Darkside : Les Contes de la nuit noire : Cuisine et Dépendances
Face obscure, narrations pour mistons ? Plat loupé à l’éventé fumet.
N’importe quel professionnel (de la
profession) l’assurera : un film doit énormément à sa direction de la
photographie et même un ratage surnage au naufrage grâce à l’éclairage. Soignée,
variée, réchauffante et glacée, celle de Robert Draper, surtout actif à la TV,
notamment dans une crypte presque identique, constitue à la fois la meilleure
raison et la plus dérisoire de découvrir hier soir, en retard, au hasard, ce
métrage désespérément sage, dont on se demande (ou pas) encore comment et
pourquoi Michael Cimino le prima à Avoriaz. Au moins Deux yeux maléfiques, son
concurrent direct avec Romero en partage, possédait-il en matière de matou chelou
celui du segment very réussi (et
réflexif) signé Dario Argento, avec Harvey Keitel en Weegee poesque. Le
scénario falot de Michael McDowell, collaborateur de Burton & Selick, ici
associé à George A., adapte Doyle & King à base de momie postale, de chat
infernal, de gargouille sentimentale (issue du bestiaire oriental). Plus connu
pour ses partitions (Creepshow, Le Jour des morts-vivants),
par ailleurs réalisateur d’une dispensable transposition de Barker (Book
of Blood), John Harrison filme avec une absence remarquable de
musicalité, de tempo, de crescendo, les trois sketches ineptes reliés par un ersatz de Hansel et Gretel assaisonné
à la sauce Shéhérazade (des mots pour sauver ma peau de marmot) et délocalisé
en banlieue résidentielle américaine. Comme la nostalgie ne fait (na)guère
partie de notre structure psychique, cinéphilique, tout ceci ennuie vite et se
visionne à la vitesse grand V, en VF datée.
Si je consacre aujourd’hui une
poignée de lignes à ce titre anecdotique, insipide et inoffensif, à côté duquel
les imparfaits Cabal et Terracotta Warrior font bonne figure
(monstrueuse ou moulée), sans parler des autrement réjouissants Frankenhooker,
Henry,
portrait d’un serial killer et Singapore Sling, trio placé dans
l’insomniaque catégorie des séances de minuit sur les cimes immaculées, ensanglantées,
elles visent, outre recommander le travail du DP, à mettre en valeur sa
distribution féminine, tant pis pour la pitoyable pitance de persona offerte à Rae Dawn Chong,
Deborah Harry et Julianne Moore. Qu’elles épousent un artiste tenu au secret,
qu’elles se renseignent sur la cuisson d’un avorton, qu’elles complotent puis
reviennent d’entre les mortes, blessées par un enturbanné, ressuscités par une
malédiction à la con, ces trois femmes, actrices différenciées, méritent le
respect. Les retrouver dans le sillage de leurs apparitions selon New
York, deux heures du matin (ah, ce baiser saphique accordé à Melanie
Griffith), Commando, La Couleur pourpre, Vidéodrome
(ah, cette bouche cathodique, pas très
catholique), ou à leurs débuts ensuite dénigrés, s’avère un petit plaisir à ne
pas dénier ni réduire. En outre, Tales from the Darkside: The Movie,
dénomination à la truelle des origines télévisuelles, comporte de charmants
maquillages d’un autre âge, dus à quatre artistes majeurs disons recyclés en
chômeurs par l’avènement souvent navrant des CGI : Robert Kurtzman, Greg Nicotero,
Howard Berger et Dick Smith. Les contes de fées, on le sait, s’apparentent à
des racontars rassurants défaits par la réalité, plus atroce et impitoyable que
les pires fantasmagories.
À la fin, le bambin livreur de
journaux séquestré survit en bonne orthodoxie psy et fout au four sa marâtre
cannibale, avant de croquer, réjoui, un cookie
en regard caméra. Un sort similaire pourrait s’appliquer à l’opus réchauffé, hors les contributions
d’occasion précitées. Allez, refermons ce livre mort-né afin de chercher ailleurs
l’ivresse de la vie, saisie dans les épouvantables et ravissantes profondeurs
de sa noirceur.
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