Rappelle-toi Barbara

 

Sème, tandem, sillon de rémission…

Bernard Stiegler, passé par le privé (CLCF), signa Le Temps du cinéma, qui dit Deleuze, s’inquiétait de technique, d’anthropologique, d’entropie, d’adoption et d’individuation ; il se suicida en 2020, merde à la maladie, aux banques braquées. Barbara Stiegler s’entiche de Nietzsche, lit Lippmann, analyse le néolibéralisme, dogme-obsession de l’adaptation, porte un gilet jaune ; elle bosse à Bordeaux. Le père philosophait, la fille aussi, rare, ainsi. Foucault illico, Tocqueville écho, l’universitaire multiplie les interventions, ne vise aucune conversion, vaccinée, au propre, au figuré, contre le progressisme et le complotisme, maux en médaille, la démocratie mondiale déraille. Pandémie ou syndémie ? Kahn ou Kant ? Protocole ou contrôle ? Jamais décevante, toujours stimulante, l’enseignante sérieuse et souriante ne se pose en héritière, au contraire, puisque pareille paternité un peu « compliquée », OK. Ses entretiens à Marianne et Reporterre s’avèrent clairs, exemplaires, ses deux contributions à Thinkerview itou, n’omettons pas son passage à la Librairie Mollat, oui-da. En pleine époque en toc, morose, sclérose, parmi une Psychopathologie de la vie quotidienne plus que malsaine, Freud en raffole, n’en rigole, souvenir-écran contre film-réalité géant, coercition du confinement, coordination du consentement, il convient de mettre en valeur, de révéler, d’orienter vers quelques voix vaillantes, divergentes, éclairantes, exigeantes. Après Alice Desbiolles, spécialiste ès épidémiologie, voici la voie de Barbara, bien loin de Brest, je vous aime (bien vos idées), pourtant ne vous tutoie, n’en déplaise au dispensable et pluvieux Prévert. Si Monsieur Macron incite à la « sédition », ces deux femmes fréquentables savent lui dire non, auprès d’elles, de leurs réponses plurielles, l’inspiration et la respiration (re)puisons, réfléchissons, nous réjouissons. Au cœur des crises, des hantises, de la psychose collective, de la mise en scène obscène, du droit détruit, de l’unité ruinée, de la liberté, de l’égalité, de la fraternité réduites à une ironique devise de fronton, d’occasion, la parole indépendante et refondatrice de Barbara & Alice apparaissent en belles bouffées d’air, à opposer aux acceptées, insensées, misères. Aucun précaire confort, acquis au prix fort, n’écarte la mort. Aucune politique de santé publique ne peut se passer, et disposer, de l’opinion du même nom, de celles et ceux qui la pratiquent. Aucun miracle médicament n’épuise l’épuisement, le ressentiment, et la culpabilité décuplée peut conduire à nuire, à une radicalité déjà programmée pour être sinon actée, du moins instrumentalisée, tour d’écrou de l’infecte fiction mouroir du Pouvoir. Dans les films dits horrifiques, souvent les héroïnes hurlent et cependant dépassent leur peur, survivantes résistantes, attachantes, d’un darwinisme cinématographique en miroir de celui du capitalisme. Sans un instant de sang, violence évitée, intelligence articulée, bifurcation en reflet, Barbara Stiegler élabore une lueur, écarte la terreur, redonne du cœur aux panseurs. Ni Antigone ni Cassandre, elle mérite que tu l’entendes, quitte ensuite à te taire, si sanitaire. 

Commentaires

  1. L'égalité, comme une drôle d'arnaque au profit de la bourgeoisie, je parle de celle qui calcule et gère tout sans état d'âme, donc résultat des courses depuis la pseudo révolution, l'inégalité est en développement exponentiel, le progrès a de ces exigences inhumaines et fort rationnelles
    pour continuer de progresser...
    Laurent Alexandre dans l 'un de ses shows a si bien résumé l'équation, :
    choisi ton camp si tu le peux, celui des augmentés ou celui des inutiles, :
    alors pour que ça se passe sans révolte du peuple, on l'accompagne de manière détournée et on nous fait un de ces cinémas à ce sujet, car ça penche médiatiquement vers le suicide
    (Zemmour et le suicide français et Houellebecq avec anéantir...même upper class avec un costume qui trompe si bien l'ennemi car on ne décrit rien des processus économico-stratégiques de la lame de fond mais que l'écume des choses. ) ça c'est pour la psychologie, tout semble être calculé pour dégager de nouveaux profits, en grillant de nouveaux territoires soit faire baisser le niveau intellectuel des gens et dans la réalité des corps, s'attaquer à l'immunité qui devient de facto artificiellement boostée, moyennant paiement.
    Bernard Stiegler croyait en la technique et il en présentait une forme philosophique qui relevait de la quasi dévotion, en même temps il soutenait la génération Greta, (soutenue par tout un tas de financiers à gros intérêts),
    ce qui était touchant c'est que surtout vers la fin , maladie oblige je ne sais , intuitivement il commençait à sacrément douter...
    "Barbara Stiegler élabore une lueur, écarte la terreur," écrivez-vous,
    tant mieux pour elle et pour ceux et celles qui y croient,
    je crains fort que le dur retour du refoulé et de la basique réalité nous sonne le tocsin ,
    aucun saut qualitatif et quantitatif d'idéologie dominante passant brutalement a un autre paradigme ne s'est fait historiquement sans beaucoup de larmes...
    cher Jean-Pascal, il nous reste à relire L’Apocalypse de Jean dit Livre de la Révélation, ou encore les Pensées de Pascal en attendant le tribunal naturel et ou divin, à chacun sa vérité,
    car on paye toujours l'addition a un moment donné , ce qui ne saurait tarder tant l 'être humain a divagué en exploitant et épuisant à fond les ressources du vivant sur cette planète...

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    Réponses
    1. Révolution bourgeoise : pléonasme.
      Le terme en astronomie ne vaut guère mieux puisque cercle vicieux.
      Se méfier de l’égalitarisme aussi, de la discrimination positive et tutti quanti.
      Le suicide ? Une option possible, une question philosophique à la Camus, bien ou malvenue.
      La crise, surtout celle de la banquise, attise, électrise, yes indeed, de faramineux et programmatiques trafics.
      L’activisme/moralisme à la suédoise, certains le toisent.
      Le doute, citoyen ou cartésien, encore nous appartient.
      Ne demande pas pour qui sonne le glas, oui-da.
      Barbara ne croit à la téléologie, donc à l’eschatologie.
      Peut-être que la justice n’existe, hormis sa mise en scène judiciaire, spectaculaire, presque dérisoire par rapport aux dégâts démontrés ; celle du Ciel ne me concerne.
      Un criminel peut certes somatiser, voir Les Bienveillantes, il peut en outre respirer puis trépasser en paix.
      L’épuisement planétaire miroite celui de ses locataires, nef des fous à bout.
      Jean prédit : « Je pris le petit livre de la main de l’ange, et je l’avalai ; il fut dans ma bouche doux comme du miel, mais quand je l’eus avalé, mes entrailles furent remplies d'amertume ».
      Jean-Pascal (re)dit de ne jamais désespérer, d’exercer sa lucidité, de transmettre le mouvement stimulant de femmes fréquentables et d’hommes aimables.
      Chère Jacqueline, se trouver au bord de l’abîme, au milieu d’un « monde abîmé » (Desbiolles) ne doit conduire à la déprime, davantage à une expérience in situ de toutes nos puissances-ressources intimes.
      Double couche :
      http://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2022/01/de-lautre-cote-du-miroir.html
      Chansons de saison :
      https://www.youtube.com/watch?v=pre8VCCdiX0
      https://www.youtube.com/watch?v=coEG6VFxxHY
      Et merci pour le Minnelli…
      http://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2022/01/vacances-romaines.html

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    2. Les Grands Moyens (1976) pour la musique et l humour noir sous le soleil...
      .https://www.youtube.com/watch?v=QpJtt2kG-cg&list=PLywTchbX65ZmSe16eYNaBLqnKFYx4osu-&index=213

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  2. http://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2022/01/elles-noublient-jamais.html

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