Les Démons du maïs

 

Caries ou Carrie, porc ou port, soufflé, essoufflé…

À l’association au lion

On se fiche des films, le pop-corn nous importe. La malbouffe des images miroite celle des œsophages. Stupides et sages, nous savons le peu de valeur de ce que nous ingurgitons en réunion, vite avalé, vite évacué. Pour faire passer le goût relou des bouses de blockbusters, leurs budgets insensés, leur durée dilatée, leur moralisme de cynisme, de marchandise merdique, de royaume de camelote, il faut bien au fond s’empiffrer, salir le sol, tu sanglotes, tu rigoles, savourer l’insipidité, la puérilité, l’américanisation assumée, mondialisée, de ces innombrables, interminables et minables super-zéros de super-navets censés sauver le monde immonde, vive la nouvelle normalité, la statue symbolique, à sortilège ésotérique, en sus le féminisme façon Amazone ou Amazon (Wonder Woman, Patty Jenkins, 2017). Il paraît que les plates-formes de streaming vont (devoir) verser trois cents millions d’euros à la « création française », fadasse fadaise, cadeau damné de fin d’année contaminée. Maintenant, munies du sésame sanitaire, comme bientôt sans doute nos petits frères, de l’utérus aussitôt les extraire, afin de leur filer fissa, fi du placenta, une bonne grosse dose du cher Pfizer, amnésie jolie du passif en justice, les amendes à milliards de dollars, on verra ça plus tard, on décide de ne s’en soucier, d’assurer votre santé, votre sécurité très surveillée, les foules en files dociles, en uniforme de chloroforme, remplissent les salles. Luis Buñuel & Salvador Dalí jadis incisaient la rétine (Un chien andalou, 1929), histoire, au rasoir, d’y voir plus clair, chirurgie oculaire suave et sévère, d’entrevoir, aveuglé, révolté, une autre réalité, de se dessiller en majesté, en gros plan épatant, écœurant. À présent, la toile (les toiles) de l’indémodable Spider-Man (: No Way Home, Jon Watts, 2021), adieu à la marginalité, à la mélancolie de mélo dues au duo de Steve Ditko & Stan Lee, salut à la médiocre mythologie selon Sony, adulescent en collant dédoublé/décliné à toutes les sauces rosses et roses, recouvre nos globes, recouvre le globe, nous englobe, nous gobe, plus forte que des fifties le fameux et falot blob ! Ceci ne suffit, voilà les sodas, les sucreries, oh oui. Le cinéma, abus de langage, consentis outrages, cette mélasse de masse, bruyante, lénifiante, un instant nourrissante, devient donc un (im)pur produit d’appel de la vente essentielle, un divertissement infinitésimal, intestinal, oblitérons la Terre, ses éternelles misères, retenons nos sphincters, marinons au creux de l’écran, des excellents excréments, scatologie du mercredi, du samedi, vaffanculo, Marco Ferreri (La Grande Bouffe, 1973). Consommateurs consommés, nous finissons notre festin de fretin à la maison, entre deux numérisées masturbations. Après le passage d’Attila, l’herbe ne repoussait pas ? La séance essorée, il conviendra au quidam assermenté de ramasser mille déchets, les sièges rouges rendus à leur silence, leur liberté, leur vacuité de vaste et matriciel mausolée, solitude osée…

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