Le Sucre
Un métrage, une image : Queimada (1969)
L’ultime mouvement confortera
les tenants du « grand remplacement » : parcourus en panoramique
droite-gauche, sens de lecture symbolique, oriental, asiatique, des Noirs
fixent l’objectif, une détermination en effet farouche affichent, menace sourde
à la Black Panthers & Malcolm X plutôt qu’œcuménisme à la Martin Luther
King & Mandela, voilà. Auparavant, le « martyr » pendu, invaincu,
mythe à la Candyman (Rose, 1992), demandait à son meilleur ennemi,
sentimental, poignardé, surpris, de quelle civilisation (blanche) il
s’agissait, jusqu’à quand allait-elle durer, questions ironiques, prophétiques, aux réponses apportées par le plan précité. Coppola (Apocalypse Now,
1979) relira Conrad, Pontecorvo l’anticipe, le Lean de Lawrence d’Arabie
(1962) revisite, blackface créole incluse,
Salvatori substitué à Guinness, l’amitié à l’homosexualité, les valises du
voyageur provocateur, de banque braqueur, à celles du FLN. Item du temps, Queimada pratique le zoom arrière/avant, la caméra portée, la
longue focale de longue-vue. Communiste, marxiste, cinéaste peu prolifique,
esthète « abject » via
Rivette, Pontecorvo accomplit en Colombie, un brin au Maroc, le troisième volet
de sa tétralogie, voire tératologie, à lui, Kapò (1960), La
Bataille
d’Alger
(1966), Opération Ogre (1979), consacrée comme chacun
sait aux camps de concentration, Riva n’y survivra, à la (dé)colonisation, au
capitalisme, au terrorisme. Queimada carbure au commerce, du
sucre, du sexe, à la spoliation, à la manipulation, à la révolution, à la
répression, accessoirement à la décapitation, à la christianisation, aux
négociations, à l’esclavage, aux visages, aux paysages. Pontecorvo, en
compagnie de Salinas & Arlorio, Morricone, Grimaldi, appréciez la direction
artistique de Gherardi (La dolce vita,
Fellini, 1960), remarquez le caméo de Ghia (Émilie, l’enfant des ténèbres,
Dallamano, 1975), cartographie un vrai-faux pays, île aux allures d’utopie, illustre
in situ, en une sorte de néo-réaliste épopée, la tactique de la terre
brûlée, au propre, au figuré, troque en pragmatique, soumis au marché, sinon à
la mauvaise volonté de United Artists, l’Espagne franquiste contre le Portugal
infinitésimal. Brando, sobre boulot, salaire pas si austère, déjà à bord du Bounty
(Milestone, 1962), meneur de sa mutinerie, Kurtz bientôt, de retour
d’Indochine, en British déprime,
pacifie fissa la guérilla, les villageois, les Antilles au Vietnam en rime,
fait exécuter le président pantin, cohérent destin, essaie de sauver à cheval
la vie de sa créature (im)pure, prisonnier possesseur de supérieure liberté.
Adoré de Kael, détesté de Kezich, Queimada divisa, à présent porté au
pinacle, édité en double version, montage italien ou américain, choisis le
tien. Il s’inscrit au sein d’un sillage précis, celui d’une poétique politique,
d’un spectaculaire, parfois documentaire, doux-amer, cf. disons Les
Camarades
(Monicelli, 1963), Il était une fois la révolution (Leone, 1971). Ni manichéen, ni
serein, certes didactique, en sourdine mélancolique, il constitue un
divertissement intéressant, insuffisant, dont les femmes, dommage, demeurent à
la périphérie, le regard ardent de Márquez vous poursuit…
Commentaires
Enregistrer un commentaire