Tout s’est bien passé

 

Un métrage, une image : Sursis pour un vivant (1959)

Le dramaturge à succès ne sait « lu et approuvé » en bas du contrat faustien à fond correctement orthographier, comme le fait remarquer, amusé, à l’alité, à l’hospitalisé, au vrai-faux et en auto suicidé, un émissaire mystère dénommé Thanatos, non pas appellation « de guerre », plutôt « de paix », bien sûr éternelle, d’euthanasie jolie, située en montagne, au milieu des edelweiss, quelle grâce, une pensée pour l’homonyme morceau de La Mélodie du bonheur (Robert Wise, 1965), mon salaud. Sur place, en télébenne, pas de problème, l’anti-héros, curieux, incrédule, rencontre les autres pensionnaires illico, précédés par un chauffeur et serviteur dit de couleur, occasion de répliques presque drolatiques impossibles à prononcer ni à caser au creux de notre moralisée modernité, pseudo-cannibalisme en prime. Un « tireur d’élite » dirige la boutique, check le chèque, accomplit les présentations de saison, de la clique hétéroclite venue vite en finir au-dessus des sommets, sorte de suaire enneigé, mention spéciale au pantin en panoplie, Teuton concon prompt à succomber au son de la mélodie sinistre administrée au piano, sur platine et même à l’harmonica, interphone bonhomme. Rainer Werner Fassbinder affirmait que L’amour est plus froid que la mort (1969), néanmoins celui de la douce Nadia le nouveau venu réchauffe fissa, l’accroche encore, le convainc de s’évader subito et ensemble. Toutefois, fi du havre parisien, revoici le couple en déroute dans le pétrin, avant que l’épilogue un brin brechtien, auparavant un express enlèvement, ne vienne nous donner la clé de la mise en scène au carré, escroquerie délestée de décès assisté en série, silence de la complice à l’insu de son plein gré paraît-il assuré, fusil jeté aux orties, eh oui. Mari de Michèle Morgan, Henri Vidal crèvera, en convalescent, en camé, d’une crise cardiaque au terme de la même année, car la vie imite l’art, ô Wilde Oscar, ô désespoir. Pour l’instant, il incarne un ersatz de Hercule (Poirot), il ressemble aussi au personnage dépressif et friqué de Michael Douglas, auquel le malin, ou point, The Game de David Fincher (1997) redonnait envie de vivre, voire de survivre. La comédie noire commise par un type attentif et anonyme – le Cannois Victor Merenda trois films effacés signa, le Christian-Jaque de La Tulipe noire (1964) assista, voilà, voilà – se suit cependant sans déplaisir, l’adaptation d’André Maurois par Frédéric Dard ne s’apparente à un traquenard, au contraire, rien de mortifère, du mordant, souvent, le casting choral mérite l’estime, surtout envers Ventura, quasi à contre-emploi, un Vernon à l’unisson, la fugace Dawn Addams (Le Diabolique Docteur Mabuse, Fritz Lang, 1960 ou La Tulipe, bis). Chef-d’œuvre à repêcher ? Divertissement de jadis, d’inoffensif modeste délice…             

Commentaires

  1. Ah ce "syndrome de l'imposteur", « Ils ne savent pas qui je suis vraiment. » ...
    allez savoir pourquoi le beau Henri Vidal me fait irrésistiblement penser à René Crevel
    "Après s'être excusé de sa «lettre abominable» à Tota, il résume ce qui est un peu plus qu'un état d'esprit, un art de mal vivre et de savoir l'écrire. Son désespoir, lui dit-il, «ne tient pas seulement au spectacle de ce que je suis, mais aussi au spectacle de ce qu'est le monde. Toi, si je savais te rendre heureuse, je crois que tu serais une chanson faite femme, une jolie chanson dorée. Pour moi, plus convaincu chaque jour de tout ce que tu m'as apporté, de tout ce que je te dois, il me faut bien avouer cependant que nulle présence ne saurait m'arracher à toute l'angoisse qui m'assaille aux rencontres de la vie. J'ai une formule. Je ne te l'ai jamais dite. Je te la cite aujourd'hui : "Pour moi, jamais aucun œil ne sera la gomme à effacer les autres regards."»
    in https://www.liberation.fr/livres/2013/11/20/rene-crevel-au-sommet-de-sa-montagne-magique_955231/

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    1. https://www.franceculture.fr/emissions/le-reveil-culturel/rene-crevel-le-moins-connu-des-artistes-du-groupe-surrealiste

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