Angèle

 

Un métrage, une image : Son dernier Noël (1952)

Ni celle, sérielle, de Bruxelles je t’aime, ni la pas « cagole » de Pagnol (Angèle, 1934), Angèle ne verra/vivra jusqu’à Noël, sa mère amère, lucide, vide, qui s’appelle Lucie Vilardi, ne dit merci à la leucémie. Davantage drolatique et moins atomique qu’ensuite L’Arbre de Noël (Terence Young, 1969), Son dernier Noël de Jacques Daniel-Norman s’avère vite, dès le générique explicite, toile d’étoile, un mélodrame, donc, de manière étymologique, un drame musical, doté d’accent sudiste, autant tendre que triste. D’une Corse à l’autre, William Holden s’y baigne, « Tino-Rossi » aussi, nous voici à Nice, au creux d’un quartier désaccordé, solaire, populaire, rempli de types sociologiques, puisque pourvu d’une entraîneuse, d’une épicière, d’une grand-mère, d’un cordonnier, d’un curé, d’un douanier, d’un droguiste, d’un syndicaliste, d’un « flic », d’un électricien, d’un boulanger, d’une masse de « mistons » en réunion, n’omettons le médecin, ses confères, suédois, cela ne va de soi, ses infirmières, sa famille, très compréhensive, le directeur de la radio, celui de la « chaîne de l’espoir », aux présentateurs polyglottes et cosmopolites, même Michel Legrand, en chef d’orchestre sans doute sous excitants. Quatre années après l’improbable La Belle Meunière (Marcel Pagnol, 1948), où il incarnait Franz Schubert, en couleurs, mon cher, Tino Rossi, mis en abyme, maudit magnanime, interprète ici quelques chansons plus ou moins à la con, chanteur irréprochable, acteur estimable. Accusé à tort d’une ancienne mort, proche de l’oncologue, il recroise ainsi Lucie, son amour de jeunesse, désormais adulte en détresse, son amour d’une vie, (re)découverte par votre serviteur de Claude May (La Bandera, Duvivier, 1935), actrice à la beauté aristocratique, maman en larmes souvent. Aux enfants, on leur ment, pas pour rien, pour leur bien, Roberto Benigni dit oui (La vie est belle, 1997), on accélère le calendrier, on s’empresse ensemble de la rue décorer, c’est-à-dire, de la gamine alitée remotiver, le corps et l’esprit réunis contre la maladie. Opus choral plutôt que lacrymal, Son dernier Noël bénéficie du beau boulot du dirlo photo Lucien Joulin, cadreur sur La Charrette fantôme (Duvivier, 1939) puis DP pour Pottier (Le Chanteur de Mexico, 1956) & Demy (Ars, 1959), d’un impeccable casting collectif, composé, je ne peux tous les citer, de Seigner, Delmont, du petit Poujouly, chef de chœur et de cœur d’une « filiale des Petits Chanteurs à la Croix de Bois », Seigneur, de Charlotte Classis & Ketty Kerviel, sorte de moderne Marie Madeleine, trait d’union en option. Conte de Noël, de concorde, de supercherie mimi, de concert mini de Marc Diamani, le métrage de son âge, professionnel, impersonnel, à mettre les mecs de la Nouvelle Vague en rage, qu’eux-mêmes, remplaçants impatients, à leur tour dégagent, ne se préoccupe de Capra, ne succombe au sentimentalisme, esquive le cynisme, moralité de solidarité, de Nativité inversée, de vie à sauver, plus de salut à saluer, tragi-comédie de médias actifs, de soins à domicile, d’entourée, revitalisée, petite fille. Obscène ? Honnête…         

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