Casino : No Limit

 

Un métrage, une image : Et Dieu… créa la femme (1956)

Trintignant, acte II : dans Trans-Europ-Express (Robbe-Grillet, 1967), il étranglait, obsédé, Marie-France Pisier ; onze ans plus tôt, Bardot mettait le jeunot KO, comme Curd (Jürgens) & Christian (Marquand), le public et le politique, le populaire et l’universitaire, Barhes, pas à Saint-Barth, s’en empare dare-dare. À vite voir cela, une persona déjà là, ludique et pudique nudité acidulée, danse exotique d’éden sudiste, chienchien + lapin taquin de SPA, on peut se demander pourquoi. Fallait-il que la France, ne parlons pas du puritanisme américain, hein, se sente corsetée, surtout au sein du ciné, de sa sexualité, pour réserver pareil accueil au véhicule minuscule de Madame Vadim, lui-même d’ailleurs mari délaissé au profit de Jean-Louis, vie imitant l’art et tutti quanti. Épaulé par le régulier Raoul Lévy, La Vérité (1960) de Clouzot il produisit aussi, conforté par le fric de la Columbia, CinemaScope inclus, muni du pas nullard Armand Thirard, directeur de la photographie tout juste sorti du contemporain Voici le temps des assassins (Duvivier, 1956), Roger se doutait-il qu’il allait s’auto-remaker plus de trente années après, en compagnie de la très appréciée, de moi, en tout cas, Rebecca De Mornay ? Si Et Dieu… créa la femme se souvient du baiser salé, sur le sable mouillé, ensoleillé, de Tant qu’il y aura des hommes (Zinnemann, 1954), s’il anticipe la bronzette suspecte de Lolita (Kubrick, 1962), il se caractérise en sus par ses cadres composés, aux surcadrages, au hasard, de miroirs, déterminés, par une surprenante plongée d’aplomb au-dessus du lit de Juli(ette). La coupure de l’opus, esthétique, économique, montage parallèle entre extérieurs estivaux, intérieurs de studio, parfois au milieu de la même scène, cf. l’apparition, exposition dépourvue d’exhibition, de la bronzée BB, aux cheveux changés, robe rouge ou grise, matérialise de manière symbolique de l’ancien et du nouveau la dialectique, air frais versus parois empoussiérées, applaudissent les Cahiers. Néanmoins, ce mélodrame masculin, orpheline en prime, désormais mythologique, en réalité un brin biblique, Antoine & Michel, Caïn & Abel, Juliette en effet file d’Ève, donc corruptrice, émancipatrice, capitaliste paternaliste, presque père protecteur, un peu incestueux, en coda courageux, à casino illico, ne méritait de susciter un tel scandale, un engouement dément, une légende dorée, à détester ou adorer. Succès de sociologie, inoffensif exercice de cinématographie, à demi réussi, meilleur ennemi du moralisme à moralité conservatrice, Et Dieu… créa la femme assume son sentimentalisme dissimulé en cynisme, affiche des gifles, fi du féminisme, à proximité du pire, sourire séduit, voire de défi, afin d’infuser la fidélité, portraiture une indépendance d’imposture, une tendresse à l’usure, l’accès de lyrisme in extremis de Misraki rendu anecdotique en raison du tragique épique de Delerue aux prises avec le méta Le Mépris (Godard, 1963), pardi. Compas ou pas (L’Homme qui aimait les femmes, Truffaut, 1977), les jambes de Brigitte, sa bouche, ses cuisses, merci mais j’en reste à celles de Cyd Charisse, firent tourner le monde ainsi, bourrique, touristique.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir