Where Is Kyra? : Escrocs mais pas trop


« Trop poli pour être honnête » ? Plutôt colossal et très inepte.


Confirmation de la morose bande-annonce : voici en vérité subjective une merdouille indie et arty dérisoire et risible pour (ex-)star hollywoodienne simulant la pauvreté oscarisable. Emballé en deux semaines, sans doute écrit en deux heures, produit par une collaboratrice de Haynes & Solondz, constamment éclairé en low key, surcadrages symboliques scolaires, décadrages millimétrés à la Mr. Robot, perspectives voyantes à la Billy Wilder, celui de La Garçonnière, score bruitiste inclus, ce pitoyable pensum auteuriste et misérabiliste, à peine digne d’une diffusion sur Netflix, sur fond de fraude à la retraite maternelle, d’usurpation d’identité pragmatique, de perte de portefeuille fatale, ôte ton masque à oxygène, la propre perruque de ta génitrice et dis bonjour à la police qui finit par embarquer itou ton complice, démontre à quel point le cinéma américain contemporain ne vaut rien, dans sa majorité mondialisée, dans sa mercantile hégémonie, hormis une poignée de francs-tireurs célébrés à volonté par votre serviteur, surtout quand il croit conjurer ses camelots de comics. La plaisanterie sinistre se voudrait ainsi à la fois, ne vous esclaffez pas, portrait de femme seule à dimension sociale, drame édifiant adoubé par Sundance, romance sur le retour, Kiefer Sutherland déguisé en aide-soignant méritant, en ancien mari repenti, en amant d’une nuit puis plusieurs, la tête sur les épaules, la main sur le cœur, les cuisses de sa partenaire autour de sa taille, puisque l’on baisouille de cette façon ici aussi. Signalons au nullissime anonyme, pardon, à Monsieur Andrew Dosunmu, qui la commit l’existence du Amour de Haneke, exercice réussi de formalisme gérontophile, et du compatriote Carpenter, peintre inspiré des inégalités de son pays par exemple à l’occasion de Invasion Los Angeles.


Quant à Michelle Pfeiffer, jadis admirable chez De Palma, Donner, Miller, Frears, Kloves, Burton, Scorsese, Nichols, elle peut désormais rivaliser avec Nicole Kidman au titre de momie, voire mommy, de bistouri bruni, elle semble à chaque plan de néant vociférer en silence « Je suis une actrice sérieuse ! », reprise parodique de la poignante réplique de Romy selon Żuławski et L’important c’est d’aimer, pas de se grimer en vieillarde à culotte rose, pas de prendre la pose doloriste. Hélas, heureusement, la crédibilité ne s’achète pas, pas plus que le talent. Où passa le sien ? On n’en sait fichtre rien, on s’en contrefout, on oublie tout.

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