Message personnel
CD de Circé ? Chiens loin des Deschiens…
Écoute ceci, peuple insensé, et qui n’as
point de cœur ! Ils ont des yeux et ne voient point. Ils ont des oreilles et n’entendent
point.
Jérémie 5 : 21
« Disponible dès le 22 septembre
sur toutes les plateformes de streaming », avis aux aventuriers, Tu
t’appelles
comment comporte donc « 14 titres façon livre audio, collages,
ambiance, philosophie de
la vie et monologues », se décrit en « dialogue entre poésie et
matières », ma chère. La petite Lili, pas celle de Miller, le bienveillant
Brieuc, se répartissent les tâches sans outrages : à la muse insoumise la
« voix » et le « texte », à l’artiste multiple la
« production » et les « arrangements ». Fruit d’une
décennie de « nuits de poésie », de voyages virtuels et réels de la
Germanie vers l’Occitanie, le projet s’apparente à du pudique « strip
tease », la pythie sudiste « d’abord enregistrée à l’insu » de
son plein gré. Fasciné par une « figure hors du temps », séduit selon
un « esprit sensible », Le Meur témoigne ainsi d’une forme affirmée
d’intimité formulée, sa sienne présence constante et cependant quasiment
hors-champ tel un invisible repère en rime à de la partenaire la maladie
oculaire. Il s’agit en définitive d’une « œuvre collective », d’un
écrin électronique au creux duquel se développe, se donne disons à voir et à
écouter, une « véritable voix de cinéma ». On le sait, le peut-être
infidèle Ulysse, en tout cas si l’on en croit le Piccoli du Mépris
(Godard, 1963), ne succombait à la mortelle mélopée des sirènes ; on s’en
souvient, Anna Magnani se morfondait autrefois au bout du fil de l’amant de
déprime (Amore, Rossellini, 1948), une dizaine d’années avant la version
de Demy (Le Bel Indifférent, 1957), itou lecteur de Cocteau. Miss Frikh, jamais mystique, au risque du
programmatique, parfois à la frontière du truisme, apprécie plutôt la philo, se
came à l’émotion, point au pathos, se met en colère contre quelques
« connards » de penseurs des passions, Nietzsche & Descartes,
tous dans le même sac. Sa Machine de compagnie, celle de BLM,
ne désigne un sex toy, le télégramme signe
sentimental, la planète suspecte, cosmopolite, s’intériorise, se redessine sous
le regard renversé, dessillé. Comment peut-on être Persan, mon Dieu, se
demandait le moqueur Montesquieu. La « p’tite » Frikh, ni rose ni
morose, s’interroge au sujet d’autres choses, elle s’approche, se pose,
s’oppose, un peu indispose, elle bouleverse, elle-même bouleversée, lorsqu’elle
évoque l’attachement désintéressé de sa maman dévouée. Tandis que chez LFI,
parmi les médias d’aujourd’hui, la guerre des sexes refait surface et rage,
presque prend la parole en otage, langue sous surveillance, pas touche à ma
bouche, la poétesse dotée de douce hardiesse et le sorcier sonore créent à
l’écart du bazar, marchent ensemble, parviennent à s’entendre, sinon à se
comprendre. Le disque dématérialisé, à déconseiller aux amateurs de mélodies, à
recommander aux connaisseurs de curiosités, carbure en résumé au climat et à l’aura de ces deux-là, femme en flamme et
homme en automne. Après le connu couturier Jean-Claude Vannier, recours de
Gainsbourg, au côté duquel elle concocta autrefois un remarqué Lalala,
Lili s’allie avec un collaborateur de valeur, un impressionniste altruiste, un
expérimentateur joyeux et généreux, qui ne la coupe, qui la découpe, la
dédouble, l’aborde et l’adoube en boucle. Du je au jeu, de la mise à nu à la
rue, du murmure à l’atmosphère, gueule gouailleuse d’Arletty (Hôtel
du Nord, Carné, 1938), sommeil au soleil de Lili, de la souffrance à
l’immanence, il suffit de se laisser traverser via leurs voies parallèles, tendres et cruelles, à rebours des
discours, du désamour et des identités divisées.
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