sliver (Noyce, 1993). Plus humain que les silhouettes suspectes qui gravitent en satellites autour du soleil noir à index doré, salut Spielbe

A Scene at the Sea : Big Wednesday

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Suite à son visionnage sur la chaîne d’ARTE, retour sur le titre de Takeshi Kitano. Oh Johnny Jane Un autre camion à benne Te transportera de bonheur en bonheur sous les cieux limpides Jane Birkin Exeunt les gangsters , voici les surfeurs : derrière un titre pictural, un film impressionniste, sorte de beau brouillon à Hana-bi (1997), achevé au même endroit, sur une plage au sable au goût de cendre. En surface, l’argument ressemble à celui de Rocky (Avildsen, 1976), prolétariat + championnat, mais contrairement à Balboa, Shigeru ne connaîtra pas la double acmé de remporter son combat, de serrer dans ses bras son Adrienne « handicapée » à lui. Cette silhouette sans passé, sans avenir, à peine au présent, à peine personnage, privée de parole et d’oreille, porte à son plus haut point le mutisme et l’immobilisme des incarnations de l’acteur-réalisateur. Camusien, presque christique, cf. le couple masculin drolatique des disciples, l’éboueur s’évapore du plan, y lais

Le Retour du cinéma : Les Métamorphoses

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L’effet Lazare, privé de hasard, Balthazar se marre… En 1996, Antoine de Baecque & Thierry Jousse retracent avec brièveté, simplicité, la chronique d’une mort annoncée, pas celle de García Márquez puis Rosi, plutôt celle du ciné, formulée/expérimentée par Serge Daney. Dès l’ incipit de sa partie proustienne logiquement intitulée Le Temps perdu du cinéma , l’historien souligne la supposée nécessité de la cinéphilie, car « Le cinéma a besoin que l’on parle de lui. » Avant d’en venir à l’auteur de Persévérance ou de L’Exercice a été profitable, Monsieur , titre bien sûr emprunté à une réplique des Contrebandiers de Moonfleet (Lang, 1955), il revient sur la Nouvelle Vague & André Bazin, relation de filiation par procuration reproduite par Daney à la recherche de son propre père disparu, à Auschwitz ou aux USA, il ne le sait pas. Lycéen bouleversé par Nuit et Brouillard (Resnais, 1956), Daney décide donc de devenir un cinéphile, un « ciné-fils », « un enfant du cinéma

Do outro lado do azul : Aquarela do Brasil

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« Motus et bouche cousue » ? Mots tissés pour Andrea Motis… À Stéphane Barthélémy À la mémoire de João Gilberto Ni Astrud Gilberto ni Norah Jones, moins encore Billie Holiday, références fastidieuses, sinon hasardeuses, de presse classée spécialisée, revoici Miss Motis, jadis découverte par votre serviteur à l’occasion du sympathique mais anecdotique single He’s Funny That Way (2016). La jeune trompettiste, parfois saxophoniste, délivre ici un second CD à son image, à son ramage, à savoir droit et délicat. « De l’autre côté du bleu », au-delà du blues , peut-être du ciel, de ses merveilles oziennes, derrière la pluie de Dorothy, l’auditeur séduit déambule en compagnie d’une productrice espagnole qui écrit, compose, arrange et chante, en majorité en portugais. Bien entourée par une dizaine de musiciens masculins, dont l’incontournable Joan Chamorro , mentor et double bass , précisons la participation de sa sœur Carla, guitariste/vocaliste sur un titre choral, l’aim