Le Dernier Train de Gun Hill : Train de nuit


Suite à sa diffusion par ARTE, retour sur le titre de John Sturges.


Cette belle fable cornélienne sur la masculinité (« Raise him a good man » expire Craig à Matt) dont l’homoérotisme figuratif – ah, ce « gosse » menotté au lit de La Chatte sur un toit brûlant, ces cornes bovines plantées dans le salon de Craig, ce fusil réclamé par Matt, pointé sous la mâchoire de Rick – réjouira les psys cinéphiles, présente en outre un intéressant personnage féminin (attachante Carolyn Jones, future Morticia Adams, revue aussi chez Hooper). Sturges, bien épaulé par le talentueux Charles B. Lang, qui signa le noir et blanc soyeux de L’Aventure de Madame Muir, s’éloigne délibérément de la sécheresse solaire de Zinnemann dans Le train sifflera trois fois, pour se révéler un étonnant coloriste, largement inspiré de Hopper pour la lumière (nuages immenses dans l’Ouest des origines à la Géant) ou l’architecture (certaines des maisons de Gun Hill annoncent celle des Bates chez Hitchcock, lui-même admirateur du peintre), par ailleurs prophétique, puisque l’académie de danse dans Suspiria doit beaucoup au saloon/bordel incendié, avec ses murs rouges et ses tentures vertes.

Notons que Brian G. Hutton, le complice de Rick, se fera connaître en tant que réalisateur pour Eastwood dans sa période wagnérienne (Quand les aigles attaquent et De l’or pour les braves) et que Matt reprend, dix ans plus tard, la réplique de Tom Dunson (Wayne) dans La Rivière rouge : « I am the law », dont se souviendra Stallone pour Judge Dredd... L’impeccable couple Douglas/Quinn module la relation amour/haine de La Vie passionnée de Vincent van Gogh – à quand une diffusion de L’Homme aux colts d’or, grand western gay (pléonasme) parmi d'autres ?

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir