Gone with the Wind

 

Un métrage, une image : The Wind (1986)

Encore une femme américaine, encore une île grecque, pourtant, cette fois-ci, ni enfant, ni messie : deux années après The Time Traveller (1984), Mastorakis oublie Adrienne Barbeau, enrôle Meg Foster, la transforme en romancière (de thrillers) douce-amère, cf. sa blague liminaire, Jésus & Geppetto, Dio mio, sa discussion entre copines, au bord de la piscine, elle se sent masculine, elle veut « de l’action », elle écrit sous le pseudonyme de Sian Anderson. Sur place, ça souffle aussi fort que chez Sjöström (The Wind, 1928) & Tammi (The Wind, 2018) réunis, le village vide ressemble à un cimetière en pleine mer, le propriétaire paraît presque patibulaire, surtout sous les traits de Robert Morley (Topkapi, Dassin, 1964), « vieux radoteur » marié, à faire le MLF fulminer. La résidente de Chicago rencontre « l’homme de ménage » illico, compatriote au CV interlope, qu’incarne Wings Hauser, tout-terrain acteur, revu via Rubber (Dupieux, 2010). Comme dans La Cité de la peur (Berberian, 1994), une faucille vite s’avère être l’arme du crime, même s’il ne s’agit davantage d’un marxiste métrage. Témoin peu placide d’un intempestif homicide, l’exilée de son plein gré se dépêche d’appeler son John à la gomme, David McCallum s’y colle, quadragénaire guère sur les nerfs, disons compagnon concon, incapable de remettre le couvert, de réhonorer sa moitié, tu me vois crevé, désolé. Puisque les surhommes à la Nietzsche, Siegel & Shuster, plus tard Richard Donner (Superman, 1978), paraissent disparus, emportés par le vent, par le temps, celui du féminisme magnanime, point manichéen, de la décennie quatre-vingt, vous le valiez bien, ce que confirme la réplique comique du type des « jeunes mariés » égarés, pas de cabine à l’horizon, donc pas de transformation ; puisque Kesner, c’est-à-dire le peu patraque Steve Railsback (Les Traqués de l’an 2000, Trenchard-Smith, 1982 ou Lifeforce, Hooper, 1985), matelot échoué au poste de police, incrédule complice, trépasse fissa à proximité d’une fenêtre funeste, Sian va devoir se débrouiller toute seule, quitte à tirer la gueule, transpirer, se décoiffer, s’éclairer au creux de l’obscurité, telle autrefois Hepburn Audrey, l’aveugle et svelte proie du trio de salauds que conduisait Richard Crenna (Wait Until Dark, Young, 1967). Le slasher, on le sait, fait souvent chier les cinéphiles féministes, qui lui reprochent son supposé sexisme, ses poitrines exposées puis perforées, sa morale immorale de misogynie pas jolie jolie. Ici, la souris châtie le chat, plusieurs fois, par exemple l’ébouillante, le blesse au bras, l’amène à retourner son arme contre lui-même, avant qu’un coup de vent ne l’en débarrasse définitivement, la laissant certes effondrée en position fœtale, conséquence de vacances de travail infernales. Tout ceci compte en sus une épouse locale, victime impavide, un prêtre forcément orthodoxe, dont la cloche à l’aurore sonne à l’instar d’un glas de mort. Inédit en salles, à part en Allemagne de l’Ouest et au Portugal, soigné, à défaut d’inspiré, assez agréable, sans doute dispensable, The Wind vaut surtout pour la présence intense de la chère Foster, quels yeux, mon Dieu, plus sexy qu’Agatha Christie & Angela Lansbury. L’actrice précise de Osterman week-end (Peckinpah, 1983), La Forêt d’émeraude (Boorman, 1985), Les Maîtres de l’univers (Goddard, 1987), Invasion Los Angeles (Carpenter, 1988), Leviathan (Cosmatos, 1989), ainsi rédime le film infime, en reflet.

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