Devil Inside
Un métrage, une image : The Exorcism of God (2022)
Ainsi depuis, plus je ne suis celui
qui agit, mais le péché qui demeure en moi.
Romains 7 :17
S’il cite le film de Friedkin le
temps d’un plan indeed iconique, en
reprend la paire d’experts, développe l’épilogue, contamination d’occasion,
sacrifice bis, le métrage d’hommage
et d’outrage s’exile de L’Exorciste (1973), aura trauma,
possède, terme en contexte, une sorte de baroque espagnol, se situe au sein
forcément et férocement malsain du désir, propice au pire. Il propose une
réflexion en action, plus rosse que morose, au sujet de la pseudo-sainteté, qui
bien sûr carbure à la culpabilité, élément essentiel de la religion chrétienne.
Non démunie d’ironie, la démonstration des délicieux méfaits du démon s’achève
au Vatican, où le relou père Peter, dépossédé de sa bonté, pas de sa désormais
mauvaise foi, transfuge « héritier » d’une Terre d’âmes en peine
peuplée, s’en va poser la première pierre d’un solaire Enfer, d’un royaume de
maldonne, clin d’œil évident au diabolique Damien devenu presque pupille de président
(La
Malédiction, Donner, 1976). En
dépit d’un prénom a priori provençal, guère infernal, il ne
s’agit ici de baiser Fanny, plutôt de copuler avec l’ensommeillée Magali, forme
de viol indolore, illico en écho à
celui de Parle avec elle (Almodóvar, 2002).
Pénétré au débotté par le pas un brin bienveillant Balban, notre tourmenté curé, épris
en catimini d’une bonne sœur à la voix d’aria, d’ave Maria, la pénètre aussi sec, lui fait fissa une fifille
prénommée Esperanza, enfant du péché au carré, dix-huit ans après retrouvée,
pareillement à sa maman. Le conte construit en boucle bouclée, en replay, situe l’exorcisme dédoublé au
Mexique, pandémonium de presse londonienne et « tiers-monde » de
réplique masochiste. Parmi une prison réservée aux femmes sévit l’infâme,
manière amère de ressusciter une imagerie seventies,
celle du sous-genre du WIP. Fi toutefois de saphisme et de mimi misogynie, car
l’acrobate de la morale en prend pour son grade, crucifié entre charité sincère
et ressassement mortifère, altruisme sympa et dolorisme de mea culpa. Jadis il filma
la défloration de soumission ; aujourd’hui, via la cellulaire technologie, il se confesse auprès d’un évêque
malin, majuscule of course incluse.
Il convient donc d’exorciser Dieu, cf. le titre programmatique et explicite,
puisqu’un seul corps ne saurait supporter la présence épuisante et
l’affrontement effronté de forces a fortiori opposées, meilleures ennemies
de toute éternité, pour les siècles des siècles, amen. Tout ceci ne suffit et un essaim de gamins orphelins, parce
qu’ils le valent bien, esquisse une seconde ligne narrative, pureté en danger,
acte d’Abraham en réclame. Petite coproduction coécrite et coproduite par le
peu prolifique Alejandro Hidalgo et récompensée au spécialisé festival de
Sitges, The Exorcism of God constitue en résumé une variation assez
soignée, au casting solide, autour de
motifs délavés, revisités selon un abus sexuel pas à la truelle et un silence
de souffrance puis de connivence à l’unisson de scandales en série d’actualité
délocalisée. La remarque finale du sermon en réunion sur les « sodomites »
et les « efféminés » effarera ou fera se marrer la cinéphilie gay friendly,
tandis qu’une oreille arrachée ravira le bon Tyson. Certes, ce modeste exercice
d’un « exorcisme d’auteur » frise le risible, surtout pendant ses
parties physiques et acoustiques, pourvues d’un christ satanique et d’une Marie
maléfique. Il séduit pourtant à sa mesure impure, mélange logique d’horrifique
et de mélodramatique, se termine sur une « élue divine », possible
suite et courant combat pas près de s’arrêter là, à maudit « marché »,
damnation sans rédemption…
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