Beyond Barry
Caché derrière, à la Voulzy ? Dissimulé dedans, à la Barry…
Des échos des BO de La
Poursuite
impitoyable
(Penn, 1966), Vivre libre (Hill, bis), On ne vit
que
deux
fois
(Gilbert, 1967), Macadam Cowboy (Schlesinger, 1969), La Randonnée (Roeg, 1971), Top
Secret
(Edwards, 1974), King Kong (Guillermin, 1976), Jeux
érotiques
de
nuit
(Vadim, 1980), Quelque part dans le temps (Szwarc, idem), La Fièvre au
corps
(Kasdan, 1981), Frances (Clifford, 1982), Out of Africa (Pollack, 1985), Danse
avec
les
loups
(Costner, 1990), L’Expert (Llosa, 1994), Les Amants du
nouveau
monde
(Joffé, 1995), Enigma (Apted, 2001) se déploient sur ce diptyque physique et
métaphysique, personne ne s’en étonne, essence d’un style, aboutissement
souvent saisissant, autant que testament stimulant. Le post-romantisme assumé du renommé, récompensé,
compositeur/arrangeur parvient à une plénitude inédite, du cinéma, mythologies
mimis, commandes excitantes, mesquinerie, aussi, précisons la suspension-suppression
de la partition pour Howard the Duck (Huyck, 1986), le
refus de se répéter au sujet des Indestructibles (Bird, 1994),
Sylvester Levay & Michael Giacchino s’y collent illico, de manière quasi définitive
s’émancipe, hormis l’hommage, jazz sans
âge, à un célèbre tandem, celui de Fred
&
Cyd,
Astaire & Charisse, de préférence magnifiés par Minnelli (Tous
en
scène,
1953). Familier d’une filmographie étoffée, appréciée, on ne peut pas ne pas
penser aux items précités, pourtant
on se surprend, le temps d’un instant, à se souvenir de Mahler & Ives,
correspondance à distance, d’évidence, de cohérence, car l’auteur majeur essaie
de se dépasser, de se surpasser, avant de trépasser, corps condamné, en clément
sursis, disons d’une décennie, l’esprit s’accomplit, sa sensuelle et
sensorielle spiritualité substituée à la religiosité arithmétique, ésotérique, parfaite,
secrète, de Bach & Pärt. Chef d’un orchestre d’experts, Barry rapproche les
contraires, parle de pré de délice et de tristesse, de premiers pas
puis d’élégie, rime aux aphorismes de Sirk (Le Temps d’aimer
et
le
Temps
de
mourir,
1958) & Friedkin (To Live and Die in L.A., 1985). Il s’affirme
fictionist, relève le défi d’une
musique programmatique, panoramique, narrative, intuitive. Il parcourt les
terres du cœur, chorus de l’aube,
mutisme du monde, nocturne New York, patrie choisie, ou retour chez soi, jour
ralenti, d’illusion bénie, de marche martiale en réminiscence d’enfance.
L’élégance émouvante des vingt-trois thèmes effrontément mélodiques, modestement
magnifiques, leur lumineuse mélancolie, leur sourire en sourdine, leur sincérité
à s’émerveiller, à susciter l’émerveillement, artiste lucide, tout sauf aigri,
conservent plus d’une vingtaine d’années après une douce puissance de présence d’espérance,
prouvent la possibilité d’un mélange entre immanence et transcendance, classicisme
et lyrisme, ici-bas et au-delà. Comme jadis le magicien Murnau associait
expressionnisme et réalisme (Nosferatu le vampire, 1922), autre conte,
tourmenté, de révélé, d’immortalité, Barry vise l’invisible, l’éternité de
l’intériorité, danser avec la réalité uni au nietzschéen danser sa vie, ses
créations telles superbes, très actuelles, insoumissions.
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