Un petit jeu sans conséquence
Un métrage, une image : Trans-Europ-Express (1967)
En 2011, on retrouve le cadavre de
Marie-France Pisier dans une piscine à la Brian Jones & Jacques Deray (La
Piscine,
1969). En 1966, l’actrice aristocratique de bientôt Baisers volés
(Truffaut, 1968), Le Fantôme de la liberté (Buñuel, 1974), Les Sœurs Brontë
(Téchiné, 1979), Le Prix du danger (Boisset, 1982), L’As des as (Oury, idem), Parking (Demy, 1985), L’Œuvre
au noir (Delvaux, 1988), La Note bleue (Żuławski, 1991) ou Le
Temps retrouvé (Ruiz, 1999), dénudée/déguisée en prostituée au prénom à
la Losey (Eva, 1962), succombe à la strangulation du viol-ent client, tué
au tournant, Trintignant. Toutefois ce funeste SM de maternelle, Maîtresse
Catherine en prime, semble fadasse face à l’attirail médical ligotant au lit
une Geneviève Bujold aux prises consenties avec Jeremy (Irons, Faux-semblants,
Cronenberg, 1988). Pourtant, l’épilogue pendant, elle ressuscite in extremis,
souriante Eurydice, enlacée par son assassin complice. Auparavant, l’Elias de
Jean-Louis, ici « dans son propre rôle » aussi, assiste sidéré au
spectacle daté d’une odalisque sur tourniquet, séquence a priori au Crazy (Horse)
tournée. Tout ce bondage d’un autre
âge, en plus pleine page, magazine classé spécialisé parmi L’Express à dissimuler, à
mater, relève ainsi de l’érotisme en série, dérisoire et à destination de la
bonne bourgeoisie, selon (saint) Alain Bernardin, davantage que du mystique
esclavage à la Pauline Réage (Histoire d’O édité en 1954). Quelque
part, au creux d’une gare, au carrefour de La Fête à Henriette (Duvivier, 1962), Alphaville
(Godard, 1965), Le Hasard (Kieślowski, 1987), ce film infime, fantasmatique,
fantomatique, en sourdine humoristique, évidemment méta, train et cinéma, vous
revoilà, se voudrait en sus une traversée réflexive, un art poétique à propos
de récit en replay, de trames
miroitées, de rails qui déraillent, parcourent en parallèle un simulacre
pluriel. Si le narratif parfois nous fatigue, l’argument, ses éléments, ses
développements, ses personnages, ses enfantillages, son message européen, son
moralisme américain, camelote interlope, par ici le sucre cru coke, le ludique anémique du
scénariste/cinéaste mis en abyme emmerde vite, en dépit d’un couple de ciné
impossible à détester. En effet, il ne suffit pas de regards caméra et d’un making-of au carré, embarqué, afin de
philosopher au sujet de l’épuisement du sujet, d’une dramaturgie jugée rassie à
semer, à « gommer », Nouveau Roman d’antan, Nouvelle Vague rétive à
Robbe-Grillet, olé. La Belgique co-productrice se soucia, se courrouça, que du
fric public, a posteriori pédagogique, puisse servir à financer cela, ton onanisme
masculin, garde-le-toi là-bas. Demeurent en définitive Verdi à Anvers, les
caméos rigolos des incontournables Christian Barbier, Daniel Emilfork, Jess
Hahn, le beau boulot du dirlo photo Willy Kurant, collaborateur de Welles (Une
histoire
immortelle, 1968), Gainsbourg (Équateur, 1983), Pialat (Sous
le soleil de Satan, 1987), le montage dynamique de Bob Wade (Les
Amis,
Blain, 1971, moult Michel Lemoine). Jamais subtil, souvent futile, Trans-Europ-Express s’éternise, ne grise, sa muse
immortalise. Sans regret, reste Kraftwerk…
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