Les Gens de Mogador

 

Dur à cuire ? Pas dur à (d)écrire…

Orpheline « émotive », « forêt enchantée », prince charmant au rêve « inconvenant » : davantage qu’au roman noir à la Dashiell, on songe à l’homonyme de Radcliffe, d’ailleurs mis en abyme en sourdine et mode moqueur. Si la juvénile Janine, pensionnaire émancipée, rapatriée, d’établissement forcément suisse, de dévergondage ou de subversion hexagonales, aucun risque, vive la neutralité rémunérée, souffre d’une forme de funèbre bovarysme, puisque lectrice avouée, assumée, d’ouvrages « tendancieux », mon Dieu, occultisme de gros sous, de filous, notre Nestor donc croque-mort connaît ses classiques et méconnaît le « nouveau-roman » du temps, réduit à une occupation à la con dépourvue de ponctuation, passons (la gomme m’ordonne Robbe-Grillet, olé). Le détective s’avère aussi, en catimini, cinéphile, c’est-à-dire au courant des alcoolisés agissements d’Orson Welles & Alexandre Astruc, tandem culte. Paru en 1969, érotique année, of course, cf. Gainsbourg, l’avant-dernière des aventures du burné Burma dispose d’autres marqueurs d’époque plus on moins en (s)toc(k), dont l’incontournable Brigitte Bardot, pas seulement avocate des animaux mais en sus droitiste tendance frontiste, ce qui put s’accorder, qui sait, avec certaines idées du tardif Malet, passé d’un anarchisme primitif à un conservatisme subjectif, via un transit par le surréalisme, fichtre. Résumons, tous les chemins ne mènent à Rome ni à Breton, celui de Léo croisa quelquefois le ciné, la BD, la TV. Les détenteurs de téléviseur se souviennent sans doute de Guy Marchand le privé interprétant. Le modèle littéraire, tout autant doux-amer, possède un idem parisianisme complice, ponctué comme il se doit d’éléments autobiographiques, tradition de l’auteur, pensons à des parents perdus ou un toponyme en or, d’accord. Vite lu, vite conçu, ce mélodrame familial de culpabilité enterrée, au propre et au figuré, le clébard Binoclard il convient d’évacuer, à la suite du couple d’entourloupe soudé, dessoudé, sur fond de krach boursier, de titres dérobés, de missions pas si impossibles, de filature financée par des financiers, devrait, aujourd’hui édité, froisser des féminines sensibilités, en raison de son héroïne gentille, un peu imbécile, à l’instar hélas de son rire, souvent en slip, parfois sans soutif, de sa maman mue par la monnaie, maudite Marité, traquenard de Marthe Richard, de la barmaid Maryse, à la poitrine en montgolfière, propice à hypnotiser un Robert, prénom en situation, very vénère, because clebs adopté décédé, je vous renvoie supra, sinon bien sûr le spécialiste Russ Meyer. Peut-être pire, l’enquêteur ne porte dans son cœur la jeunesse germanopratine, ramassis de spécimens « sales, pédés, drogués », de quoi courroucer le lobby LGBT, pas vrai ? Derrière l’argot rigolo presque à la Dard ainsi se dessine l’ombre dite de bête immonde du réactionnaire et antirabbi (Jacob) Céline ? Gentiment misogynes, faussement marxistes, Burma & Malet, créature et créateur en infidèle reflet, ne se soucient de sociologie, de tract, essaient de résoudre un sac d’embrouilles avec tact, y parviennent escortés d’une « flicaille » à la fois corse et corsée, cavalerie climatique de capéo acrobatique. Rapide, drolatique, doté de jardinage et d’une cave macabres, d’un grand Jo à la Lombroso, d’une Hélène d’absence, en vacances, de photos pas que pornos, un conte anecdotique de « fric, sang, sanie » voici… 

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