Marianne de ma jeunesse

 

Les mains d’Orlac ? La voi(e)x de Dorléac…

La rumeur le murmure, les médias le démontrent : il convient d’éviter Catherine Deneuve, femme infréquentable, fielleuse, « odieuse », de surcroît inconditionnel soutien à son « pote » Polanski, donc à sa « pédophilie », méfiante face à une forme de féminisme en ligne, farouche au sujet du « mariage pour tous ». Cependant les saintes n’existent pas, à part du côté de Calcutta, et encore, elles n’intéressent, elles laissent perplexe, en tout cas l’incontournable Catherine mérite mes quelques lignes magnanimes, voire admiratives. Un chouïa chanteuse, en sourdine diariste, symbole du ciné français, sinon de sa nation, citoyenne signataire, star insubmersible, même malmenée par un humoriste droitiste, Laurent Gerra l’associe à Paris, c’est-à-dire « toujours en travaux », sinistre rigolo, philanthrope pas si interlope, très récompensée, en résumé adulée, détestée, Deneuve s’avère ainsi clivante, qui sait clivée, à l’unisson disons de Delon, co-réalisateur du Choc (Davis, 1982) à chier, il paraît, lui-même victime avant la solide Catherine d’un AVC, vous le saviez. Actrice et non comédienne, tel Alain, de théâtre, point, autodidacte, à l’instar aussi du Flic (1972) mélancolique de Melville, elle se délocalisa idem aux USA (Il était une fois la Légion, Richards, 1977), l’insuccès y connut, on ne l’y reprendra plus. Mise au monde des images par Demy, ses demoiselles jumelles (1967), auparavant ses parapluies d’Algérie (1964), elle naquit en partie au milieu du milieu, elle sut décider, assez vite, de s’émanciper d’une image sage, dommage que le projet avec Hitchcock capote. Tant pis, Cathy se console par avance, sans le savoir, en compagnie de Polanski (Répulsion, 1965), vrai-faux épigone tout sauf à la gomme. Ni conne ni décorative, plus forte que fragile, elle enquille les rôles peu drôles (Belle de jour, Buñuel, Benjamin, Deville, 1967, La Chamade, Cavalier, La Sirène du Mississippi, Truffaut, 1968, Tristana, Buñuel, Peau d’Âne, Demy, 1970), boulimie aux allures d’amnésie, Françoise enfuie, Fabienne se fuit, à la fois ici, en Italie (Touche pas à la femme blanche !, Ferreri, 1974), merci au caro Marcello Mastroianni, aux États-Unis, cf. le vampirisme/saphisme des publicitaires Prédateurs (Tony Scott, 1983). Odette proustienne (Le Temps retrouvé, Ruiz, 1999), ouvrière de von Trier (Dancer in the Dark, 2000), partenaire de Piccoli (Je rentre à la maison, Oliveira, 2001), reine blanche (Hubert, 1990) chez Dahan (Le Petit Poucet, 2001) puis psy chez Desplechin (Rois et Reine, 2004), elle embrasse ardemment Fanny Ardant (femmes, Ozon, 2001), elle participe au Concile de pierre (Nicloux, 2006). Potiche (Ozon, 2010), chiche, Elle s’en va (Bercot, 2013), ça lui va, on la reverra, dans le guère terrible Terrible Jungle (Bénamozig & Caviglioli, 2020). Admiratrice de Michael Mann, Marilyn & Streisand, ambassadrice du luxe façon Saint Laurent & Vuitton, amie de Depardieu, Johnny, Susie (Sarandon), muse de Téchiné, à bas BB, mère d’un Christian (Vadim), d’une Chiara reconnaissable, capable de comédie, Rappeneau & de Broca confirment, Catherine Deneuve demeure vive, neuve, (in)accessible énigme de CV destinée…

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