The Story of Joanna

 

Terri Hall par Damiano ? Cassidy par Mattei…

La beauté, le talent, tu m’en diras tant, séduisent puis s’épuisent, n’expliquent, plutôt limitent, l’abstraction de l’affection, l’émotion d’une élection. On se dispense donc, avec votre permission, d’énumérer les raisons, bonnes ou non, de la joie que je dois à Joanna. On souligne le plaisir pris à la suivre, de loin, néanmoins, fi de moult items de sa (télé)filmographie fournie, peu nécessaires, peut-être alimentaires. Une actrice qui turbine, working actress, en termes US, ne stresse ni professe, ne raille ni déraille, elle travaille, vaille que vaille. Elle peut pourtant conserver, sans vaine vanité, sans absence de lucidité, sa singularité, sa personnalité, ce familier mystère la rendant, à chaque instant, si chère, si étrangère. En sus signalons la satisfaction à la savoir vivante, vaillante, soixante-seize ans, à présent, important, pas autant : la cinéphilie, assez tissée à la nécrophilie, au risque de l’asphyxie, de l’autarcie, parvient parfois à respirer de l’air frais, cependant enraciné dans les cendres tendres du proche passé. Formée à l’université, fac d’art, mariée, mère dédoublée, divorcée, Joanna débuta via le mannequinat, fit de la figuration, toujours se partagea entre grand et petit écran. Tant pis si Paula Prentiss la remplaça fissa sur le set des Femmes de Stepford (Forbes, 1975), Lynda Carter la déclassa en Wonder Woman de naguère. Du haut de ses sveltes cent soixante-quinze centimètres, jadis rousse, aujourd’hui blonde, jamais démunie d’un pragmatisme magnanime – « You have to work, you have to have your craft. Every job you do, you gain more experience. You never stop learning », je confirme –, Miss Cassidy, barre-toi, Butch (Cassidy et le Kid, Roy Hill, 1969), traversa de sa valeur, de son aura, plusieurs titres à la suite. Citons ainsi Émilie, l’enfant des ténèbres (Dallamano, 1975), Le chat connaît l’assassin (Benton, 1977), Blade Runner (Ridley Scott, 1982), Under Fire (Spottiswoode, 1983), Un vampire à Brooklyn (Craven, 1995), Ghosts of Mars (Carpenter, 2001), The Grudge 2 (Shimizu, 2006), liste subjective, exit l’exhaustif. On la vit aussi, souvent, à la TV, caméos trop multiples pour tous les citer, retenons ses précieuses participations aux Tommyknockers, Stephen King en déprime, à Desperate Housewives, à Esprits criminels, trinité plurielle. Sur son site à la perspective de panégyrique, on la découvre coach, décoratrice d’intérieur, un poil paysagiste, friande de photographies, amoureuse des animaux. On dévide des demo reels, on la visionne au côté de Carson, experte ès patins à roulettes, durant un moment de remerciements, émus à défaut d’émouvants. Davantage étonnant, éloquent, la voici au sein d’un silencieux vrai-faux home movie, digne d’une intime archéologie jolie. Face à Ford, les zélateurs de sa Zhora ne manqueront de consulter la « reptile dance » de Salomé, ressuscitée longtemps après, R. Kelly à la place de Vangelis, voui. Tout ceci existe ici, bientôt s’abolit, la beauté, le talent, tel le reste, reporter ou replicant, destinés au néant. Mais contre le conformisme, le chloroforme, l’écœurement, la mélancolie, il convient d’écouter le rire, la voix, de l’appréciable, accomplie, Joanna Cassidy… 

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