Abgeschnitten : Autopsy


Gêne la neige, virevolte le virus


À Brieuc Le Meur, Breton d’ailleurs

En partie co-produit par la Warner Bros. de Berlin et la Syrreal Entertainment créée par le cinéaste himself, voici donc aujourd’hui un thriller teuton, adaptant un best-seller outre-rhénan, lui-même co-signé par un médecin légiste nommé Michael Tsokos, à base de didactiques autopsies en série et de distrayants rebondissements incessants, capable de caractériser Harlan Coben, spécialiste adoubé par Stephen King, (re)lisez-moi au sujet de The Outsider, de ce petit type d’exercice, course contre la montre plutôt captivante, en définitive anecdotique, comme émule placide de Marguerite Duras. Si la coda démonstrative, démagogique, droitiste – sectionnons donc les doigts du « monstrueux » criminel sexuel, enragé Lars Eidinger, violeur vidéaste increvable, doté d’un gros couteau à la Rambo, gare au bourreau exciseur de clitos, pour qu’il lâche l’hélicoptère, tombe dans les airs, salaud de Lucifer – plaira, n’en doutons pas, aux partisans européens de la peine capitale, par procuration ou point, Christian Alvart se soucie davantage de ciné que de justice, livre à vive allure, délesté de demi-mesure, un divertissement sombre et coloré, beau boulot du DP Jakub Bejnarowicz, une sorte de supertéléfilm climatique, double acception, jamais vraiment préoccupé par la rude réalité, la réelle brutalité, les deuils dévastateurs, les enregistrées horreurs, au sein duquel Jasna Fritzi Bauer & Moritz Bleibtreu, sœur esseulée, harcelée, père séparé, dépassé, forment un estimable tandem au téléphone, un peu téléphoné, certes, cependant digne d’occuper, allez, une dépaysante et refroidissante soirée, à distance et à domicile de la déprimante et isolante actualité, danke.





Destin débuté sur une île nordiste coupée – abgeschnitten selon la langue de Goethe, tout s’explique, verse dans le polysémique – du monde par la « tempête du siècle », la dessinatrice stressée de BD va devoir s’improviser découpeuse (bis) de cadavres devenus sarcophages d’indices à malice, avant que son cellulaire ne coupe (ter) et que le ravisseur de vierges vandalisées, poussées au suicide, Sofia Coppola appréciera ou pas, ne vienne la violenter, la réduire à un silence de cimetière, mince. Au bout du fil, la vie de sa fille ne tient qu’à un fil, le principal expert, je vais t’apprendre en pleine rue à maltraiter un canidé, misère, accusé à cause de sa juste colère, se retrouve sur les nerfs, se voit véhiculé par un étudiant friqué, ouf. Je le précisais supra, loin nous voilà du crève-cœur de Laura Palmer (Twin Peaks: Fire Walk with Me, David Lynch, 1992), malgré le jeu de piste macabre précité, l’Eurydice/Pythie placée sur le seuil du récit et la table d’opération d’introduction, bon. Mâtiné d’humour noir, à des années-lumière de la claire obscurité du désespoir, Abgeschnitten (Christian Alvart, 2018) inclut en sus une capsule d’œuf Kinder, en dépit d’une interdiction locale aux enfants, aux adolescents de moins de seize ans, un long bâton enfoncé dans l’anus d’une juge défunte jugée trop laxiste, quel scatologique laxatif, un lac gelé cadré en plongée, des secours routiers arrivés sept minutes après le viandage volontaire et, last but not least, métrage allemand oblige, un bunker insulaire datant du temps d’Adolf Hitler, mise à jour mémorielle, molto cruelle, voire post-moderne, des cachots déjà sados d’un certain Barbe-Bleue, autre odieux tortionnaire fameux.


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